La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, a saisi l'inspection du travail à la suite de faits présumés révélant un profond malaise social au sein du Groupement d'Intérêt Public (GIP) France 2023. Tandis que les clubs du Top 14 et le XV de France brillent au firmament du rugby européen, les procédures à l'encontre de la FFR et désormais du GIP entachent la préparation du rendez-vous mondial de l'Ovalie.
Par Antoine Boudet
C'est un paradoxe incompréhensible pour les non-initiés au monde de l'Ovalie. Rarement dans son histoire le rugby français a autant brillé sur le plan sportif, mais jamais sans doute ses instances dirigeantes n'ont été autant secouées par des affaires.
Quand Montpellier a fêté dans la liesse le premier titre de Champion du Top 14 obtenu en finale contre Castres vendredi, quand deux clubs français, La Rochelle et Lyon, ont été sacrés Champions d'Europe – le premier de la « grande » coupe d'Europe, le second de la « petite » -, quand le XV de France a fait le Grand Chelem au dernier tournoi des six nations et quand enfin nous avons en la personne du demi-de-mêlée de Toulouse Antoine Dupont le meilleur joueur du monde, les enquêtes et procédures se multiplient sur les agissements présumés des dirigeants du rugby français.
Dernières en date, les enquêtes diligentées par la ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, Amélie Oudéa-Castéra, mercredi dernier, à la suite de la publication, le jour même, dans le journal « L'Equipe » des témoignages d'une quinzaine de salariés du Groupement d'Intérêt Public (GIP) France 2023, organisateur de la prochaine Coupe du monde de rugby.
Dans un communiqué, la ministre a annoncé saisir l'inspection du travail et le comité d'éthique du GIP afin de faire toute la lumière sur des faits présumés de harcèlement moral et sur le management décrit comme brutal de Claude Atcher, directeur général du GIP. « La ministre souhaite que les conclusions de ces investigations lui soient transmises le plus rapidement possible », a indiqué le communiqué du ministère.
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La Fédération française de rugby (FFR), qui détient 62 % des droits et obligations du GIP (l'Etat est détenteur de 37 % et le Comité national olympique, 1 %), a, de son côté, annoncé dans un communiqué tardif et laconique le même jour qu'elle « a décidé avec le directeur de France 2023 de convoquer le Comité social et économique afin que soit diligentée dans les meilleurs délais, une enquête sociale. » CSE, qui a été réuni jeudi dernier à 15 heures et qui a acté « la mise en place d'un numéro vert dans les plus brefs délais afin de garantir une remontée des signalements de manière anonyme » et la réalisation d' « un audit social par une expert qualifié indépendant, choisi par les délégués du personnel et financé par le GIP conformément aux dispositions du code du travail », selon un communiqué de France 2023.
Quant à Claude Atcher, directement visé, il affirme dans un entretien aux « Echos » être « satisfait que l'inspection du travail vienne enquêter » et qu'il lui « réservera ses commentaires sur les cas évoqués. »
Tout en reconnaissant « une gestion managériale paternaliste que je peux imaginer ne pas convenir à certains parmi les jeunes que j'ai décidé d'embarquer dans cette aventure pour en faire une nouvelle génération d'experts du sport », sur la situation décrite dans la presse, « ce n'est pas du tout, dit-il, l'impression que j'ai de l'ambiance et du climat social au GIP. »
« Je ne peux pas imaginer que je sois passé à côté d'une telle situation. J'ai de toute façon décidé de consolider tous les dispositifs RH pour renforcer le dialogue social », assure le patron du GIP qui « y voit une cabale visant à me mettre hors-jeu. » Indéniablement fragilisé par ses révélations, et dans l'attente du résultat des enquêtes diligentées qui détermineront son avenir à la tête de France 2023, Claude Atcher peut néanmoins faire valoir que la compétition, qui se déroulera l'année prochaine du 8 septembre au 28 octobre, est mise sur de bons rails avec un budget d'ores et déjà quasiment bouclé .
Antoine Boudet
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