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Louis Bielle-Biarrey (Arrière de l’UBB) – À 19 ans, il est le benjamin du groupe des quarante-deux concocté par Fabien Galthié. Mais quelle personnalité se cache-t-elle sous son inamovible casque rouge ? tout simplement celle d’un vrai passionné, bien dans sa peau, qui a digéré à merveille le paradoxe d’une maturité tardive et d’une éclosion précoce. et que ses proches racontent à merveille…
Aux yeux de la plupart des observateurs, l’Ovni Bielle-Biarrey a atterri sur la planète ovale il y a un peu plus d’un an, le 16 janvier 2022, lorsque le jeune arrière de l’UBB inscrivit un triplé en champions Cup face aux Scarlets, sous la loupe grossissante des caméras de France Télévisions. Mais pour trouver la trace de ses véritables origines ? Il faut remonter jusqu’en 2003 du côté de Grenoble, lorsqu’un papa Toulousain et une maman Réunionnaise venus faire carrière dans l’ingénierie au pied des Alpes mirent au monde un petit garçon prénommé Louis. "Quand il était tout petit, Louis aimait beaucoup le foot et le rugby, sourit Sandrine, sa maman. C’est moi qui ai insisté pour qu’il aille au rugby, parce que l’ambiance et l’état d’esprit me plaisaient mieux, même si je n’avais pas la culture de ce sport. Il a tout de suite adoré à tel point que dans son lit, il dormait avec son ballon de rugby. Et dès ses premiers pas à l’école, il disait à sa maîtresse qu’il voulait devenir rugbyman professionnel".
Les premiers signes d’une volonté de fer, ainsi qu’on y reviendra ? Peut-être bien, après tout… Reste qu’avant l’âge adulte, bien des étapes devaient encore être franchies. Devenu éducateur bénévole à l’école de rugby de Seyssins, Joël Bielle-Biarrey, son père, en fut dès lors le témoin privilégié. "En tant qu’éducateur, j’ai moins suivi Louis que son petit frère Samuel (lui-même trois-quarts centre chez les Crabos du FCG, N.D.L.R.). Mais bon, je n’étais jamais très loin ! (rires) Il a démarré à l’ouverture parce qu’il avait des aptitudes en termes de lecture et de dextérité. Par contre, il était vraiment gringalet par rapport aux autres. À 16 ans, il ne mesurait qu’un mètre 65 ! C’est à partir de la catégorie Crabos qu’il a commencé à développer des qualités de vitesse. Louis a pleinement bénéficié du savoir-faire des prépas physiques du FCG."
Une métamorphose évidemment tout sauf anodine dans la trajectoire du jeune joueur, ainsi qu’en témoigne son entraîneur d’alors. "J’ai d’abord entraîné Louis en minimes, tout en m’occupant de lui à travers la Section sportive du Lycée Vaucanson, avant de le retrouver en Crabos 2e année, se remémore Nicolas Bonnet- Gros. On utilise parfois l’expression à tort et à travers, mais Louis, il pue vraiment le rugby, sourit Bonnet-Gros. Lorsque je l’ai eu en minimes, je proposais des schémas de circulation beaucoup trop évolués pour des gosses. Le seul qui pigeait tout instantanément, c’était lui. À l’époque, c’était un garçon qui disposait de grosses qualités techniques et d’une très bonne lecture du jeu, mais qui péchait un peu par appréhension sur les jeux à forte pression : les un contre un, un contre deux, les duels aériens, etc. En fait, il se posait beaucoup de questions, sans doute un peu trop. C’est vraiment en Crabos que j’ai ressenti chez lui un déclic. Physiquement, il a comblé son retard sur les autres et il a commencé à prendre confiance en lui. À partir de là, il s’est épanoui et il y a eu l’effet boule de neige." Une accélération fulgurante, au sens propre comme au figuré. "Aux Interpoules (tournoi de sélection réservé à l’élite nationale des U16 et U18, NDLRT), il s’est révélé, se souvient Joël Bielle-Biarrey. L’année suivante, il a été appelé avec les U20 Développement pour un match contre l’Italie à La Seyne au mois de juin 2021, avant d’etre appelé pour le tournoi des 6 nations U20. Pour le premier match, il a même fallu que je lui signe une décharge parce qu’il n’avait pas encore 18 ans, à quelques jours près."
