C’est une pochette-surprise. Dedans, l’Aviron Bayonnais, surprenant sixième du Top 14 à mi-saison. Le seul promu du championnat étonne au point d’alimenter les conversations sur la course aux phases finales. On y trouve également un recrutement judicieux. Outre Camille Lopez, qui concentre à juste titre une grande part de la lumière tant il est éblouissant depuis le début de saison, les choix de Grégory Patat s’avèrent quasiment tous payants. Quatre joueurs venus de Pro D2 symbolisent cette réussite : le pilier droit Pascal Cotet, les deuxièmes ligne Manuel Leindekar et Thomas Ceyte, et le troisième ligne Pierre Huguet.
« Il y a vraiment eu un très gros travail du staff et un très bon ciblage sur le recrutement à l’intersaison…
« Il y a vraiment eu un très gros travail du staff et un très bon ciblage sur le recrutement à l’intersaison, apprécie l’expérimenté trois-quarts centre Yann David (34 ans, 4 sélections). On voit qu’ils ne se sont pas trompés. Les mecs ont plus que les épaules pour faire carburer l’Aviron chaque week-end. » En témoigne le temps de jeu offert à chacun.
Derrière le quinté de leaders (Lopez, Baget, Cassiem, Maqala, Germain), Pierre Huguet est le sixième joueur le plus utilisé de l’effectif (12 matches, 10 titularisations, 760 minutes). Et le troisième ligne aile de 27 ans dépassera ce samedi Gaëtan Germain (761 minutes), out pour le reste de l’exercice. Passé par Dax et Carcassonne, le natif de Châtellerault est un amoureux des tâches de l’ombre. Avec 143 plaquages, il est tout simplement le deuxième meilleur plaqueur du Top 14, derrière le Castrais Tom Staniforth (165). Dans les rucks, il grimpe aussi sur le podium de la division : 11 ballons grattés depuis le début de l’exercice, juste derrière les internationaux Yacouba Camara (Montpellier, 14) et Wenceslas Lauret (Racing, 13).
« Pierre Huguet, je le connaissais de Dax, raconte son équipier Thomas Ceyte. On s’est joué plusieurs fois à Carcassonne. Je savais que c’était un très bon joueur, qu’il avait le potentiel pour jouer en Top 14. » Grégory Patat n’avait aucun doute là-dessus : « Quand tu fais plus de 25 matches en moyenne par saison en Pro D2, tu as validé ce niveau. C’est une très grosse satisfaction pour nous. Il doit s’améliorer dans le jeu sans ballon, dans les intensités de course et en attaque, mais sa faculté d’encaisser les collisions et de gagner ses duels défensifs est naturelle. C’est quelque part son super pouvoir. C’est un joueur toujours bien noté, toujours stable dans ses performances, rassurant pour le coach. C’est facile d’intégrer ce type de joueur dans l’équipe. »
Pilier droit. Le poste sans doute le plus recherché du Top 14. Cet été, quelques dents ont grincé en voyant l’effectif de l’Aviron Bayonnais. Les peu connus Pascal Cotet et Pieter Schlotz ont rejoint Tevita Tatafu et Chris Talakai à droite de la première ligne. Rien de ronflant. Grégory Patat a dégainé un sourire carnassier à la moindre remarque, l’air de dire : « Vous verrez bien ». Tout le monde a vu. Pascal Cotet s’est imposé comme le numéro 1 des numéros 3. Après une solide performance contre le Racing, il a retourné à lui seul la dernière mêlée de l’UBB pour offrir la victoire aux siens.
« C’était l’un des meilleurs piliers de la Pro D2, rappelait Patat en août dernier. Oui, il jouait à Narbonne (NDLR : relégué en Nationale). Oui, il a beaucoup voyagé (Perpignan, Oyonnax, Narbonne, Aubenas, Narbonne et Bayonne). Oui, il a une histoire de vie. Mais c’est un joueur qui veut prouver beaucoup de choses. Il veut savoir ce qu’il vaut en Top 14. » Cotet a répondu. Pilier le plus utilisé du groupe (12 matches, 7 titularisations, 582 minutes), il affiche le 10e temps de jeu de l’effectif. Et démarre toutes les rencontres importantes, comme ce samedi face à Toulon. Ce n’est pas un hasard si l’Aviron ne l’a pas sanctionné suite à son écart extra-sportif du début du mois de décembre : Cotet est indispensable. Pour moins que ça (plusieurs voitures en stationnant embouties sous l’empire de l’alcool), Sione Tau avait été licencié par le passé. Moins indispensable.
Un franc-parler, un humour décapant et une activité de tous les instants sur le terrain. Thomas Ceyte (31 ans) est une autre des jolies surprises de l’Aviron Bayonnais. L’ex-capitaine de Nevers a encore livré une prestation colossale, vendredi dernier à Pau (22-22). Lui aussi peut se vanter d’être un titulaire du moment (12 matches, 10 titularisations, 737 minutes et le 7e temps de jeu du groupe). « Même si je ne venais pas pour cirer le banc, je m’étais mis dans la peau d’un outsider au niveau de la concurrence avec Kote (Mikautadze) en arrivant, indique le deuxième ligne d’1,96m. Donc oui, je suis surpris de jouer autant. Kote a plus de 100 matches de Top 14 (NDLR : 117). Je voulais m’étalonner, savoir un peu où j’en étais. » Globalement dans le XV de départ.
« Mes différentes expériences avec ce style de profil à La Rochelle m’ont montré que ces joueurs, qui jouent 25 matches et sont leaders dans leur équipe de Pro D2, ont le potentiel pour être des soldats en Top 14, glisse Patat, qui a aussi construit son groupe en fonction. J’estime qu’il faut des mecs expérimentés, des leaders, des soldats et des jeunes. C’est le premier postula. Et je me suis aperçu que des joueurs de Pro D2 qui faisaient plus de 20 matchs par saison pouvaient être de très bons soldats de ce Top 14. Mais c’est vrai que pour certains, je ne m’attendais pas à ce que ça aille aussi vite. »
Manuel Leindekar est légèrement en retrait au niveau du temps de jeu (12e de l’effectif). Rien d’infamant : 8 matches, 7 titularisations et 520 minutes. Le deuxième ligne de 25 ans souffre de la concurrence frontale avec le capitaine Denis Marchois. Il ne sera d’ailleurs pas de la partie pour ce dernier jour de l’année, mais mérite de figurer dans la catégorie des bonnes pioches de D2. Proche des Sud-Américains (Bosch, Bogado) mais aussi de Pierre Huguet, l’international uruguayen présente l’avantage d’être Jiff, et de savoir ce qu’il veut. « Il a des objectifs perso très clairs dans sa tête, et très élevés. Il a une très bonne relation au travail », apprécie son manager.
Leader de touche confirmé comme Baptiste Heguy et Denis Marchois, l’ancien joueur d’Oyonnax est « en adéquation avec les ambitions du club », juge Patat. Lui comme les autres n’a « pas l’habitude de tricher dans les tâches basses. Ils sont donc tous à l’endroit idéal pour performer et s’épanouir rapidement. » Pour l’instant, ça se voit.

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