Maxime, comment l’UBB a retrouvé de la sérénité après un début de saison difficile et le limogeage de Christophe Urios ?
Les trois victoires consécutives en Top 14 ont forcément fait du bien aux têtes. On était en mauvaise posture mais retrouver le Top 6 nous a permis de retrouver de la confiance, de réussir des choses qu’on faisait moins bien en début de saison. On travaille plus dans la sérénité.
Cette période a pourtant été éprouvante…
Il y a eu énormément de choses qui se sont passées. Perdre ce premier match de championnat à domicile contre Toulouse, enchaîner sur une série négative, on n’arrivait pas à mettre notre jeu en place… Une dynamique négative s’est installée dans notre rugby, notre confiance. Et puis il y a eu le départ de Christophe… Un changement de staff ce n’est jamais évident de basculer mais la confiance que le groupe avait en lui et les bonnes relations avec le staff ont fait qu’on est repartis sur des choses plus simples.
L’UBB est-elle dans une saison de transition (Yannick Bru a été nommé manager, Thibault Giroud directeur de la performance pour la prochaine saison, ndlr) ?
Il est hors de question de parler de saison de transition. Il reste huit mois, c’est long. Si tu lâches, tu ne progresses pas du tout et ça te dégoûte du rugby. Il fallait reprendre les choses en main, croire en nous, se dire les choses. On avait besoin que les leaders prennent les choses en main, ce qu’on n’arrivait pas trop à faire. Cette 11e place a fait qu’on a eu cet esprit de révolte. On s’est plus imprégné du projet pour aider le staff en place. Il fallait aussi que je prenne le leadership en tant que demi de mêlée. Cet instinct de compétiteur, voir Bordeaux 11e, m’a touché, je voulais qu’on retrouve notre place.
Est-ce que votre expérience avec l’équipe de France vous a transformé ?
Ça m’a fait du bien en tant qu’homme. Les responsabilités qu’on a en équipe nationale, savoir qu’on est plus regardé, ça change. Le rôle de finisseur en Bleu est très important, ça te fait progresser comme joueur et dans ta façon de voir les choses. C’est un rôle que je n’avais pas forcément à Bordeaux. Quand tu es remplaçant tu es souvent frustré mais avec le rugby moderne on sait que c’est capital. Je me sens beaucoup mieux, plus légitime désormais que quand j’étais convoqué par le passé. Dans ma qualité de joueur, dans l’analyse des matchs, je suis meilleur depuis que je porte ce maillot. Ça me fait du bien et j’essaie d’apporter tout ça à Bordeaux.
Sentez-vous que votre rôle en Bleu a évolué depuis quelques mois ?
Le fait de battre l’Afrique du Sud lorsque je rentre après le carton rouge d’Antoine (Dupont), ma première titularisation contre le Japon (hors tournée estivale) où on fait un match très sérieux, ces moments ont donné plus de confiance au staff pour m’utiliser. Ça montre qu’on a tous un rôle important dans cette équipe quels que soient les absents. Il y a eu beaucoup de blessés en novembre et à chaque fois les gars qui sont rentrés ont apporté à l’équipe. Le travail qui est fait en amont est important, le staff sait nous mettre en confiance. Je me sens légitime désormais, ce qui n’était pas le cas quand je suis arrivé en Bleu au début.
La France est handicapée pour ce tournoi malgré de nombreuses blessures dont la votre. Est-ce qu’on a peur de perdre sa place en Bleu quand on manque une échéance comme le tournoi ?
Ta place est en jeu à chaque instant que tu manques avec l’équipe de France. Personne n’est légitime en Bleu. Beaucoup de joueurs émergent chaque année et on sait que quand on loupe un évènement, on peut perdre notre place. C’est ce qui est bien pour l’équipe aussi. Peu importe les absents, les entrants amènent une plus-value et font que les résultats sont en croissance depuis trois ans. Il faut voir ce côté positif mais quand tu es blessé, à titre personnel, tu te poses des questions pour la suite. Est-ce que la Coupe du monde va nous passer sous le nez ? Mais ce n’est pas encore d’actualité. Il faut revenir au mieux, montrer qu’on est là. Le staff fera ses choix mais c’est plutôt de se dire qu’il y a autant de concurrence.
La France peut-elle remporter le tournoi ?
Je pense qu’elle est capable de challenger le tournoi, oui. Il y a trois déplacements, notamment en Irlande qui, à part une défaite contre nous, a tout gagné. Il y a ce déplacement en Angleterre qui va être costaud. Les matchs vont être importants, les équipes vont se jauger pour la Coupe du monde, il y a énormément de changements. La préparation commence à partir de ce tournoi mais à chaque fois que je vais dans cette équipe, on sent qu’on a de la confiance. On ne va pas dire que rien ne peut nous arriver mais la confiance entraine quelque chose de positif autour du groupe et ça travaille très bien. Les gros vont vouloir nous faire tomber. L’Irlande va jauger notre début de tournoi et nous montrer où on en est.
Quand on voit votre évolution depuis votre arrivée à l’UBB, tout a été très vite…
Je suis arrivé à Bordeaux très timidement, je ne me voyais pas être appelé six mois après avec les Bleus. J’ai été très surpris. C’est là où je ne me disais pas légitime. Mais je crois en moi sur le terrain et je donne tout à tous les matchs, je me suis donné les moyens de progresser. Goûter de plus en plus à l’équipe de France m’a donné envie d’y croire. Quand j’ai été 24e homme au pays de Galles, je m’étais promis de jouer en Bleu. Etre en préparation, dans l’effectif de la sélection à huit mois d’une Coupe du monde, jamais je n’y aurais cru. Avant, je regardais la Coupe du monde avec les copains dans des bars. Si je peux leur permettre de vivre ça depuis les tribunes, ce serait top mais le chemin est encore long. C’est vrai que mon évolution a été très rapide, je ne suis arrivé qu’à 27 ans dans le très haut niveau.
Comment expliquez-vous votre explosion au plus haut niveau ?
J’ai toujours été au pied du mur. Je n’étais jamais le premier choix de mes entraîneurs. A Biarritz on m’a dit que je ne jouerai pas sauf s’il y a des blessés. Je suis arrivé à Bordeaux en sachant que Christophe (Urios) ne me voulait pas forcément. On me disait que je n’allais pas jouer, que j’allais redescendre en Pro D2. J’ai toujours refusé ça en me disant: “Je peux jouer. Je vais montrer que je peux le faire.” A chaque fois que j’ai eu des défis comme ça, j’ai toujours réussi à les relever. Ça me pique dans mon orgueil. Beaucoup me disaient que l’équipe de France, c’était impossible. J’ai voulu montrer l’inverse en portant le maillot. J’essaie d’avoir de l’abnégation pour attraper tout ce que je peux, profiter de tout ce que je peux. J’ai de la chance de faire ce sport et quand il y a un défi, j’essaie de le relever. Depuis que je joue au rugby c’est comme ça.
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