Cela peut paraître anecdotique par rapport à la quête dans laquelle les Bleus sont lancés à un an de la Coupe du monde. Mais en battant l’Australie, et en arrachant sur le fil une 11e victoire consécutive, ce XV de France a battu un vieux record qui datait des années 30. Une époque où leur prédécesseur, un temps mis au ban par les nations britanniques, avait notamment bâti leur série grâce à huit succès face à l’Allemagne nazie.
« Les chiffres sont là. À notre niveau, gagner des matchs, c’est notre mission, a déclaré le sélectionneur Fabien Galthié. Les scénarios sont différents mais être en capacité de gagner onze matches consécutifs, ça nous rend très fiers, très heureux de ce que donnent les joueurs. Notre travail est récompensé. Ça nous donne la confiance, ça valide nos choix depuis le début de ce mandat. »
Avant cette rencontre, les Wallabies tapaient en moyenne 19 coups de pied par match. Un chiffre modeste par rapport aux standards ayant cours sur la scène internationale à l’heure du règne du jeu de dépossession. Hier soir au Stade de France, les hommes de Dave Rennie ont pourtant rehaussé nettement le curseur en y ayant recours à 30 reprises. C’est toujours moins que les Bleus (36), mais ça veut dire beaucoup de la manière dont ils ont abordé stratégiquement le rendez-vous.
Les Wallabies l’ont reconnu, ils ont pris soin de ne pas se découvrir pour ne pas offrir trop de ballons de turn-over aux coéquipiers d’Antoine Dupont.
« On avait vu à la vidéo qu’ils tapaient moins au pied que ce qu’ils ont fait ce soir et qu’ils n’étaient pas trop bien placés sur le troisième rideau, a observé l’arrière tricolore Thomas Ramos. Or, ce soir, ça a été chez eux une très grande force. Ils étaient toujours très bien placés, ils ont eu un jeu au pied de qualité, donc ils nous ont mis en difficulté quelques fois. Et nous, on a e du mal à trouver des espaces. Ils étaient trois derrière et on ne s’y attendait pas non plus. On avait vu à la vidéo qu’ils se retrouvaient plutôt à deux voire même à un seul joueur. »
L’ailier supersonique… On a beau connaître la vitesse de l’ailier clermont, l’effet visuel est toujours saisissant. Son déboulé le long de la ligne de touche, après qu’il a été décalé par une belle inspiration de Matthieu Jalibert, a figé les défenseurs australiens avant de faire basculer le sort de la rencontre.
⌚ They left it late, but France saved their best till last with a stunning @PenaudD winner in Paris 🔥@breitling #MissionAccomplished #Breitling pic.twitter.com/gH8o7Qx8VQ
Mais il n’a pas que sur les terrains que le Clermontois affole les compteurs. Samedi soir, il a inscrit son 19e essai en Bleus. Mais surtout le 14e depuis le début du mandat de Fabien Galthié. Un laps de temps durant lequel il a disputé 18 rencontres. Ce qui donne une moyenne de 1,3 essai par match….
Trois choix de composition illustraient avant cette rencontre la volonté de continuité de Fabien Galthié. Les titularisations du pilier gauche Cyril Baille et de l’ouvreur Romain Ntamack, deux joueurs cadres depuis le début de son mandat tout juste de retour de blessure, ainsi que le maintien de Cameron Woki en deuxième ligne en dépit de performance en retrait depuis qu’il a rejoint le Racing.
Alors, paris gagnés ? Le résultat « valide nos choix », a déclaré le sélectionneur. On peut toutefois se montrer plus mesuré dans l’analyse. S’il a « explosé » face à Tupou sur la première mêlée, Cyril Baille a ensuite déployé une belle activité. « Ça a été : les 10-15 premières minutes ont été compliquées, pour retrouver le rythme, mais dans l’ensemble ça s’est plutôt bien passé », a-t-il observé.
L’affaire a été plus délicate concernant Romain Ntamack et Cameron Woki. Sobre comme à son habitude, l’ouvreur n’a pas pesé sur les événements. Et le deuxième ligne, avec seulement cinq ballons portés et trois plaquages, est apparu un ton en-dessous par rapport à ses coéquipiers.
Un an après avoir triomphé des All Blacks lors de la tournée 2021, les Bleus vont être opposés samedi prochain à Marseille (21h) à une autre nation majeure de la planète rugby : l’Afrique du Sud, championne du monde en titre. Battus de justesse samedi en Irlande, les Springboks représentent un test de densité extrême. Mais c’est aussi la seule nation de premier plan que les coéquipiers d’Antoine Dupont n’ont pas affronté (et battu donc) depuis le début du mandat de Fabien Galthié.