Les Rochelais ont pris l’habitude de ne jamais réellement discuter d’objectif comptable avant un match, mais plus de « performance ». Cette semaine, après avoir pris 38 points à domicile (21-38) face à Pau, 13e, et avant d’aller rendre visite à la lanterne rouge briviste, ils n’ont parlé que d’engagement. Le déficit était tel, le 29 octobre face à la Section, qu’il aurait de toute façon été malvenu d’évoquer autre chose.
En fin de saison dernière, les Maritimes avaient maudit le fait de finir 6es, donc barragistes à l’extérieur, jurant avoir compris que pour avoir le plus de chances possibles de remporter le Bouclier de Brennus, il fallait terminer dans le top 4 ou, mieux, dans le top 2. Cela passe généralement par un parcours sans faute à domicile et par la prise de points dès qu’ils se présentent à l’extérieur. Pour le moment, côté jaune et noir, on ne suit pas vraiment ce plan de marche.
« Quand on regarde le classement, on est à l’équilibre, avec une victoire à l’extérieur et une défaite à domicile. En Top 14, à la fin de l’année, ça ne passe pas. Si on ne veut pas avoir de regrets, il faut vite basculer du bon côté, sait Romain Sazy. On en est à la 10e journée, mais il y a 3 points entre la 3e et la 11e place, le championnat est serré comme jamais. Ce qui me ferait vraiment chier, c’est qu’à la fin de la saison il nous manque 1, 2 ou 3 points et qu’on se dise « mince, aïe, on aurait pu… » Je n’y crois pas du tout, car je connais le caractère du groupe et sa force. On ne s’est pas transformés en mauvais joueurs. Mais on a besoin de remettre la base du rugby dans notre jeu. »
L’engagement, donc. « La semaine a été très difficile pour tout le monde. Il y a des défaites qui peuvent passer, pas celle-ci, grince Sébastien Boboul, Ça fait dix-huit ans que je suis au club, j’en ai rarement vu des comme ça. Il y a beaucoup de déception, de colère, aussi. » « C’était un samedi noir tel qu’on n’en a jamais trop vécu à domicile. Cela faisait très longtemps que je n’avais pas vu le vestiaire comme ça à Deflandre. J’espère que ça fera un électrochoc et que chacun élèvera son niveau, complète Sazy. Ça fait mal, on est touché dans notre honneur. On se cherche zéro excuse, on a fauté. Il faut retrouver la base de ce sport, l’engagement et l’humilité, surtout. Deux notions absentes le week-end dernier. »
« Ce club a certaines valeurs, quand l’équipe entre sur le terrain, c’est pour mouiller le maillot, les gens n’attendent que ça. Les supporteurs étaient satisfaits de notre performance à Toulouse malgré un joueur de moins, l’état d’esprit était ressorti, mais là, il n’y en a pas eu du tout », reprend l’entraîneur des trois-quarts.
Alors le ton est monté. Le staff a haussé la voix, les leaders aussi. « Ils ont pris le relais, on s’est réunis à plusieurs reprises, après chaque entraînement, témoigne Thierry Paiva. Romain Sazy apporte toute son expérience, il a beaucoup parlé cette semaine, c’est important de retrouver des leaders comme ça quand d’autres sont absents. Ronan (O’Gara, le manager, NDLR) était énervé cette semaine. Il a eu des mots forts et justes, avec des images du match » que les joueurs ne pouvaient déjà plus voir en peinture dès le lundi.
« Leur regard était fermé, mais on a senti beaucoup d’implication. C’était une semaine avec des vieilles méthodes, des vieux discours, indique Sébastien Boboul. Avant, il y a eu Bayonne (29-13) mais aussi des matchs l’an dernier contre des équipes soi-disant moins fortes que l’on n’arrive pas à aborder. Il va falloir qu’on change un peu d’attitudes. » Le coach englobe le staff : « On est responsables dans notre préparation. Peut-être qu’il faut revenir à une semaine un peu à l’ancienne, en haussant le ton dans les discours, dans les vidéos, sur le terrain. On a des joueurs à réaction, on abordera certains matchs de cette manière, on les piquera un peu plus avec un peu plus de combat à l’entraînement pour ne pas être surpris le samedi. »
À Brive, impossible de l’être même si, dans les discours, les Rochelais promettaient qu’ils ne le seraient pas à Bayonne puis contre Pau. Là, « je pense que c’est le meilleur match qui puisse arriver pour montrer notre caractère et une autre image, assure Boboul. Parce que si on ne met pas d’intensité, on se fera manger. On a un peu mis la stratégie de côté cette semaine, l’objectif est d’y aller avec beaucoup d’intensité et d’agressivité. » « À la place de Brive, tu joues plus que le maintien, tu joues peut-être l’avenir du club, de ta famille. Ces notions font que tu te surpasses, encore plus face à une grosse équipe », abonde Sazy, qui espère que le fait d’avoir été pris sur leurs points forts « énerve les mecs ».
« On veut se rattraper, il faut qu’on nettoie la merde qu’on a semée, image Antoine Hastoy. On verra si on a retenu les leçons du week-end dernier. Peut-être que les Brivistes joueront une partie de la saison mais nous aussi, un peu. Je ne vois pas pourquoi ils seraient plus motivés que nous… » « On est piqués, la semaine est hyper longue, c’est pour ça qu’on a hâte de jouer pour laver l’affront », opine Thierry Paiva. À charge aux Rochelais, cette fois, de ne pas en rester qu’aux mots.

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