Appelez le « Monsieur 80 minutes ». Laissé au repos pour la réception du Stade Français (5e j.), Romain Buros a disputé l’intégralité des cinq autres rencontres qu’il a eues à disputer. L’arrière n’est pas le joueur le plus utilisé par l’UBB en ce début de saison : Yoram Moefana revendique 61 minutes de plus que lui. Mais cette statistique rappelle à quel point il est devenu incontournable dans le collectif bordelais malgré une sortie mitigée contre le LOU.
Cela n’a rien d’une nouveauté. L’an passé déjà, en dépit d’une absence de quatre mois liée à une blessure à l’épaule, Romain Buros avait aligné 20 titularisations en 21 matchs. Et la saison précédente, il avait débuté les 28 qu…
Cela n’a rien d’une nouveauté. L’an passé déjà, en dépit d’une absence de quatre mois liée à une blessure à l’épaule, Romain Buros avait aligné 20 titularisations en 21 matchs. Et la saison précédente, il avait débuté les 28 qu’il avait eues à jouer. Le Landais est incontournable. « C’est un garçon exemplaire », loue son manager Christophe Urios, au moment d’expliquer pourquoi il l’a intégré dans son conseil des braves, réunissant les leaders de son groupe : « Il est loyal, droit : je le trouve très clair par rapport à son âge. » La semaine dernière, avant le déplacement à Lyon, l’intéressé avait pris le temps de se confier à « Sud Ouest ».
Vous rappelez-vous de la dernière fois où vous avez été remplaçant ?
Je pense que c’était contre Clermont la saison dernière. En novembre, non (Ndlr, le 30 octobre en réalité) ? Entre-temps, j’ai quand même eu une blessure de quatre mois (sourire). Donc, bon, ça compense… Plus sérieusement, je suis quand même à un poste où on est soit titulaire, soit hors groupe : c’est ce qui fait cette situation aussi. Ensuite, je suis quelqu’un qui prend de la confiance quand il enchaîne les matchs. […] J’ai toujours tendance à ressentir plus de pression lorsque je n’ai pas joué depuis un petit moment.
La récurrence de vos titularisations ne témoigne-t-elle pas surtout de l’importance que vous avez pris à l’UBB ?
Bien sûr, et je suis content de ça. Je travaille pour ça. Oui, c’est un signe de bonne performance. Mais il ne faut pas oublier que Nans (Ducuing) a eu pas mal de pépins musculaires : c’est ce qui m’a permis de bien enchaîner et de prendre du galon dans l’effectif.
L’autre preuve de la place que vous occupez, c’est votre entrée dans le « conseil des braves » instauré par Christophe Urios…
C’est un peu anecdotique pour moi. Le conseil des braves est une chose, l’importance qu’on a dans le groupe en est une autre. Je me sens plus légitime aujourd’hui pour donner des conseils aux jeunes. C’est une chose que je ne faisais pas avant parce que je suis globalement assez discret. Mais quand j’estime que je le suis, j’essaie de faire au mieux.
Christophe Urios vous a-t-il dit ce qu’il attendait de vous dans ce rôle ?
Il m’a dit de rester naturel. Évidemment, je ne vais pas faire de grands discours. Par contre, je peux pousser un peu plus les gars et essayer de leur donner des petits trucs de par ma petite expérience… Mais je ne prendrai jamais la place d’un Jeff (Poirot) ou d’un Max (Lucu) qui parlent très bien dans le vestiaire et qui sont fédérateurs.
Vous haranguez beaucoup vos partenaires sur le terrain depuis le début de cette saison. En est-ce l’illustration ?
J’ai la sensation qu’il faut qu’on prenne en confiance. On a une ligne de trois-quarts plutôt jeune, avec énormément de talent. Mais si on regarde un peu, je fais partie de ceux qui ont un peu plus d’expérience. Même si Yoram (Moefana) est en équipe de France, ce qui n’est pas mon cas (sourire)… C’est normal que je tienne ce rôle. Quand « JB » Dubié ou Nans sont là, ce sont des choses qu’ils font naturellement.
Vous avez évoqué par le passé le petit complexe de légitimité qui vous accompagnait. A-t-il disparu ?
En grande partie, oui. Aujourd’hui, je suis plus animé par un petit côté perfectionniste. Je déteste faire des erreurs à l’entraînement ou en match. J’ai tendance à m’agacer. Mais je me sens désormais légitime dans ce championnat. Légitime à ma place.
Il vous reste à franchir la marche vers le XV de France. Vous avez participé aux tournées en Australie (2021) et au Japon (2022), mais sans jouer. Comment l’avez-vous vécu ?
Évidemment, c’est très frustrant. C’est un rêve depuis tout gosse, tu sens que tu es à la limite de le toucher, et ça n’arrive pas… En Australie, je m’étais trouvé un peu timide aux entraînements : ça a pu me desservir. Au Japon par contre, je me suis trouvé bien : honnêtement, j’y croyais. Mais la décision revient au staff. On a eu l’occasion d’en discuter : je sais que je ne suis pas loin mais que je dois travailler encore. Je ferai en sorte d’y arriver.
Vous aviez reconnu avoir accusé le coup après votre retour d’Australie. Cela a-t-il été aussi difficile après le Japon ?
Je l’avais déjà vécu une fois, donc je savais ce que c’était (sourire)… Les deux situations étaient totalement différentes. Quand je suis parti en Australie, j’avais joué je ne sais plus combien de matchs dans la saison : à la fin, j’étais lessivé, j’avais envie de couper. Au Japon par contre, je n’avais que quatre matchs dans les pattes ! J’étais frustré de la demi-finale perdue, je n’avais qu’une envie, jouer au rugby.
Dans tous les cas, même si je n’ai pas joué, j’ai le sentiment que ces tournées m’ont apporté en expérience et une autre vision du rugby. À choisir, je préfère aller à la prochaine tournée sans jouer que ne pas y aller du tout… Après, si on me laisse le choix, j’ai bien envie de jouer quand même (rire).
La tournée de novembre à venir, vous y songez ?
Bien sûr. Depuis l’Australie, à chaque fois que j’ai été apte, j’ai fait partie du groupe des 42. Ne pas y être, ce serait une sorte de régression, même si ce n’est pas impossible non plus. Donc je m’y prépare aussi. Mais autant vous m’auriez posé la question il y a un an, j’aurais répondu que je ne m’attendais pas à y être, aujourd’hui j’ai envie d’être dans ce groupe.
Ce qui démontre que vous avez conscience de faire partie des arrières les plus performants du Top 14 désormais…
J’ai tendance à l’espérer quand même. Même si elles sont loin d’être parfaites, je fais des bonnes performances. J’ai ma place là où je suis.