Discret mais bavard au moment de parler de son travail, Barry Maddocks guide la barque des trois-quarts du BO depuis deux saisons. Après une défaite frustrante à domicile contre Agen (15-18) la semaine dernière, la nouvelle réception de Colomiers (ce vendredi, 21 heures) offre l’opportunité de découvrir l’artisan du jeu de mouvement biarrot. Une fois la conversation lancée, assis dans les gradins d’Aguilera, la barrière de la langue laisse vite place à une personnalité ouverte, avide de défis et au service de l’accompagnement de ses joueurs. La pointe d’humour anglo-saxon qui va avec.
« Je viens de l’école des Scarlets (province galloise fondée en 2003 par la réunion des clubs de Llanelli RFC et des clubs locaux NDLR), où il était presque interdit de jouer au pied. Il fallait tout jouer à la main. J’ai donc grandi dans ce goût du jeu de passes, de conservation et de déplacement du ballon. Je suis donc bien tombé ici parce que le jeu fait partie de l’histoire et de l’ADN de ce club. Mais dans le rugby professionnel, tu te dois aussi de gagner, comme nous l’avons fait à Montauban. J’ai beaucoup aimé ce que j’ai vu contre Agen (défaite 15-18) par le rythme, les nombreuses opportunités que nous nous sommes créées et le but est donc de continuer dans cette voie. Il faut maintenant mieux trouver l’équilibre dans la gestion, quand savoir garder ou taper au pied. Mon travail est que les joueurs aient confiance en leur jeu et de les accompagner afin qu’ils soient la meilleure version d’eux-mêmes ». La saison est longue et je suis persuadé qu’une fois qu’ils maîtriseront ces différentes formes de jeu, ça fera la différence à la fin de la saison ».
« Après avoir joué, j’ai commencé par entraîner les jeunes de 7 à 18 ans au sein de la fédération galloise pendant sept ans. Puis j’ai pris les trois-quarts d’Hartpury, l’académie étroitement liée au club de Gloucester au sein de laquelle j’ai participé à la création de la première filière féminine d’Angleterre. Des joueurs comme le demi de mêlée des wasps et international anglais, Dan Robson, l’ouvreur international irlandais, Billy Burns ou encore la troisième ligne centre de l’équipe féminine d’Angleterre, Alex Matthews en sont issus. J’ai aussi dirigé l’équipe d’Angleterre de rugby à sept féminin et masculin, avant de revenir à XV à l’académie de Bath. J’ai aussi été coach des trois-quarts et de l’attaque des Dragons puis je suis arrivé pour ce même rôle à Biarritz. Avoir notamment entraîné des féminines, m’aide aujourd’hui dans la préparation des séances à travailler précisément l’utilité et les bénéfices de chaque exercice car elles sont beaucoup plus demandeuses d’explications que les masculins ».
« J’avais signé pour la Pro D2 mais le club est monté et je me suis dit qu’il y allait avoir du boulot. Mais l’expérience a été très enrichissante d’affronter des grosses équipes avec des joueurs de haut niveau et internationaux. Le jeu est tout aussi physique mais ça va plus vite. Les erreurs commises en Pro D2 peuvent donc être rattrapées, beaucoup moins en Top 14 où tu es sous pression tout le temps. Il y a aussi plus de bus cette saison ! »
(Il sourit et réfléchit) « Il y a beaucoup de blessures et être contraint de faire jouer certains joueurs à d’autres postes que les leurs n’est pas forcément agréable. Nous sommes un peu comme ça (il met sa main dans sa poche et la retourne vide) ! C’est aussi des joueurs très jeunes, dont l’enthousiasme fait du bien à l’équipe mais j’aurais aimé avoir un peu plus d’expérience à certains postes. La concurrence est aussi primordiale. Par exemple, pour la charnière, ceux du début de saison n’ont pas fait de mauvais matchs mais il manquait quelque chose. Le passage de Baptiste Germain en 10 est un coup de dés qui marche bien pour l’instant et il faut laisser un peu de temps à Tyler (Morgan) pour digérer le changement d’environnement et prendre confiance afin de voir ses qualités d’attaque. À l’arrière, Romain (Lonca) et Joe (Jonas) ont des profils très différents avec un magnifique jeu au pied et de l’expérience pour Romain quand Joe amène un gros danger dans les défenses dès qu’il a le ballon ».
« Je me suis assez vite « francisé » ! Je ne voulais pas arriver et tout faire à l’anglo-saxonne. Par petites touches peut-être mais pas plus. Les longues expériences de Shaun (Sowerby) et Matthew (Clarkin) dans le championnat français font qu’ils sont aussi habitués à la culture et je me suis vite adapté. J’étais justement à la recherche de ce nouveau challenge et de cette découverte culturelle et sportive. Pour l’instant ma famille est restée au Pays de Galles comme depuis que j’entraîne. Ma femme et mes enfants viennent à toutes les vacances et adorent le coin. La question qu’il me rejoigne se posera sûrement si je continue d’entraîner en France ».

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