Le Stade Français évoluera toujours la saison prochaine en Top 14. Malgré sa place de lanterne rouge, il a été maintenu grâce à l’absence de relégation à la suite de la décision d’arrêter le championnat en raison de la crise liée au coronavirus. Mais dans quelles conditions repartira-t-il?
Avec d’autres dirigeants, son directeur général Thomas Lombard a exprimé ses inquiétudes lors d’une visioconférence avec Roxana Maracineanu, ministre des Sports, en fin de semaine dernière. En attendant un éventuel coup de pouce de l’Etat, le dirigeant parisien de 44 ans a accepté d’entrer dans le détail concernant le budget de son club pour mieux comprendre l’impact de la crise sur son sport. Tout en tirant la sonnette d’alarme.
Avez-vous déjà chiffré la baisse de budget du club qui s’élevait à 40,2 millions d’euros cette saison ?
THOMAS LOMBARD. Plus de 20 %. Même si on n’est pas en capacité de se projeter. On passe d’ailleurs notre temps à établir de nouveaux budgets : avec une activité normale en septembre puis avec des jauges limitées dans le stade. Aujourd’hui, on envisage plutôt le scénario catastrophe avec des stades à huis clos.
Sur quoi reposent vos recettes ?
Elles sont principalement liées à la billetterie, les droits télés, le merchandising et le partenariat.
Le sponsoring représente-il 50 % de votre budget ?
Non, mais on imagine qu’il sera le plus impacté. Il y a aussi la question des abonnements. On a plus de 4 000 abonnés ce qui représente quand même de l’argent. Et, à partir du moment où on ne peut pas leur dire comment va se dérouler la saison prochaine
Quelle part constituent les droits télés (attribués à Canal + pour 97 millions d’euros en moyenne par saison, de 2019 à 2023) ?
Dans notre budget, c’est moins de 20 %. Les clubs ne perçoivent pas le même montant. Un minimum de 3 millions d’euros est garanti mais il y a tout un tas de paramètres qui entrent en ligne de compte comme le nombre de retransmission des matchs, le classement, l’image…
Le Stade Français a signé une convention d’occupation du domaine public (CODP) avec la Mairie de Paris pour 10 ans cet été afin de gérer le stade Jean-Bouin. C’est également une manne financière pour le club…
Mais cela a également un coût, plus important que celui de la location seule. Et il faut des rentrées pour trouver l’équilibre. Quand elles sont impactées par la crise qu’on traverse, je peux vous dire que la perte est très importante. Séminaire, congrès, opérations dans les salons du stade, spectacles… Tout est à l’arrêt mais les coûts de la CODP existent toujours.
Qu’en est-il des charges ?
Il y a les coûts d’exploitation de Jean-Bouin, des déplacements, ceux liés au secteur médical, et d’autres annexes. Mais le poste le plus important est la masse salariale chargée. Elle représente plus de 60 % pour l’ensemble du club.
La baisse des salaires est-elle inéluctable ?
A partir du moment où le poste des salaires est ce qu’il est, l’effort doit être général. Ce ne sont pas aux salariés de tout supporter mais on est dans une logique de sauvegarde de l’emploi.
Où en êtes-vous de vos discussions avec les joueurs sur l’aspect financier ?
On n’a pas entamé de négociation. Une recommandation a été faite par la DNACG (31 % de baisse des salaires pour les clubs de Top 14), des réflexions sont en cours. Je pense qu’il faut un temps pour que les joueurs puissent intégrer ce qu’il s’est passé, et réfléchir. On entamera ensuite des discussions de visu car ce n’est pas simple de discuter de sujets aussi importants que ceux-là par vidéoconférence.
Le Stade Français sera-t-il moins impacté que d’autres clubs grâce à son propriétaire milliardaire Hans-Peter Wild ?
Pourquoi? Peut-être que sa capacité de résistance ne sera pas la même, mais il sera impacté de la même manière que tous les autres clubs du Top 14. A un moment, il faut bien que l’argent vienne de quelque part. Au rugby, on ne perçoit pas les droits télé du foot. On est sur une économie réelle, basée sur des stades qui se remplissent, des gens qui consomment, des partenaires qui apportent des subsides pour le fonctionnement du club… Mais on voit la vulnérabilité de ce système en l’espace de trois mois. On est passé d’une situation a priori normale à une situation d’alerte absolue. Depuis le 1er mars, on n’a plus aucune rentrée. On bénéficie certes des aides du gouvernement, avec des mesures de chômage partiel jusqu’au 30 juin, mais elles ne nous exonèrent pas de compléments de salaires pour les clubs à la masse salariale importante. Très vite, on va avoir mangé le peu de trésorerie qui restait et on sera en survie.
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