Entre vos fonctions d’entraîneur chez les Sharks et le projet UBB, comment partagez-vous votre temps et vos neurones ?
Je suis bien occupé. J’étais venu chez les Sharks pour me régénérer, pour changer ma façon de réfléchir. Cette sollicitation de l’UBB est arrivée. Elle ne pouvait pas se refuser. On commence très tôt ici. Je passe donc mes matinées jusqu’au milieu de l’après-midi avec les Sharks. Cela se calme vers 16 heures. Et les fins d’après-midi, je les passe sur les sujets qu’il y a à traiter sur le projet UBB. Avec beaucoup de discussions et d’échanges avec Laurent Marti (le président) et la cellule de recrutement. Avec certaines personnes qui feront partie du staff à l’avenir aussi, et d’autres qui sont déjà dans l’existant. Tout s’anticipe. En janvier-février se règlent des choses qui détermineront la performance de septembre prochain.
Je suis bien occupé. J’étais venu chez les Sharks pour me régénérer, pour changer ma façon de réfléchir. Cette sollicitation de l’UBB est arrivée. Elle ne pouvait pas se refuser. On commence très tôt ici. Je passe donc mes matinées jusqu’au milieu de l’après-midi avec les Sharks. Cela se calme vers 16 heures. Et les fins d’après-midi, je les passe sur les sujets qu’il y a à traiter sur le projet UBB. Avec beaucoup de discussions et d’échanges avec Laurent Marti (le président) et la cellule de recrutement. Avec certaines personnes qui feront partie du staff à l’avenir aussi, et d’autres qui sont déjà dans l’existant. Tout s’anticipe. En janvier-février se règlent des choses qui détermineront la performance de septembre prochain.
Comment travaillez-vous sur le recrutement ?
Il y a une cellule qui fait un travail remarquable avec Christophe Laussucq, Nicolas Zenoni et Laurent Marti lui-même qui est très investi. On échange beaucoup aussi avec les personnes qui nous rejoindront. Recruter, c’est un risque, c’est un challenge. C’est un boulot intéressant mais il ne faut pas se rater. Je l’ai appris à mes dépens lors de mes quatre années à Bayonne. Chaque erreur de casting peut devenir une grosse problématique. Pour les postes ciblés, l’idée générale est d’amener du punch et de la puissance au niveau des avants et du leadership. Aujourd’hui, sur la photo de l’équipe, on a une moyenne d’âge élevée, très expérimentée. Et derrière, on cherche du leadership car on anticipe que beaucoup de joueurs vont être mobilisés par l’équipe de France. En période internationale, on anticipe que l’on peut manquer d’expérience dans la prise de décision.
Avez-vous déjà discuté avec certains joueurs leaders de l’UBB ?
On était dans un scénario particulier avec cette double confrontation avec les Sharks. Cela me paraissait mal placé de rentrer en contact avec certains joueurs. Ils ont une actualité, un présent à gérer qui génère de la pression. Ils ont besoin d’être impliqués à fond. Si j’avais été en place, je n’aurais pas apprécié que ceux qui arrivent passent trop de temps à pomper de l’énergie aux joueurs. Je l’ai vécu l’an passé à Bayonne. J’étais celui qui partait. C’est rigolo, le rugby te fait souvent retomber dans des cycles que tu as vécus, dans des positions différentes. Donc je n’ai eu aucun joueur de l’UBB avant cette double confrontation. Mais la Champions Cup est terminée. Je pense que je vais être amené à discuter avec certains leaders de l’équipe mais je le ferai avec beaucoup de mesure par rapport aux échéances. Je n’ai pas voulu brusquer les choses et mettre les gens mal à l’aise.
Quelle est votre analyse des forces et des faiblesses de l’UBB ?
Cette double confrontation m’a servi. J’ai une vision assez claire du potentiel, de l’état d’esprit, de l’environnement. D’autant qu’une de mes missions chez les Sharks, c’est d’analyser le jeu de l’adversaire. Cela m’a permis de travailler en profondeur sur Bordeaux. Il y a des choses que l’UBB fait très bien. Elle a de grosses qualités dans les duels. Elle possède des individualités de premier plan. Elle a une énergie, un caractère remarquable dans certains moments. C’est un socle important. Il y a des choses que je ferai différemment sur un plan rugbystique. Cela fait partie de la subjectivité de tous les entraîneurs.