Le début d’une relative exposition qui ne manqua pas, à l’époque, d’attirer l’attention des recruteurs en tous genres. Cela d’autant plus qu’en termes de statut, celui de Louis Bielle-Biarrey était tout à fait particulier. "Au départ, même s’il faisait tous les entraînements avec nous, Louis n’était pas académicien de la Section sportive du lycée Vaucanson, souligne Bonnet-Gros. Il était externe et n’a obtenu le statut qu’en Terminale, alors que la plupart l’ont depuis leur entrée au lycée. C’est aussi l’intérêt de ce genre de filière : garder un œil sur ce type de joueurs à maturité tardive. D’ailleurs, à partir du moment où Louis a explosé, le club est évidemment revenu vers lui pour lui proposer d’intégrer son pole espoirs." Le hic étant que les Grenoblois n’étaient pas les seuls, plusieurs clubs de Top 14 ayant au passage manifesté leur intérêt. "Nous sommes allés à Bordeaux rencontrer Laurent Marti et le staff de l UBB. Cette visite fut un déclic pour lui. Sur le chemin du retour, j’ai dit à mon épouse : "Je crois que Louis va partir". Il nous l’a en effet confirmé quelques jours plus tard, à table." "Il a tenu à me l’annoncer les yeux dans les yeux avant tout le monde, se souvient Bonnet-Gros. Ça a été un petit déchirement mais son départ a au moins eu le mérite de faire se remettre en question le club par rapport à ce qu’il proposait à ses jeunes talents. Et quand on voit où Louis est aujourd’hui, insouciant et épanoui, c’est tout ce que demande un éducateur…"
C’est donc un garçon simple, épanoui et passionné de rugby jusqu’à la moelle, que Fabien Galthié a convoqué ce lundi du côté de Capbreton. Un coéquipier idéal aussi, de nature à jouer le jeu à fond lors de ces si particuliers rassemblements à 42. "Louis s’intègre généralement bien dans une equipe. assure Joël. Il a toujours envie de progresser pour jouer au plus haut niveau. Il est discipliné et a toujours été assidu aux entrainements, même en hiver à Grenoble ! (rires) Et même s’il intériorise beaucoup de choses, il a une énorme exigence, une volonté de fer et surtout beaucoup d’humilité." Un dernier principe qui fait l’unanimité autour de sa personnalité. "Louis, il est tellement simple que c’en est un soleil, prolonge Bonnet-Gros. Quand je lui ai envoyé un petit message pour le féliciter de sa sélection, il m’a répondu dans la minute." "Ne pas se laisser griser, pour lui, c’est fondamental, admire Joël. Je me souviens qu’en début de saison, il n’avait pas beaucoup de temps de jeu avec les pros de l’UBB, et il était tout heureux lorsqu’on lui permettait d’aller jouer avec les espoirs. Louis est comme ça, son bonheur, c’est juste de jouer au ballon avec ses copains. Dès qu’il rentre à la maison à Grenoble, il retourne régulièrement voir ses anciens coachs et ses copains à Seyssins et au FCG. A l’occasion, il passe saluer les FABulou’S du RCS, une équipe de sport adapté pour personnes en situation de handicap mental que j’ai eu le plaisir d’accompagner à leur formation. Il ne change pas." "Même sa marque de chaussures ou son casque, il n’en démord pas, s’amuse Sandrine. Quand il avait cinq ans, on lui a acheté un Canterbury rouge, et depuis il ne veut rien d’autre. Tant que ça marche !" Plus vraiment de raison d’en changer aujourd’hui, à dire vrai…
Surdoué du rugby, Louis Bielle-Biarrey n’est pas en reste au niveau des cours, ayant validé avec la Mention Bien un bac scientifique option maths/physique. "Le problème est qu’à son arrivée à Bordeaux, il lui semblait difficile de poursuivre des études scientifiques, explique sa maman Sandrine. Alors, il s’est inscrit en IUT GEA (Gestion des Entreprises et Administration). Il a été pris par le biais classique de Parcoursup, sur son dossier, même s’il dispose évidemment du statut de sportif de haut niveau. Comme il ne peut aller en cours que le mercredi, il y a eu au départ quelques frictions entre l’Université et le club, qui se sont rapidement réglées lorsque l’UBB a mis en place une prise de notes et des cours de soutien. Et depuis, il ne lâche pas." La preuve ? Au lendemain de son fracassant baptême du feu dans le monde pro et son triplé en Champions Cup contre les Scarlets, Louis Bielle-Biarrey n’a pas vraiment connu le lendemain de fête qu’on pourrait imaginer pour un gosse de 18 ans… "C’est peut-être ce qui m’a le plus marqué le concernant, rigole Nicolas Bonnet-Gros. Le lundi midi, il m’avait appelé depuis sa voiture, en ressortant de cours parce qu’il devait passer une épreuve de compta où il me disait qu’il avait limité la casse…" La tête encore dans les nuages, mais les pieds bien sur terre. "Il y a quelques jours encore, après la semaine qu’il a passé avec son club en Afrique du Sud dans le cadre de la Champions Cup, il avait cinq partiels à passer à son retour, relate Joël. C’est difficile, mais je crois que c’est aussi nécessaire pour son équilibre personnel. Il n’y a pas longtemps, je lui ai demandé s’il était heureux. Il m’a répondu qu’il faisait ce qu’il aime et qu’il aime ce qu’il fait. Alors…"
Né le : 19 juin 2003 à La Tronche (38)
Mensurations : 1.84m, 79 kg
Poste : ailier ou arrière
Clubs successifs : Seyssins (2008-2016), Grenoble (2016-2021), Bordeaux-Bègles (depuis 2021)
Sélections nationales : France U20
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