Devenu père d’un petit Gabriel dans la nuit de mardi à mercredi, le centre rochelais a loupé les deux séances à haute intensité du milieu de semaine, ce qui ne l’empêchera pas de débuter au centre samedi, face aux Springboks, aux côtés de Gaël Fickou. « On a géré son cas au jour le jour, observe Fabien Galthié. On a pris le temps de peser le pour et le contre. Il s’avère que Jo a fait les deux premières semaines de préparation avec nous, qu’il a fait quatre-vingt minutes face à l’Australie, qu’il a gratté le dernier ballon sur la dernière possession des Australiens. Derrière, il a pris la voiture pour la Rochelle pour accompagner sa femme pour la naissance de son fils. Depuis deux jours, il accompagne sa compagne. Mais il a pris la décision de nous rejoindre à Marseille pour l’entraînement de veille de match de ce vendredi. J’avais vécu la même chose en 2001. Mon fils est né le lendemain de France-Australie. J’étais alors resté trois jours à Paris puis j’avais rejoint l’équipe à Saint-Etienne pour jouer contre les Fidji. C’est l’histoire d’une famille et d’un père qui voit son premier enfant arriver. Dans ce cas-là, vous avez des forces incroyables, un potentiel décuplé, vous donnez aussi beaucoup de forces à votre équipe. Pour le projet de jeu et les entraînements, on lui a envoyé des documents. Thibaud Giroud lui a aussi envoyé des éléments pour qu’il puisse se préparer physiquement tout seul. Il participera vendredi à la journée de préparation et à la veillée d’armes. »
Pour la première fois, le sélectionneur a choisi de placer deux deuxième-lignes de même profil sur le banc des finisseurs. Un vieil habitué, le Lyonnais Romain Taofifenua, et un nouvel appelé, le Montpelliérain Bastien Chalureau. « Bastien, ce n’est pas par hasard, dit Galthié. C’est un joueur que l’on suit et qui, depuis deux ans à Montpellier, s’est transformé pour prendre une dimension qui lui a permis d’entrer dans ce vestiaire et d’y venir chercher le maillot. Il nous permet de reconstituer un 6-2 (six avants, deux trois-quarts) avec deux deuxième-lignes et donc un cinq de devant et des joueurs capables de reculer d’un cran en troisième-ligne comme Cameron Woki et Thibaud Flament. Ça nous donne des options différentes en fonction de ce qui va se passer. Notre souhait est d’avoir un cinq de devant solide pour commencer et autre solide aussi pour finir le match. La question s’est posée pour repasser en 5-3, mais quand un gars comme Bastien Chalureau se présente, tu sens qu’il est opportun de lui ouvrir la porte. Normalement, avec ce banc, nous sommes armés pour répondre à toutes les problématiques que nous allons avoir et pour en imposer à l’adversaire. Nous avons essayé de constituer une équipe qui puisse garder la main et garder la pression sur l’adversaire. Samedi, c’est nous qui allons tirer les premiers. »
Suspendu juste avant le début du rassemblement, et convoqué à nouveau cette semaine, le pilier gauche rochelais Reda Wardi découvre lui aussi les semaines à Marcoussis. Samedi, il sera sur le banc des finisseurs à la place du Toulonnais Dany Priso. Une promotion qu’il doit à son bon début de saison avec les Maritimes. « Il performe avec La Rochelle, admet Galthié. C’est un joueur qui a joli parcours, comme on les aime. Un gars qui, à force de travail, de détermination et de caractère, s’est taillé un costume XL sur le côté gauche. À ce poste, on a bien sûr Cyril Baille qui est là et qui a confirmé tout le bien qu’on pensait de lui sur cette première rencontre contre l’Australie. On a aussi Jean-Baptiste Gros qui s’est blessé et Dany Priso qui a fait trente bonnes minutes face aux Wallabies. Les entraînements effectués par Reda cette semaine nous ont montré qu’il était prêt à relever ce défi. »
La bonne rentrée de Matthieu Jalibert face à l’Australie n’a pas bouleversé la hiérarchie. C’est bien Romain Ntamack, malgré un manque de rythme et une performance en demi-teinte au Stade de France, qui démarrera face aux Sud-Africains samedi soir. « Jalibert est une option, bien sûr, explique Galthié. Matthieu a fait une très belle rentrée contre l’Australie, il nous a apporté son punch, sa détermination et sa maturité. Il a accompagné l’équipe vers la victoire. Mais Romain a fait le match qu’on attendait de lui. Un match solide, dans un contexte difficile, autant défensivement qu’offensivement. C’était aussi sa reprise. Il a été mieux cette semaine et sera encore mieux samedi soir, comme toute l’équipe. Pour nous, les portes sont ouvertes, comme vous pouvez le voir, mais l’expérience collective et ce qui a été écrit avant par les joueurs comptent aussi beaucoup. Le devoir de mémoire est important. »
Championne du monde en titre, l’Afrique du Sud est la seule équipe majeure que l’équipe de France n’a jamais affrontée sous l’ère Galthié. Les attentes sont forcément énormes. « L’Afrique du Sud, on l’adore, confie le sélectionneur. On la suit depuis la dernière Coupe du monde. On a notamment eu en avant-première un documentaire qui raconte leur histoire, « Chasing the Sun », et lors du premier tournoi (2020), tous les soirs on venait ici dans l’auditorium en regarder deux épisodes. Ils nous ont émus, nous ont fait vibrer. Quelle histoire magnifique que cette équipe qui s’est reconstruite autour de Rassie Erasmus (le sélectionneur) en 2018 et autour de ces hommes qui sont allés chercher un titre mondial que personne ne leur donnait ! Depuis maintenant trois saisons, ils se promènent avec ce titre de champion du monde. Imaginez-vous donc la joie et le bonheur que représente ce défi à Marseille, en France, au mois de novembre. Je connais bien Rassie Erasmus, il m’a reçu quand il était au Munster, et je l’ai affronté quand il jouait avec l’Afrique du Sud. Nous avons un grand respect pour cette sélection, pour ce qu’elle a fait et qu’elle fait encore. Dans notre histoire, nous avons joué l’Angleterre en février 2020, la Nouvelle-Zélande en novembre 2021 et il y a maintenant ce rendez-vous de samedi. Rassie Erasmus a réussi à refaire jouer les Springboks avec leur ADN, avec leurs forces. C’est une équipe qui cherche à avancer quoi qu’il arrive, avec ou sans le ballon. Ils ont une ”rush défense” qui se jette sur l’adversaire de la 1ère à la 80e minute. C’est en partie grâce à ce harcèlement permanent qu’ils ont été champions du monde. Ce sont des magnifiques joueurs de rugby, des magnifiques combattants, mais nous sommes prêts à relever le défi. »