Si vous avez pris ce pari an août, vous avez aisément financé vos cadeaux de Noël. Les Bayonnais sont sixièmes du championnat à la fin des matches aller. Ils facturent 31 points. La dernière fois qu’ils en recensaient autant après 13 journées, Kylian Mbappé avait 11 ans et Nicolas Sarkozy présidait la République. C’était en 2010 (32 points). Une éternité. Et le résultat final fut le meilleur de l’histoire de l’Aviron en Top 14 : une septième place.
Il faut le rappeler, Bayonne est le seul club de l’élite à n’avoir jamais disputé la grande Coupe d’Europe. Elle n’était pas au programme des ambitions du début de saison, pas plus que les phases finales. Logique pour un promu, le seul de l’exercice. Mais n’est-ce pas le moment de s’amuser à titiller un nouvel objectif, après les deux précieux points ramenés de Pau (22-22) ce vendredi ? Surtout si l’année se termine en beauté, samedi prochain, par une septième victoire en autant de matches à Jean-Dauger. « Toulon le 31 à Bayonne, à 15 heures, avec du beau temps et une atmosphère sympa : c’est facile à préparer, sourit le manager Grégory Patat. Les joueurs vont réussir à se mobiliser. Ce serait sympa de finir l’année civile par une victoire, et de conserver notre invincibilité à Dauger. »
Vous ne trouverez personne pour vous parler d’autre chose que de maintien dans l’entourage du club. Ou plutôt, personne de bien briefé. Afa Amosa s’était risqué à évoquer le « top 6 », à ne « rien s’interdire », un soir d’octobre et de victoire face à La Rochelle. Un peu prématuré. Désormais, le sujet n’est plus incongru. « Restons humbles », balaye pourtant le troisième ligne Baptiste Heguy. « Ce n’est pas de la langue de bois de dire qu’on vise le maintien, assure Maxime Machenaud. Est-ce que c’est pour ne pas se relâcher qu’on dit ça ? Je ne sais pas. Mais c’est notre objectif de début de saison, et notre parcours montre, pour l’instant, qu’on peut se maintenir. »
Le parcours des Basques montre aussi qu’ils peuvent chatouiller le haut de tableau. Ils tutoient le Racing, troisième du championnat à quatre points devant. Ils ont accroché les plus gros à leur tableau de chasse (Lyon, Toulouse, La Rochelle, Bordeaux, le Racing et Clermont au Michelin), ce que tout le monde ne réussira pas à faire en bas de tableau. Et ils auront l’avantage de recevoir sept fois (contre six déplacements) lors de la phase retour. Quand on sait la ferveur qui habite Jean-Dauger depuis la reprise (sept guichets fermés, en comptant le match à venir contre le RCT, annoncé complet), le paramètre est à intégrer.
« Le plus important pour nous pour l’instant, c’est qu’on laisse huit équipes derrière, apprécie le manager. On est très heureux d’être sixième mais on avance petit à petit. On construit notre saison. Par exemple, c’est important de maintenir les Palois derrière. » Ils sont à quatre longueurs. Comme tant d’autres. Et tous ne gagneront pas chaque week-end, quand bien même l’Aviron marquerait le pas. « Tout peut aller très vite, nuance le demi de mêlée international (38 sélections) », en rappelant la victoire de Brive face à Clermont (20-16) ce vendredi.
L’Aviron est aussi marqué par les traumatismes du passé. En 2021, l’équipe entraînée par Yannick Bru est descendue en Pro D2 après une saison à dix victoires. Pire, en 2015. Le club terminait avec la bagatelle de 52 points. Insuffisant pour se sauver. Le record tient toujours. Et explique peut-être cette volonté de rester bien planqués. « Je ne crois pas qu’on se cache : les matches sont tous télévisés », sourit Machenaud. « Je ne ressemble pas à Guy Roux parce que je ne surveille pas les joueurs en sortie, a plaisanté Grégory Patat, vendredi soir, avant de s’interrompre en se remémorant la récente actualité extra-sportive du club. Mais on parle toujours de maintien. Tant que mathématiquement il n’est pas acquis, on ne va pas s’enflammer. » L’ex-entraîneur de l’AJ Auxerre n’aurait pas dit mieux.

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