INTERVIEW. L’équipe de France parlementaire de football doit disputer un match caritatif mercredi soir, au profit de l’Association E-enfance, qui lutte contre le harcèlement scolaire et le harcèlement en ligne. Mais les joueurs issus de La France insoumise et du Parti Socialiste ont refusé de jouer aux côtés de ceux du Rassemblement national. Karl Olive, député Renaissance des Yvelines et co-capitaine de l’équipe, condamne cette décision des députés de gauche.
Ce n’est pas encore la rentrée pour les députés, mais pour l’équipe de France de football parlementaire, ce mercredi soir doit être l’ouverture de la saison. Cette équipe, composée d’une quarantaine de députés, ouverte à toutes et tous depuis sa création en 2014 pour « donner une autre image de la politique », compte de la plupart des groupes politiques qui siège au Palais Bourbon. On aurait donc pu voir un but d’Antoine Léaument de la France Insoumise, sur une passe décisive de Marc Le Fur des Républicains, ou des échanges entre Julien Odoul du Rassemblement National et Pascale Boyer de Renaissance. Mais mardi, les députés de La France Insoumise puis leurs collègues socialistes ont fait savoir qu’ils ne participeraient pas à la rencontre. Ils dénoncent le match comme étant un « objet de la récupération politique visant à affirmer la prétendue normalisation » du parti d’extrême-droite.
Vous êtes un habitué de ce genre de rencontre, vous aviez notamment invité Emmanuel Macron à jouer avec le Variétés Club de France à Possy, en octobre dernier…
Je dispute avec le Variétés Club de France ce type de rencontre, contre l’équipe parlementaire notamment, depuis 14 ans et nous n’avions jamais eu un seul problème. Les trois co-capitaines, Pierre-Henri Dumont (LR), Marietta Karamanli (PS) et moi-même avons lancé à la mi-juillet, comme chaque année, les invitations à l’ensemble des groupes pour disputer une rencontre caritative, et nous avons obtenu une quarantaine de réponses. Tous les participants s’étaient inscrits et savaient parfaitement, depuis une dizaine de jours, la liste des joueurs, avec les groupes d’appartenance de chacun. L’objectif, c’est de montrer que l’équipe parlementaire peut offrir une image de bienveillance, d’universalité comme le sport en a le secret, loin des chicaneries du combat politique que nous menons chacun sur les bancs de l’hémicycle. Ce type de rencontre, c’est tout sauf de la récupération politique.
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Qu’est-ce qui a changé au à propos de la rencontre prévue ce mercredi soir depuis quelques jours ?
Il y a deux jours, La France insoumise s’est réveillée en disant qu’elle ne voulait pas jouer avec les élus du Rassemblement National : ce qui leur convenait parfaitement depuis un mois et demi les gêne depuis deux jours… C’est un sabotage en bonne et due forme, qui ne grandit absolument pas l’image politique française. Dans cette équipe, il y avait 5 joueurs sur 40 de La France insoumise, et 4 joueurs sur 40 du Rassemblement National. Je fais de la cause du sport mon engagement depuis longtemps, et j’ai toujours lutté contre l’homophobie, le racisme et la politisation du sport. Pour moi, c’est le combat d’une vie. Et il est hors de question que je réponde aux diktats imposés par La France insoumise. Nous ne sommes pas des paillassons.
Ce type de rencontres, c’est tout sauf de la récupération politique
La position que vous affichez, de vouloir jouer envers et contre tout, n’est pas exactement la position de votre présidente de groupe Aurore Bergé…
Aurore Bergé a une position personnelle, qui est celle de la présidente du groupe, et elle conseille de ne pas participer. Pour autant, je fais partie d’une majorité présidentielle qui a différentes sensibilités, ça s’appelle le grand dépassement. À aucun moment, Aurore Bergé n’a interdit aux uns et aux autres de participer à cette rencontre. Nous serons plusieurs députés Renaissance à participer à ce match, pour la bonne cause.
Vous parlez de « plusieurs » députés Renaissance. Voulez-vous dire la totalité des députés Renaissance qui étaient initialement prévus ?
Pas eu un seul député Renaissance qui devait venir ne m’a dit qu’il n’allait pas disputer la rencontre. Ceux qui ne venaient pas, on ne leur a pas demandé la raison. Le rendez-vous est prévu mercredi à 17h30, et la rencontre aura lieu. Grâce aux organisateurs, partenaires et entreprises, un chèque de 35 000 euros leur sera remis à l’association E-enfance. Je n’ai aucune connivence politique ni avec La France Insoumise ni avec le Rassemblement national. Mais ils ont été élus démocratiquement, comme les 577 députés de cette assemblée. Et à ce titre, je ne vois pas de quel droit on pourrait indiquer qui fait partie du camp du bien ou du mal. Dans quelques semaines, le XV parlementaire doit disputer une rencontre de bienfaisance avant la Coupe du monde de rugby 2023. Nous verrons quelle sera l’attitude des mêmes qui aujourd’hui stigmatisent et prennent en otage cette rencontre. Il y a quelques mois, Alexis Corbière et Louis Aliot jouaient dans cette même équipe, avec des députés de gauche, et cela ne dérangeait personne.
Comprenez-vous que, dans le sport, il y a un esprit de fraternité que certains députés ont du mal à appliquer à des élus RN ?
Non. Dans le sport, quelle que soit la rencontre, les étiquettes ont toujours été rentrées dans le short. Jamais personne ne parle d’étiquettes politiques dans le sport, et ce n’est pas La France insoumise qui va commencer à pousser cela. Il n’y a pas de micro-climat dans le sport, certainement que dans les équipes de football et de rugby, certains joueurs doivent voter Rassemblement national, la France Insoumise, les Républicains… C’est un sujet personnel, cela n’a absolument pas vocation à faire actualité dans le sport.
Dans le sport, quelle que soit la rencontre, les étiquettes politiques ont toujours été rentrées dans le short
Certains appellent à boycotter cette Coupe du monde, comme votre prédécesseur dans l’équipe parlementaire, Régis Juanico. Où vous situez-vous sur ce sujet ?
Boycotter la Coupe du Monde au Qatar ne fera pas avancer les droits humains. Il faut avoir un discours très clair, direct, intransigeant en matière de droits humains, de lutte contre les discriminations, pour les minorités, en matière de lutte pour les statuts des travailleurs, quitte à envoyer des ambassadeurs sur place. Mais la politique de la chaise vide n’a jamais fait avancer les droits humains.
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