Yoan Tanga a un peu cassé la magie de votre essai, en nous disant que c’était une combinaison et non une inspiration géniale de votre part.
Effectivement, c’est une combinaison pas mal travaillée. Pour dire vrai, je n’étais pas trop pour, mais l’équipe m’a donné tort, c’est bien pour tout le monde (sourire).
Personnellement, cela vous fait-il du bien, après vos deux derniers matchs marqués par deux boulettes de votre part ?
Oui, bien sûr. Mon début de saison n’est pas à la hauteur de ce qu’on attendait. Ce sont des choses qui arrivent, mon adaptation met un peu plus de temps que prévu donc, bien évidemment, j’avais à cœur de me racheter et surtout de montrer un meilleur visage à ma nouvelle équipe. Ce soir, ça a été chose faite. Il ne faut pas s’en contenter, tout n’a pas été parfait, mais ça redonne de la confiance et c’est le principal.
On a senti que le public très heureux pour vous ?
Oui, effectivement. Ça traduit mon arrivée ici, le public est vraiment extra avec moi, j’avais à cœur de lui rendre ce qu’il me donne. Cela n’a pas été chose facile lors de mes premiers matchs, cette fois c’est chose faite, j’espère qu’il y en aura d’autres.
C’est une victoire à points, 32-5, l’écart est important…
Oui, mais ce qu’il faut surtout conserver, c’est notre travail et le fait qu’on a relevé la tête après la défaite à Bayonne et qui était vraiment une grosse erreur. Ça a été une semaine compliquée, on s’est beaucoup remis en question, on a beaucoup travaillé, le score est ce qu’il est, c’est bien, mais c’est anecdotique. Ce qui est positif, c’est surtout que notre travail a porté ses fruits.
Malgré tout, c’était face à Toulon, qui tourne bien cette saison.
Oui, on est tombé face à un gros Toulon, conquérant, qui nous a mis en difficulté avec de très bons joueurs. On a réussi à faire le jeu que l’on souhaitait et à conserver le ballon quand il fallait. C’est bien, mais s’en contenter serait une grosse erreur, il nous reste quand même beaucoup de travail à effectuer.
Vous connaissiez Ronan O’Gara en tant qu’adjoint. Sa colère, comme cela de la semaine précédant le match, est-elle pire quand il est manager ?
C’est la même chose (rires), ça reste le même énergumène. On sait qu’il est extrême dans certaines choses, mais il ne faut pas le prendre personnellement, ou mal. C’est juste qu’il aime le groupe, le rugby est sa passion, sa vie. Le fait que, parfois, il puisse s’emporter, est aussi bénéfique pour tout le monde. On sait sa carrière, l’amour qu’il a pour cette ville et ce club, il nous le dit pratiquement à toutes les vidéos, sans en faire des tonnes. Il a raison, c’est son rôle de nous remettre en place. On subit, mais on arrive à lui donner la réponse sur le terrain comme aujourd’hui. Cela montre que ses remontées de bretelles sont bonnes. Mais, franchement, j’espère qu’il n’y en aura pas toutes les semaines, parce que c’est un peu « relou » (rires).
On l’a beaucoup entendu communiquer avec vous, même si l’on ne sait pas si vous l’entendiez…
(Il coupe.) Oui (sourire). Mon choix de venir à La Rochelle était lié avec Ronan, pour retrouver la complicité que l’on avait au Racing, j’avais vraiment envie de travailler à ses côtés. Il me connaît, il sait que je le connais également, on est deux forts caractères mais c’est ce qui peut donner de bonnes choses. C’est un plaisir de travailler à ses côtés même si je dois baisser la tête et prendre un paquet de claques derrière la nuque (sourire). Mais c’est aussi ça, être sportif de haut niveau, c’est accepter des critiques qui ne font pas plaisir, car c’est dans un but positif. À l’instant T, ça m’énerve, ça énerverait tout le monde, mais quand on y réfléchit… Je pense que s’il ne m’adresse plus la parole ou qu’il ne crie plus mon nom, ce sera vraiment mauvais signe (sourire).
Par quoi passera une meilleure intégration ?
Par de bons matchs. Je marche énormément à l’affect et à la confiance rugbystique. Vous connaissez tous mon jeu, j’aime avoir le ballon, faire des exploits, affoler les défenses. C’est ce qui me donne de la confiance, je suis un scoreur. Mais durant les premiers matchs, ça a été compliqué pour tout le monde et pas que pour moi. Je suis le dernier maillon de la chaîne pour conclure les actions de mes coéquipiers, mais ça n’a pas été facile en ce début de saison. Je suis très confiant pour la suite, notre début de saison ne reflète pas les semaines que l’on passe. Ça arrive, il ne faut pas avoir la tête au fond du seau, on est 2es. On attend énormément de nous car on a l’étoile sur le maillot, c’est cool, ça nous donne beaucoup de motivation, mais j’espère qu’on aura l’occasion de refaire des matchs comme ça, de marquer des essais derrière pour ne pas laisser que les gros le faire (sourire). On est vraiment tous contents de jouer ensemble, la bonne humeur est toujours là, que l’on ait fait un bon ou un mauvais match.
Les critiques sur votre début de saison vous ont-elles piqué ?
Non, parce que je suis conscient de mon début de saison, je n’ai pas besoin de lire ou d’écouter qu’il est catastrophique. C’est comme ça, il y a beaucoup de matchs durant la saison, ce n’est pas en septembre ou en octobre que je vais commencer à me poser des questions. C’est un gros changement pour moi. J’ai passé huit ans au Racing où j’étais chez moi, où j’ai vécu énormément de choses. J’arrive dans un nouveau climat, une nouvelle ville. L’adaptation est un peu plus longue, mais je ne suis pas inquiet. Le principal est de travailler, répondre présent et de ne pas baisser la tête. Les choses viendront avec le travail, et j’ai confiance en moi, mes qualités. Ce n’est pas être orgueilleux ou se prendre pour un autre, je sais que je répondrai présent le moment voulu et je retrouverai le niveau que je dois avoir.