Le dernier volet de notre série pour élire le Tarn-et-Garonnais ou la Tarn-et-Garonnaise de l'année 2022 est consacré à Claude Dry. L’ancien seconde ligne de l’USM a reçu la médaille du courage des mains de la préfète. Il ne s’agissait pas de marquer la fin de carrière d’un rugbyman, mais de saluer un nouveau pompier volontaire qui a sauvé une personne piégée dans un appartement en feu, en septembre dernier, sans même être en service, ce jour-là. Rencontre avec un homme attachant et respecté par ceux qui l’entourent, auparavant sur le terrain, comme aujourd’hui à la caserne.
Il y a bien un moment où ça va se voir. Il a eu beau préférer, durant toute sa carrière de rugbyman professionnel, les féroces batailles de l’ombre aux grandes envolées, Claude Dry n’a pas pu se cacher tout le temps.
Et pour cause : outre son gabarit impressionnant (2, 03 m), l’ancien seconde ligne sud-africain de l’USM a été l’un des meilleurs à son poste en Pro D2, en totalisant 300 matchs en quinze saisons (Grenoble, Dax, Pau, Montauban et Carcassonne), sans compter les 11 apparitions en Top 14 et 5 en Challenge Européen.
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En tirant sa révérence à l’univers ovale, cette année, le colosse a troqué son casque à pointes pour le casque des pompiers volontaires du centre de secours de Montauban. C’était en juin 2022. Un tout autre match a débuté pour lui. Avec déjà un premier exploit à la clef.
Lorsque j’ai quitté la salle de judo, j’ai entendu des gens qui criaient à l’aide, à l’aide… en voyant un pompier arriver vers eux
Seulement deux mois après son intégration, il a sans doute sauvé la vie d’un homme d’un certain âge pris au piège sur le balcon de son appartement en feu. Tout est parti d’un feu de cuisine qui s’est déclaré dans un appartement du premier étage d’un immeuble du quartier de la Fobio, à Montauban.
Il était 18 h 35, ce lundi 19 septembre 2022. Ce soir-là, Claude Dry sortait de la salle de judo où il venait d’assister à la toute première séance de ses deux petits garçons, Julen, 6 ans et Kayden, 7 ans. Il n’était pas en service.
« J’avais mis la tenue des pompiers car je devais me rendre à une formation de pompier après le judo. Mais ce n’était pas une tenue adaptée au feu. Pas de casque, pas de gants, pas de masque… Lorsque j’ai quitté la salle de judo, j’ai entendu des gens qui criaient à l’aide, à l’aide… en voyant un pompier arriver vers eux », raconte le volontaire.
Il ne s’agissait pas d’une évacuation trop académique, mais on y est arrivé.
La victime se trouve coincée sur le balcon avec deux autres personnes qui l’ont sortie de son appartement en feu. « On m’a alors tendu une échelle et je suis arrivé à mon tour sur le balcon. Là, j’ai pris la décision d’y rester seul avec la victime. C’était étroit. En les tenant à bout de bras, j’ai donc aidé les deux autres personnes à descendre par le balcon. Il ne s’agissait pas d’une évacuation trop académique, mais on y est arrivé. Ensuite, j’ai allongé à côté de moi la victime pour éviter qu’elle ne soit pas plus asphyxiée. J’avais l’impression qu’elle était consciente, mais épuisée. Il y avait beaucoup de fumée et l’homme en avait pris pas mal. On a attendu comme ça mes collègues », raconte le secouriste.
Le Centre opérationnel des pompiers a dépêché sur place pas moins de 36 soldats du feu. L’incendie sera rapidement circonscrit, mais plusieurs occupants de l’immeuble seront transportés au centre hospitalier de Montauban après avoir inhalé de la fumée. Ils en ressortiront tous rapidement, notamment le sapeur Claude Dry. La principale victime va très vite récupérer aussi.
Décidément, à 37 ans, l’ancien rugbyman semble construit d’un autre bois, épargné par les faiblesses des hommes, leurs frustrations, leurs excès. Les torrents de louanges que ses exploits sportifs ont déversés sur lui, ou encore aujourd’hui, après son acte de bravoure n’y ont rien changé. Aussi à l’aise dans le costume de super-héros qu’à la portée des autres quand il revient sur Terre.
Médaillé du Courage et du Dévouement en décembre dernier, lors de la Sainte-Barbe des pompiers, Claude s’est empressé de saluer « les deux autres personnes qui étaient sur le balcon avant mon arrivée ne doivent pas être oubliées. Elles ont extrait la victime de l’appartement. Moi, je suis arrivé après. » Fausse modestie ? Chez lui, rien de tout ça. Le nouveau sapeur dit retrouver au contact des pompiers des valeurs similaires à celles du rugby. « On retrouve le même esprit d’équipe, la même exigence. La seule différence, c’est que dans le rugby, on dit parfois qu’il faut poser le cerveau, alors que dans les pompiers, il faut toujours rester dans la réflexion. »
Justement, maintenant qu’il a tourné le dos au rugby, le sapeur Dry pense de plus en plus à embrasser une carrière de pompier professionnel. Son nouveau défi est lancé.
29 octobre 1985: naissance en Afrique du Sud
Claude Dry est né à Durban (Afrique du Sud) d’un père militaire et d’une mère travaillant dans le domaine de la sécurité. Il a une sœur plus jeune que lui de quatre ans et qui vit désormais en Australie.
1998: ses premiers pas dans le rugby
A 13 ans, le « petit » Claude décidait de mener de front deux disciplines sportives : le karaté et le rugby. Avant de trancher pour le rugby, il a disputé, à l’âge de 16 ans, les championnats du monde de karaté à Budapest.
2006: six mois à Montluçon
Il est recruté comme joker médical par le club de l’Allier évoluant alors en Fédérale 1. Il y restera six mois avant de signer à Grenoble.
2015: le titre avec la Section paloise
Champion de France de Pro D2.
2016: une finale avec l’USM
Arrivé en 2016, Claude Dry portera les couleurs montalbanaises pendant trois saisons. Il était notamment dans le groupe qui a disputé la finale d’accession au Top 14 face au SU Agen.
2022: une autre vie
En juin, il entre dans les rangs des pompiers volontaires de Montauban.
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Homme chaleureux et ouvert, cela ne m'étonne pas de lui. Un vrai Monsieur que ce Claude là.
S