C’était il y a moins de onze mois. Le 20 décembre dernier, sur le compte Twitter de l’Union Bordeaux-Bègles, Laurent Marti officialisait la prolongation de son entraîneur Christophe Urios jusqu’en juin 2025. « Christophe est un homme essentiel dans notre projet de club, expliquait le président de l’UBB. Nous avons des objectifs très ambitieux. Pour les atteindre, l’institution doit s’entourer des meilleurs éléments. »
Les ambitions de Laurent Marti n’ont pas changé. En revanche, son opinion sur la capacité de Christophe Urios à mener le club vers ces objectifs a évolué et le président de l’UBB réfléchit à la possibilité…
Les ambitions de Laurent Marti n’ont pas changé. En revanche, son opinion sur la capacité de Christophe Urios à mener le club vers ces objectifs a évolué et le président de l’UBB réfléchit à la possibilité d’une séparation anticipée.
Les doutes de Laurent Marti ne datent pas de la piteuse défaite de l’UBB à Pau (33-7) dimanche. Elle n’a sans doute fait que confirmer son inquiétude. Après dix journées, le club girondin pointe à la 11e place et réalise son plus mauvais début de saison depuis que Christophe Urios en a pris les commandes au niveau sportif.
À la mi-octobre, Laurent Marti a fait part de son insatisfaction à son entraîneur lors d’un rendez-vous formel. Mais en fait, les difficultés de l’UBB sont bien antérieures à la reprise du championnat. Si l’on doit identifier un moment charnière, il faut revenir bien plus loin en arrière, à la période du tournoi des Six-Nations 2022 lorsque l’équipe girondine, qui faisait la course en tête, a peu à peu décroché.
Le bilan depuis le mois de février est éloquent : l’UBB a remporté 8 matches seulement pour 1 nul et 13 défaites. Son rythme de croisière est plus celui d’une équipe en lutte pour le maintien. Au printemps dernier, cet affaissement des résultats avait généré un premier épisode de crise aiguë entre Christophe Urios et ses joueurs la semaine précédant le barrage contre le Racing 92. Et si l’UBB était parvenue en demi-finale, elle avait donné l’image d’une formation sans ressort contre Montpellier.
Durant ce conflit, l’attention s’était focalisée sur les cas de Matthieu Jalibert et Cameron Woki que Christophe Urios avait ciblés dans ses critiques. Mais c’est tout le « vestiaire » qui avait fait bloc contre son entraîneur. « Je me suis mis les joueurs à dos. C’est la première fois que ça m’arrive. Ils étaient tous contre moi pour aller à la guerre », avait-il admis après la qualification pour les demi-finales.
Depuis, Cameron Woki est parti au Racing 92, Matthieu Jalibert a toujours des envies d’ailleurs et derrière la réconciliation de façade, on peut se demander si les mots et la méthode de Christophe Urios portent encore auprès d’un groupe de joueurs qui a perdu des éléments importants (Seuteni, Paiva) et dont les cadres sont vieillissants.
Aujourd’hui, la dynamique qui animait l’UBB depuis l’arrivée de Christophe Urios est enrayée. Peut-elle être relancée ? Ou, comme à Castres (2015-2019), cet entraîneur très égocentré est-il arrivé en bout de cycle ? C’est le dilemme que Laurent Marti va devoir trancher.
Il serait injuste de faire porter la responsabilité des problèmes actuels de l’UBB au seul Christophe Urios. En fait, c’est le couple président-entraîneur qui est bancal depuis trop longtemps. Les relations entre les deux hommes se sont distendues dès le printemps 2021, avant même la demi-finale perdue contre Toulouse à Lille. Les griefs de Marti contre Urios sont nombreux. En privé, il s’est souvent ouvert auprès de proches de son agacement vis-à-vis d’un manager qui consacre beaucoup de temps à ses activités annexes (vin, séminaires, RMC) et un peu moins à son recrutement.
Pourquoi, alors, lui a-t-il fait signer une prolongation de contrat il y a moins d’un an ? Parce qu’Urios lui réclamait de la visibilité à long terme. Laurent Marti a donc choisi la solution la plus simple à un moment où le bilan sportif de Christophe Urios était inattaquable avec des demi-finales de Coupe d’Europe et de Championnat, une première dans l’histoire de l’UBB. Aujourd’hui, Marti réfléchit à une alternative.
Des CV d’entraîneurs sont arrivés sur le bureau du président de l’UBB. Celui de Vern Cotter, l’ancien coach de Clermont et Montpellier. Celui de Greg Townsend, l’entraîneur de l’Écosse.
Mais la piste privilégiée par Laurent Marti est celle de Yannick Bru. L’ancien entraîneur de Bayonne et des avants du XV de France travaille avec la franchise sud africaine des Sharks cette saison. De retour en France pendant la trêve internationale, Bru a été reçu mardi par Laurent Marti. Dans le projet présenté par l’ancien talonneur de Toulouse, figure Thibault Giroud, le directeur de la performance de l’équipe de France.
Une association Bru – Giroud est séduisante sur le papier. Elle plaît à Laurent Marti. Mais il va devoir se décider rapidement. D’autres clubs (Brive, Montpellier) ont des vues sur Bru et un nouveau contrat l’attend en Afrique du Sud.
Du côté de l’UBB, les semaines à venir ne vont pas être faciles à gérer. Si Laurent Marti précipite la rupture avec Christophe Urios, qui dirigera l’équipe jusqu’à la fin de la saison ? Au-delà de l’aspect financier, il est peu probable qu’un modus vivendi puisse être trouvé entre deux hommes qui n’ont plus d’affinités.
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