“Sud Ouest” Le traumatisme de samedi a-t-il laissé des stigmates sur le plan mental ?
Thibault DaubagnaOui, c’était un match qui n’était pas évident à évacuer. Quand tu as la sensation de laisser échapper quelque chose…
“Sud Ouest” Le traumatisme de samedi a-t-il laissé des stigmates sur le plan mental ?
Thibault Daubagna Oui, c’était un match qui n’était pas évident à évacuer. Quand tu as la sensation de laisser échapper quelque chose que tu maîtrises… On a surtout eu cette sensation d’être complètement absents sur le terrain. On n’était plus là. Nous étions très déçus et on a déçu beaucoup de monde. On en apprend tous les jours avec la Section. Clairement, il faut que ça nous serve, encore une fois, de leçon.
Avec un peu de recul, que reste-t-il de ce match ?
On a pris un coup de barre derrière la tête. On a perdu des matchs de manière assez difficile, on a longtemps joué le maintien, mais c’est vrai que ce match, il nous semblait tellement promis… Mentalement, clairement, on n’était plus là. On s’est demandés pourquoi, on a fait quelques réunions entre nous. On va faire en sorte que ça n’arrive plus.
Qu’est ce qui a bien pu dérailler ?
On les a vus marquer un essai, puis un autre… Il faudrait demander aux joueurs qui étaient sur le terrain ce qui s’est passé à ce moment-là. C’est compliqué à expliquer. Même moi je n’ai pas les réponses aujourd’hui. On avait peut-être tellement peur de vivre ce scenario cauchemar qu’il est arrivé.
Ce dernier quart d’heure, on en fait quoi ?
Ce dernier quart d’heure, clairement, il est à oublier. Il y a des défaites encourageantes, des enseignements à tirer de tout, mais là, clairement, c’était une absence. Rugbystiquement, on peut parler de choix, de technique, de tactique, mais là, c’était un problème mental, collectif. On s’est dissous.
Depuis le banc, comment le vit-on
Ça m’a fait mal au cœur de voir les collègues sans solution, un peu dépassés par les évènements. C’est dur par rapport au travail qu’on fournit la semaine. Quand t’es sur le bord, tu ne peux rien faire, si ce n’est les encourager. Et puis cet essai, sur la sirène…
Vous qui connaissez la maison et ce genre de dynamique, quelle est la clé pour s’en sortir ?
La première clé, c’est de rester solidaire. On est sous le feu des critiques, on le sait, et c’est normal. Pour le coup, c’est mérité. On sait que c’est un deuxième passage à vide à la maison après celui de Toulon. Il nous coûte très cher. On sait qu’on a déçu et on en est conscient, mais on veut faire passer le message qu’on ne lâchera rien, qu’on se battra toujours. On va tout faire pour que cette équipe remonte.
Vu votre statut, ici, vous sentez-vous investi d’une mission particulière pour remettre les têtes à l’endroit ?
Clairement, parce que j’ai de l’ambition personnelle et collective avec ce club. Je ne suis ni content, ni épanoui vis-à-vis de la situation. J’en ai appelé à la prise de responsabilités de chacun, et rappelé que la saison était très longue. Il peut se passer plein de choses. Il ne faudra rien lâcher, se montrer plus forts dans nos têtes, parce que c’est là que tout se joue.
On a reproché à la Section de manquer de leaders sur ce dernier quart d’heure. Vous qui étiez sorti, avez-vous posé le même diagnostic ?
Oui, j’ai senti qu’il n’y avait pas de message fort sur lequel s’appuyer. C’était mon sentiment, sur le côté, mais je ne sais pas ce qui s’est forcément dit sous les poteaux. J’aurais aimé qu’il y ait une petite révolte, pourquoi pas un accrochage, une petite échauffourée, une gueulante. Bref, quelque chose qui se passe. Après ce premier essai, et même ce second, il fallait vite réagir. Et cela nous a manqué.
Lorsqu’on aborde un déplacement à Lyon puis à La Rochelle après une telle déroute, on se dit qu’on n’a plus grand-chose à perdre ?
On se dit qu’il faudra se battre partout. Ce serait trop prétentieux d’annoncer qu’on veut y gagner ou même prendre des points. Mais on a besoin de points. On va se servir de cette frustration pour tout donner, parce que ça devient urgent.
Pour enrayer cette crise de résultats, il faudra d’abord régler cette crise de confiance…
Ça va effectivement de pair. Il y a surtout le fait de retrouver cette unité, qui sur le terrain, nous a permis de remporter ce match face à Toulouse. La saison dernière, on a réussi à gagner des matchs, notamment à l’extérieur. Même chez de grosses équipes, il faut retrouver cette confiance collective. Ce qui fait que dans un premier temps, on sera plus performants mentalement, et petit à petit, on espère retrouver notre rugby créatif, offensif.
Quel a été le discours du président et du staff ?
Le président (Bernard Pontneau) et le directeur général (Pierre Lahore) sont venus nous voir pour nous renouveler leur confiance, malgré ce qui s’est passé. Ils nous ont aussi rappelé que la saison était longue mais qu’il ne fallait plus qu’on traîne. On a pris une petite soufflante, par le manageur et par les coachs, ce qui était normal. Je pense qu’il y a eu une prise de conscience, mais il faut qu’elle se traduise sur le terrain.

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