Ou quand Alivereti Raka (27 ans, 5 sélections) applique à la dynamique sportive les règles de la météorologie… Au soir d’un match face à Lyon lors duquel il avait franchi la ligne adverse à cinq reprises pour trois essais (43-20), au début du mois lors de la 5e journée de Top 14, l’ailier d’origine fidjienne de Clermont avait avoué garder un œil sur le coin de ciel bleu se dessinant à l’horizon : « C’est dans un coin de ma tête. […] Je travaille pour moi et pour le club. Si ça vient, tant mieux. »
Poussées par le bel anticyclone que composent…
Poussées par le bel anticyclone que composent ses performances sportives depuis le début de la saison, après deux années de turbulences, ces prévisions se sont transformées en grand bleu lundi soir lorsque son nom est apparu au sein de la liste des 42 composée par Fabien Galthié dans l’optique de la tournée de novembre (1).
Près de deux ans après sa dernière sélection, lors de la finale de la Coupe d’automne 2020 face à l’Angleterre (22-19), le joueur disposant d’un passeport français depuis le 15 janvier 2019 semble tout proche du niveau qui était le sien lorsque, dans l’optique du Mondial au Japon, les responsables de la FFR l’ont poussé à demander sa naturalisation. Son triplé face aux Lyonnais est d’ailleurs le premier depuis celui qu’il avait réalisé en décembre 2017 face à des Saracens alors à leur sommet.
« Je le trouve plus alerte, plus affûté : je le sens plus disponible », observe Cédric Heymans, ancien ailier international et consultant pour Canal+ : « Mais ce retour au premier plan correspond aussi au renouveau de Clermont qui lui offre plus de ballons : ça met en valeur ses qualités hors du commun. »
Les statistiques valident l’observation. Meilleur marqueur du Top 14 avec cinq réalisations, il est aussi le joueur ayant réalisé le plus de franchissements (8), le quatrième au nombre des défenseurs battus (21) et le huitième au nombre des mètres parcourus. La raison de cette forme éclatante ? « La pré-saison a été dure, mais je me retrouve comme j’étais avant, a-t-il répondu au soir de son triplé. J’ai travaillé dur. »
« Il est arrivé en forme à la reprise, confirme Xavier Sadourny, en charge des arrières de l’ASM. La préparation physique et rugbystique lui a encore permis de progresser et de revenir à son niveau. Pour l’instant, il a été épargné par les blessures, ce qui lui a permis d’enchaîner les matchs, et donc de prendre confiance. C’est ce qui fait qu’on retrouve le Raka de ses débuts. » Simple, non ?
Alivereti Raka a raconté comment ses efforts, doublés à une attention accrue portée à son alimentation, lui ont permis de perdre du poids. L’ailier pointe désormais à un poids de forme aux alentours de 105 kilos, « peut-être un petit peu moins », note son entraîneur. Mais ça n’explique pas tout.
Même lorsqu’il était entravé par les blessures, ce joueur auteur de 52 essais en 84 matchs de Top 14 présentait des moyennes de défenseurs battus et de mètres parcourus similaires à celles qu’il affiche aujourd’hui. Alors si l’ailier a pris une nouvelle dimension sur le terrain, c’est aussi et surtout parce qu’il a réussi à élargir sa palette.
« Sa qualité première, c’est sa faculté à gagner les duels, à être fort dans la finition. Mais Raka a aussi pris un peu d’âge, il a donc mûri dans son jeu, poursuit Xavier Sadourny. Il est beaucoup plus performant sur son placement défensif. Il défend très bien sa zone, il arrive à anticiper, à mieux couvrir le terrain alors qu’à ses débuts, c’était un petit peu son point faible. Désormais, c’est un joueur difficile à jouer, qui lit très bien les situations. »
Alors qu’il n’a jamais encore concrétisé sous le maillot du XV de France les promesses qu’il avait suscitées, ces progrès peuvent-ils lui ouvrir de nouveau les portes de la sélection ? Souvent présent dans les groupes élargis, tout près de monter dans l’avion pour le Japon cet été, Alivereti Raka n’a jamais été totalement mis de côté par Fabien Galthié. Mais il n’a pas pour autant un boulevard devant lui.
Freiné par son manque de polyvalence dans une liste de 23, il est encore devancé par Damian Penaud et Yoram Moefana dans la hiérarchie tricolore. La seule solution qui s’offre à lui ? Se montrer incontournable. Une prévision qui promet un temps agité aux joueurs de l’UBB qui devront se le coltiner samedi avant son départ pour Marcoussis…
(1) Australie le 5 novembre au Stade de France, Afrique du Sud le 12 novembre à Marseille, Japon le 20 novembre à Toulouse.
𝐋𝐀 𝐋𝐈𝐒𝐓𝐄 𝐃𝐄𝐒 𝟒𝟐 🇫🇷
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