« L’Écosse est l’équipe contre laquelle on a le moins de résultat. » L’avertissement est aussi court que percutant. Mais avouons-le, il ne glace pas spécialement d’effroi… Parce que le XV de France reste sur deux succès consécutifs dans ce Tournoi 2022, dont un dernier probant face à l’Irlande, cette sentence formulée par William Servat n’active d’ailleurs chez vous peut-être qu’un seul signal d’alarme. Celui qui s’illumine en cas de soupçon de langue…
« L’Écosse est l’équipe contre laquelle on a le moins de résultat. » L’avertissement est aussi court que percutant. Mais avouons-le, il ne glace pas spécialement d’effroi… Parce que le XV de France reste sur deux succès consécutifs dans ce Tournoi 2022, dont un dernier probant face à l’Irlande, cette sentence formulée par William Servat n’active d’ailleurs chez vous peut-être qu’un seul signal d’alarme. Celui qui s’illumine en cas de soupçon de langue de bois. Pourtant, promis. À quelques jours d’un premier déplacement dans cette édition à effectuer à Murrayfield, l’entraîneur des avants tricolores n’en rajoute pas. Pas trop en tout cas…
Fabien Galthié s’était lui-même chargé de le relever il y a quelques semaines, le XV du Chardon est la seule équipe que « ses » Bleus n’ont pas encore battue dans le Tournoi depuis le début de son mandat. Oh bien sûr, il y a eu cette victoire arrachée à Edimbourg dans le cadre de l’Autumn Cup 2020 (25-22). Mais ce succès revanchard n’occulte pas deux autres ratés bien plus retentissants.
Il y a d’abord eu celui de 2020 (28-17). Une défaite lors du quatrième round d’une édition que les Français étaient en bonne position de rafler, qui reste à ce jour la plus large de l’ère Galthié. Elle avait été concédée à l’issue d’un match marqué par l’expulsion définitive de Mohamed Haouas, auteur d’un coup de poing, et la sortie prématurée d’un Romain Ntamack commotionné. Il y a eu ensuite la crucifixion sur le fil de 2021 (23-27). Avec, dans le rôle principal, le malheureux Brice Dulin « coupable » d’une erreur de jugement : avoir relancé un ballon alors que le score était acquis et que le temps réglementaire était écoulé…
Ces petits (et désagréables) rappels des faits ne doivent vous induire en erreur. Si l’équipe de Fabien Galthié a été victime d’évidents faits de jeu, elle a également payé le prix de son incapacité à juguler les forces écossaises. Des forces que William Servat résume en ces termes : « Au niveau des trois-quarts, c’est peut-être l’une des équipes les plus rapides et les plus puissantes du Tournoi des Six-Nations. Et elle a un pack dominant de manière récurrente. »
Si l’exemple de 2020 est vicié par l’infériorité numérique avec laquelle les Bleus avaient dû composer, le précédent de 2021 est à ce titre éloquent. En course pour la victoire dans la compétition, les partenaires d’Antoine Dupont avaient été nettement dominés en termes d’occupation (39 %) et de possession (44 %). La conséquence d’une bataille perdue, celle du jeu au sol.
« C’est une belle bande de combattants », salue William Servat. Il peut. Les hommes de Gregor Townsend avaient ce jour-là remporté 121 rucks, n’en laissant que 71 aux Français. Des phases de jeu qu’ils avaient exploitées près de la moitié du temps (49 %) en moins de trois secondes. Une référence. L’ancien talonneur international insiste : « Cette équipe a beaucoup de caractère. »
Une qualité dont ses joueurs devront faire preuve à leur tour. Notamment pour affronter l’atmosphère qui régnera ce samedi à l’approche de Murrayfield. Un facteur qui avait pesé il y a deux ans selon Gaël Fickou : « On avait été un peu surpris. On était peut-être un peu trop jeunes pour la plupart. On a été pris dans la discipline, mais aussi avant même d’entrer au stade ! Je me souviens qu’ils nous avaient ralenti avec leur cortège, ils avaient chanté des chansons : c’était assez impressionnant. »
Imperméables à la ferveur de Cardiff quinze jours auparavant, où ils s’étaient imposés cette année-là (23-27), les Bleus s’étaient dilués dans ce contexte. Le statut de favori du XV de France ayant été renforcé par sa victoire sur l’Irlande, c’est une donnée à prendre en compte. Mais William Servat estime son équipe en capacité de l’appréhender : « Il y a deux ans, c’était le début du mandat. Avec une équipe largement rajeunie, une expérience collective faible… Aujourd’hui, on a gagné en maturité. »
Suffisamment pour se concentrer sur un objectif clair sans se disperser dans une quête de revanche. C’est en tout cas ce que semble affirmer Gaël Fickou : « C’est une équipe contre laquelle on a perdu lors des deux dernières années… Mais on a quelque chose à aller chercher. »