Sur cette double confrontation, avez-vous été à l’aise avec la situation ?
Pas trop… Je savais qu’on n’avait pas besoin d’avoir paraphé un contrat, la parole de Laurent Marti me suffisait. Mais vu que je n’avais pas encore officiellement signé, je n’étais pas trop à l’aise avec ça. Je suis content que ces deux matchs soient passés. À l’issue du dernier match, j’ai pu échanger avec certaines personnes du staff. Ça m’a fait du bien de leur parler car j’étais un peu gêné.
Au moment où vous avez été sollicité par l’UBB, avez-vous pensé à écourter votre aventure en Afrique du Sud ?
Je ne souhaitais pas arriver de suite, déjà par respect vis-à-vis du staff en place qui fait du très bon travail depuis plusieurs années. Je n’aurais pas aimé qu’on me le fasse. Et prendre à bras-le-corps un projet aussi important que celui de l’UBB, il faut le faire dans de bonnes conditions, avec des gens qu’on a choisis, proprement. Le patron de l’UBB, c’est Laurent Marti. S’il m’avait dit, « c’est à prendre maintenant ou à laisser », je pense que j’aurais eu mal à la tête.
Dans votre parcours personnel, comment envisagez-vous l’étape UBB ?
Quand je me retourne, j’ai l’impression que le temps est vite passé. Sans compter mon année de consultant chez les Sharks, j’ai fait 14 ans d’entraînement. J’ai fait 10 ans comme adjoint au Stade Toulousain et en équipe de France avec des fortunes diverses. Ensuite, j’ai basculé en tant qu’entraîneur principal à Bayonne, dans un club en plein développement, avec un projet axé sur la formation. J’y ai pris beaucoup de plaisir. On est monté peut-être trop vite en Top 14. On est redescendu de manière très douloureuse pour ne pas dire injuste. Et on est remonté. Cela a vraiment été très formateur. Et là, je recherchais un projet sportif avec une équipe possédant des moyens et des ambitions. De ce point de vue, le projet de Bordeaux cochait toutes les cases. J’ai été honoré et ravi qu’on me propose ce challenge.
Vous avez choisi Thibault Giroud, le directeur de la performance de l’équipe de France, pour bâtir votre projet. Pourquoi ?
Je connais Thibault depuis longtemps. Nous sommes en contact régulier depuis son passage à Glasgow. Moi, j’étais en équipe nationale. J’essayais de comprendre pourquoi on était en retard au niveau du paquet d’avants sur la contribution au jeu. On est devenu copains. Il a une expertise certaine sur la préparation athlétique et sur la gestion de la performance. C’est la bonne personne pour donner une dimension athlétique supplémentaire à notre équipe. Il sera directeur de la performance. C’est un projet large. Son expérience acquise au niveau international va être un atout précieux. Il s’entend très bien avec les joueurs. Il a aussi été moteur sur le recrutement de certains. L’UBB sera mieux armée avec lui.
Avez-vous finalisé votre staff ?
Il est finalisé à 80 %. Des personnes qui sont dans le projet actuel continueront. Des personnes de confiance et de compétence me rejoindront. Mais sur la partie sportive et le coaching, tout n’est pas encore bouclé. Il est prématuré de m’exprimer là-dessus.
Que vous aura apporté cette saison chez les Sharks ?
Je suis venu pour comprendre comment ce rugby sud-africain gagne avec beaucoup de simplicité et d’efficacité, pour voir comment l’engagement des joueurs se traduit au quotidien. Ce rugby sud-africain regorge de potentiel mais souffre économiquement. Je suis impressionné de voir comment avec peu de moyens, ces équipes ont autant de rendement. Toutes les provinces sud-africaines sont qualifiées en Champions Cup, les Springboks sont allés battre l’Angleterre à Twickenham… C’est un rugby qui compte. J’ai vraiment appris des choses ici.
Cet état d’esprit est-il exportable ?
Non. On est un pays latin. Même si on se plaint beaucoup, les joueurs français souffrent beaucoup moins dans leur famille, au niveau politique et social, que les joueurs sud-africains. Ça développe des réactions différentes. Mais en France, on a aussi des forces, un ADN. Il ne faut pas faire l’erreur du copié-collé car ça ne marche jamais. Mais je m’estime chanceux d’avoir pu passer une saison en tant que consultant chez les Sharks.

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