À trois journées de la fin de la première phase, le Stade Montois survole la Pro D2 dans des proportions inespérées. Les phases finales sont déjà dans la poche, la demi-finale à domicile n’est qu’à un pas, et la montée en Top 14 dans toutes les têtes. Aux commandes du club depuis 2011, Jean-Robert Cazeaux ne cache pas travailler sur l’hypothèse, tout en étant conscient que la route est encore longue et semée d’embûches.
Le Stade Montois qui passe la barre des 100 points au classement, qu’est-ce que cela représente pour vous ?
C’est le fruit de cette saison exceptionnelle, on ne focalise pas sur le nombre de points, mais c’est symbolique. L’objectif, maintenant qu’on est si près du but, c’est de finir premiers. Pour cela, il nous faut 105 points, donc il en reste quatre à aller chercher, c’est ça qui est important.
Finir premiers est l’objectif assumé par le staff et les joueurs. C’est aussi le vôtre ?
Ça aurait été déplacé et ambitieux de le dire il y a quelques mois, tant la concurrence est forte. Mais tout ce qu’on a fait, ces huit victoires enchaînées, ça montre qu’on n’est pas là par hasard, qu’on n’est pas une anomalie, contrairement à ce que certains laissent penser. Donc cette première place, oui, il faut la viser, car c’est quand même mieux pour aborder les phases finales. Et puis c’est une référence : en terminant en tête de la phase régulière dans ce championnat aussi relevé, avec des clubs aux budgets largement supérieurs, on pourra se dire : « Oui, la saison est aboutie, exceptionnelle. »
Patrick Milhet rêve d’aller chercher le premier titre du club depuis vingt ans (champion de Pro D2 en 2002). Vous aussi ?
Évidemment. Ça, c’est la conséquence de tout le travail fait sur la saison régulière. Ça paraît légitime ensuite de viser le titre. Si on est capable de terminer premiers, je ne vois pas pourquoi on n’aurait pas l’ambition d’aller chercher le titre.
Vous êtes plus prudent généralement…
Oui, mais on est à la 28e journée, et il ne nous manque pas grand-chose pour terminer premiers. J’espère qu’on va le faire, et la prochaine étape, c’est d’aller en finale, et de la gagner. Après, peut-être qu’on sera battus en demi-finale, c’est le sport, on verra où on s’arrêtera.
Quand on est président d’un club comme le Stade Montois, monter en Top 14, ça fait envie ou cela donne des sueurs froides ?
Non, c’est une excitation totale. Faire une montée, à notre niveau, vu la concurrence, c’est quasiment inespéré. Donc si on le fait, on sera immensément heureux, sans l’ombre d’un doute. Ma crainte, c’est d’être relégué (en Nationale, NDLR), comme l’an dernier.
Là, oui, il y a des sueurs froides et ça t’empêche de dormir, parce que tu te dis que ton projet, dix ans d’effort et de structuration, peut basculer du jour au lendemain. Mais monter, tu rêves les yeux ouverts, c’est fabuleux pour un club. C’est une aventure pour laquelle on n’a pas peur du tout.
Est-ce que le club serait prêt à assumer cette montée ?
Oui, on l’est, parce que le club, depuis dix ans (la dernière montée remonte à 2012, NDLR), a renforcé ses infrastructures, a les équipements et le savoir-faire. On est en capacité d’organiser des événements majeurs, de remplir un stade, de recevoir des partenaires, avec des outils qui n’ont rien à envier à quiconque.
On a encore plein de choses à faire, on sait par exemple qu’on n’a pas une pelouse digne du Top 14, et on a encore des idées pour développer nos infrastructures. Ça pourrait nous aider. Il y a dix ans, on n’était pas prêts pour passer ce cap : on n’avait rien, peu de loges, pas de réceptif digne de ce nom…
Là, on s’est structuré, ce ne sera peut-être pas le plus beau stade du Top 14, mais il est capable d’accueillir cette compétition. Le volet sportif est dans les mains du manager et des entraîneurs, et ils sauront bâtir une équipe qui pourra jouer en Top 14.
Vous aviez un budget prévisionnel de 7 millions d’euros cette saison, à combien montera-t-il finalement ?
On va finir à un peu plus de huit millions. Portés par les résultats sportifs, mais aussi grâce au travail fait par toutes les équipes, aux partenaires, à la relance économique que l’on a pu assumer tous ensemble. C’est une année exceptionnelle à tous les niveaux. On a pu consolider le projet Stade Montois.
Quel pourrait être le budget du club en Top 14 ?
C’est encore prématuré… Je dis que « oui, nous serions prêts à monter », mais il faut en garder sous la pédale. On parlera de Top 14 en termes d’effectif et de budget quand on y sera.
Mais vous vous y préparez forcément ?
Oui, c’est notre travail, mais je n’ai pas à dévoiler ça aujourd’hui, parce que ça peut rester dans le carton à la fin de la saison ! Aujourd’hui, c’est prématuré.
N’y aurait-il pas une forme de risque pour le club à monter puis descendre, comme on a pu le voir avec Agen cette saison ?
Je répondrai quand on y sera ! Il faut se focaliser sur ce championnat : finir premiers, ça, c’est un vrai objectif. Et après, on aura le temps de parler, même si on travaille sur les deux hypothèses (Top 14 et Pro D2, NDLR). D’ailleurs, les deux sont importantes.
Si on ne monte pas, il faut voir comment le club va rebondir l’année prochaine en Pro D2, garder la dynamique de cette saison exceptionnelle pour encore faire un pas en avant. Ça, c’est un vrai enjeu, pour s’installer dans le haut de tableau de Pro D2. Parce qu’on y est sportivement, mais pas économiquement.