On dit que le rebond sourit aux arrières de talent – cf le maestro Serge Blanco. Dans son style, Paul Couet-Lannes n’a pas manqué d’adresse, lui non plus, pour passer du numéro 15 en Top 14 (au Biarritz Olympique) et Pro D2 (au Stade Montois) à la première ligne, comme directeur du site bordelais qui accueillera cinq rencontres (1) de la prochaine Coupe du monde en France, du 8 septembre au 28 octobre 2023.
Le cheminement n’a pourtant pas été simple pour le Béarnais qui a passé son enfance à Jurançon, pas loin de Ribarrouy, le fief familial. Avant de réussir sa reconversion, Paul Couet-Lannes a dû faire le deuil de sa carrière de sportif, dès l’âge de 28 ans. L’histoire assez classique du rugbyman hyper doué, qui n’a jamais vraiment pu se relever d’une double blessure…
Le cheminement n’a pourtant pas été simple pour le Béarnais qui a passé son enfance à Jurançon, pas loin de Ribarrouy, le fief familial. Avant de réussir sa reconversion, Paul Couet-Lannes a dû faire le deuil de sa carrière de sportif, dès l’âge de 28 ans. L’histoire assez classique du rugbyman hyper doué, qui n’a jamais vraiment pu se relever d’une double blessure à un genou (rupture des ligaments croisés et rechute) qui l’a éloigné des terrains pendant près de deux années, à 18 ans.
Jusque-là, tout se déroulait comme dans un rêve pour Paul Couet-Lannes. Encouragé par ses parents – qui se sont eux-mêmes connus sur les canchas de pelote basque – à se construire une culture éclectique du sport (judo, athlétisme avec une préférence pour les épreuves combinées), il est vite rattrapé par l’atavisme familial : son oncle Hervé était joueur à la Section Paloise dans les années 1980. « Le rugby, c’est une religion dans la famille, j’ai été bercé par le ballon ovale. Quand le sport études du lycée Cassin à Bayonne m’a appelé à 15 ans, j’ai stoppé tous les autres sports ».
Ses parents le suivent sur la Côte basque, où il choisit plutôt le Biarritz Olympique que l’Aviron Bayonnais (« j’avais plus de copains d’un côté que de l’autre en sélection départementale »). Là-bas, comme beaucoup, il est marqué par l’éducation de « monsieur Pierre Pérez », l’actuel responsable de la formation à la Section Paloise alors à la tête du pôle Espoirs de l’établissement scolaire bayonnais. « Un monsieur dans tous les sens du terme, insiste Paul Couet-Lannes. Avec lui, sans bonne note à l’école, pas d’entraînement. Il nous a appris l’importance de se dépasser, de l’hygiène de vie, de la musculation,… En trois ans, il m’en a fait gagner dix ».
Sur le terrain, Paul Couet-Lannes est nettement au-dessus du lot. « Je l’ai connu dès les cadets dans l’équipe de mon fils. Très franchement, pour moi, c’était la future star du rugby français », pose Patrice Lagisquet qui l’entraînera plus tard au BO. « Je n’avais jamais vu un joueur de 15-16 ans avec autant de talent. Il dominait physiquement et techniquement, avec des appuis, le pied et les mains ».
Sélectionné dans toutes les équipes de France de jeunes, il débute chez les pros à 18 ans et 3 mois. « Jean-Michel Gonzalez, l’entraîneur des Espoirs, m’appelle un midi : « Romain Cabannes est incertain, jeudi tu vas avec la première ». On devait faire les patates à Garlin, on a tout annulé (rire) ».
Le samedi, il entre pour les trois dernières minutes contre Toulon « face à Tana Umaga ». Son destin de « nouveau Nicolas Brusque », son idole de Pau à Biarritz avec qui il partage le profil d’arrière relanceur et un gabarit élancé (1,87 m contre 1,89 m pour l’aîné), semble tracé. « C’était un rêve de jouer avec lui et les Traille, Harinordoquy, je me suis régalé, c’était les années plaisir ».
L’emploi du temps surchargé entre les semaines au Centre national du rugby à Marcoussis, les week-ends chez les pros au BO et les sélections ? Ou simple malchance ? Paul Couet-Lannes se blesse gravement à un genou, rechute au même endroit. Il « profite » de la longue convalescence pour poursuivre des études qu’il n’avait jamais vraiment lâchées. Il fait bien, la suite de sa carrière se déroule en pente douce, au BO relégué en Pro D2 puis à Mont-de-Marsan où le manager de l’époque Christophe Laussucq le fait très peu jouer. En 2018, c’est le temps des questions. « Le chômage, pas trop de visibilité sur la suite. Heureusement, le rugby m’avait vite fait grandir, j’étais entré tôt dans ma vie d’adulte ».
Après une dernière tentative à Anglet, en Fédérale 1, où il passe « (sa) meilleure saison sur le terrain » au centre, aux côtés de Sébastien Fauqué (39 ans), il doit faire le deuil de sa carrière au plus haut niveau. « C’était très dur. Après dix ans à côtoyer les pros, à vivre dans une bulle, ça s’arrête et il faut reprendre une vie normale », souligne-t-il.
Heureusement, il est déjà armé pour la suite : bac STMG à Bayonne, un BTS management des unités commerciales durant son année à Marcoussis, une licence manager de centre de profit à l’école Toulouse Business School et un master de business orienté vers le management, qui l’a toujours attiré. Il bosse un peu dans l’événementiel avec son épouse Chloé à Bordeaux quand, sur les conseils de Provale (le syndicat des joueurs de rugby pros), il postule pour un poste de directeur de site de la Coupe du monde 2023. Et le 20 octobre 2020, le voilà désigné pour Bordeaux !
Il mesure sa chance («je vais bosser tous les jours avec la banane ») car le boulot est passionnant : « Organiser et ‘‘livrer’’ les cinq matchs au Matmut, gérer les camps de base, organiser le ‘‘village rugby’’ (la zone où les supporters pourront se regrouper, NDLR), coordonner les arrivées des joueurs et du public, aller à la rencontre des collectivités, de l’Université, des entreprises et de la Ligue de Nouvelle-Aquitaine… Tout un écosystème est concerné », énumère-t-il.
À l’approche de la compétition, la tension augmentera forcément, à la mesure de ses responsabilités. « Si ça se passe mal, c’est de ta faute. C’est un stress que j’ai connu comme sportif de haut niveau mais là, ce sera décuplé : cinq matchs plein gaz, un mois à haute intensité ». Lui se voit comme un troisième ligne aile discret mais efficace. « Qu’on ne sache pas qui ni comment mais que le boulot soit fait ».
Et puis, Paul Couet-Lannes le sait, un grand vide le guette au soir du 30 septembre 2023. « La directrice du tournoi Martine Nemecek nous a déjà dit de nous préparer à la suite. Dans ma malchance de rugbyman, j’ai eu la chance de pouvoir profiter de ce rebond ultra-favorable et de vivre cette expérience unique ». Presque comme s’il était encore sur le terrain de rugby.
(1) Irlande – Roumanie le 9 septembre, Pays de Galles – Fidji le 10, Samoa – Chili le 16, Afrique du Sud – Roumanie le 17, Fidji – Géorgie le 30.

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