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Londres (AFP) – Après six jours de tollé et de tumulte politico-sportif, le directeur général de la fédération galloise de rugby, Steve Phillips, a quitté ses fonctions dimanche, alors que l’organisation a promis d’éradiquer la culture sexiste dénoncée par plusieurs femmes.
Même s’il n’était personnellement visé par aucune accusation, Phillips a expliqué être “arrivé à la conclusion qu’il est maintenant temps que quelqu’un d’autre montre le chemin”.
Il avait auparavant assisté à une réunion sur la mise en place d’un groupe de travail, annoncée vendredi par le président du conseil d’administration de la WRU, Ieuan Evans, pour enquêter sur les comportements sexistes, racistes ou homophobes au sein de la fédération.
“Je suis tout à fait en phase avec l’engagement de Ieuan en faveur d’un ré-examen et d’une amélioration de notre culture et de nos comportements à la fédération et j’apporte mon soutien total au nouveau groupe de travail indépendant. Je suis heureux d’avoir pu lancer ce processus à la WRU”, a souligné Phillips.
Nigel Walker, qui était jusque-là directeur de la performance à la fédération, a été nommé directeur général par intérim.
Cette décision radicale semblait inévitable après l’indignation provoquée par les témoignages très forts révélés lundi dernier par la BBC, où des femmes racontaient les paroles ou comportements sexistes dont elles avaient été victimes pendant des années et jusque dans les hautes sphères de la WRU.
Un homme, au centre d’entraînement gallois de Glamorgan en 2019, “a dit qu’il voulait me violer. Me ramener à l’hôtel, m’attacher sur le lit et me violer”, avait ainsi expliqué Charlotte Wathan, qui était alors directrice du rugby féminin gallois.
“Je me rappelle en avoir été malade, comme après un coup de poing dans l’estomac. Je me rappelle avoir été en état de choc et m’être dit +est-ce que j’ai vraiment entendu ça?+”.
“Tout le monde a ri”, avait-elle poursuivi, “j’ai quitté la pièce et j’ai éclaté en sanglots.”
La WRU avait assuré avoir mandaté une enquête externe sur ces accusations, mais la BBC avait découvert que plusieurs témoins présents à ce moment-là n’avaient jamais été entendus, pas plus que l’homme accusé, qui travaille toujours pour la fédération.
Amanda Blanc, PDG du groupe d’assurances Aviva, et qui a été pendant deux ans présidente du conseil du rugby professionnel gallois, avait quant à elle quitté cette fonction car elle estimait “ne pas être écoutée” à propos du sexisme au sein de l’institution.
Dans son discours de départ, en novembre 2021, elle avait évoqué une “discussion franchement insultante” où on lui avait demandé de réduire les sanctions contre un élu de la fédération qui avait affirmé que “les hommes sont la race supérieure” et que les femmes devraient “se contenter du repassage”.
Une ancienne employée de la WRU, interrogée sous couvert d’anonymat par la BBC, avait même affirmé avoir rédigé en 2018, une lettre pour son mari au cas où elle se suiciderait, à la suite de harcèlement sexiste.
Le monde politique s’était emparé de la question, la députée travailliste galloise Tonia Antoniazzi, ancienne internationale galloise de rugby, dénonçant des faits “choquants et qui traversent toute la culture du rugby gallois, malheureusement”.
L’un des principaux sponsors, la société immobilière Principality Building, qui a donné son nom au stade de l’équipe nationale à Cardiff, avait exigé “une réaction rapide et déterminée” de la fédération.
Les joueurs gallois avaient aussi réagi via la WRPA, l’association qui représente les joueurs des quatre équipes principales: Dragons, Scarlets, Ospreys and Cardiff.
“Il est temps que la WRU et sa direction prennent leurs responsabilités et se montrent à la hauteur des valeurs inclusives dont le rugby aime s’enorgueillir”, avaient-ils écrit.
© 2023 AFP
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