Barbarians – Fidji, c’est la superbe affiche proposée ce samedi au stade Pierre-Mauroy. La promesse d’un rugby spectacle servi par l’état d’esprit des Barbarians et la magie des Fidjiens. La région ne pouvait pas rêver d’une meilleure mise en bouche avant la Coupe du monde.
Derrière ce nom barbare se cache un club de gentlemen créé outre-Manche par les étudiants d’Oxford et Cambridge dès 1890, quand le rugby est inventé par William Webb Ellis. En France, c’est en 1979 que le Barbarians Rugby Club voit le jour sous l’impulsion d’une bande de copains emmenés par Jean-Pierre Rives. À 69 ans, Casque d’or, l’emblématique capitaine du XV de France, est toujours président de ce club à nul autre pareil qui réunit d’anciens internationaux ou joueurs proches du niveau international et véhicule des valeurs d’amitié et d’amour du rugby. « Au-delà de l’idée, les Barbarians sont une philosophie, un esprit. Rien d’autre qu’un esprit. Ils protègent un espace de liberté, de fraternité. Être Baa-Bass, c’est une façon d’être, de se comporter. On respecte un certain code », écrit Jean-Pierre Rives. Au-delà du folklore et des valeurs, les Barbarians, qui portent le maillot aux trois bleus, forment une véritable équipe de rugby de haut niveau qui prend sa place dans le calendrier international.
Attaquer de toutes les positions possibles et même de celles qui sont impossibles… C’est au départ la philosophie des Barbarians qui veulent « servir l’amour du jeu sans la pression sportive, économique et médiatique ». Tout au long de sa carrière, Denis Charvet (60 ans), l’ancien trois-quart centre international (23 sélections) passé par Toulouse, le Racing et Stade Français, a régulièrement répondu à l’appel de l’équipe, dont il est aujourd’hui le manager général. « Les Barbarians, c’est tout ce que j’aime, le rugby que j’aime, les valeurs qui me sont chères. C’est un club à part, une autre ambiance…, explique le Baa-Baas historique, qui est aussi l’une des voix joyeuses du Moscato Show sur RMC. Chez les Barbarians, on a toujours sélectionné des joueurs avec un état d’esprit irréprochable. Ce sont de très bons joueurs de rugby bien sûr, c’est la première condition. Mais il faut aussi que l’état d’esprit soit excellent. Il n’y a jamais eu de brebis galeuse… »
En pleine séquence internationale, les Barbarians ont saisi l’opportunité d’affronter les Fidji, qui disputeront à cette occasion le troisième match de leur tournée d’automne après avoir croisé l’Écosse et l’Irlande. La date du samedi 19 novembre a été choisie, car elle a l’avantage d’être libre à la veille de France – Japon (dimanche 20 novembre à Toulouse). C’est le stade Pierre-Mauroy qui a été retenu, en collaboration avec la MEL (Métropole Européenne de Lille), pour accueillir la rencontre. Ce choix n’est pas anodin car France 2023 va pouvoir se mettre en configuration Coupe du monde et se servir de l’événement comme d’une répétition générale. Les Fidji logeront dans un hôtel Coupe du monde et s’entraîneront au Stadium comme le feront certaines sélections pendant la compétition.
Après deux saisons blanches à cause du Covid, les Barbarians ont repris du service en novembre 2021 par une victoire sur les Tonga (42-17) à Lyon, avec Morgan Parra à la baguette et un duo d’entraîneurs composé de Laurent Labit et Xavier Garbajosa. Leur dernier match s’est soldé par une défaite le 1er juillet dernier à Houston face aux États-Unis (26-21).
Il y a 30 ans exactement, le 31 octobre 1992, les Barbarians battaient l’Afrique du Sud (25-20) au Stadium. Denis Charvet s’en souvient très bien puisqu’il figurait dans l’équipe aux côtés de nombreuses légendes du rugby français. L’équipe alignée ce jour-là avait une allure folle : Serge Blanco ; Patrice Lagisquet, Denis Charvet, Philippe Sella, Philippe Saint-André ; (o) Didier Camberabero, (m) Rob Jones ; Laurent Rodriguez, Abdelatif Benazzi, Éric Champ ; Jean Condom, Léo Lopy ; Pascal Ondarts, Marc Dal Maso, Grégoire Lascubé.
On peut aussi se souvenir que le 7 novembre 2000, les Barbarians avaient dominé les All Blacks au stade Bollaert de Lens (23-21). Denis Charvet était déjà manager et les héros s’appelaient ce jour-là Marc Liévremont, Yannick Jauzion, Jean-Luc Sadourny, Pierre Mignoni ou encore Jean-Michel Gonzalez.
« Je n’ai que de très bons souvenirs dans la région, s’enthousiasme Denis Charvet. La victoire face aux Springboks, un match contre La Roumanie, les Blacks comme dirigeant… C’est un public passionné qui aime le rugby, je le constate à chaque fois. C’est un public qui veut du spectacle, voir du beau jeu. Et je pense qu’il sera gâté avec cette affiche qui proposera quelques-uns des meilleurs joueurs du monde. On attend au moins 35 000 spectateurs, on fait tout pour que le stade soit rempli. »
Parmi ses attributions, le manager Denis Charvet a la responsabilité de désigner un duo d’entraîneurs avec lesquels il forme un comité de sélection pour bâtir un groupe. Il s’agit du manager de Carcassonne, Christian Labit, et de l’entraîneur adjoint de Bordeaux-Bègles, Frédéric Charrier.

Pour les joueurs, c’est un peu plus compliqué, notamment concernant les actuels internationaux. « Fabien Galthié a une liste de 50 joueurs qui ne sont pas sélectionnables pour nous », explique Denis Charvet. Ce sont donc les joueurs à la lisière du XV de France que le manager peut convoquer. « Je choisis ceux qui sont disponibles, avec l’accord des clubs, ce qui n’est pas toujours évident. Les joueurs doivent observer du repos et c’est de plus en plus compliqué à gérer car le calendrier est toujours plus chargé. » L’ancien international français Maxime Machenaud (Bayonne, 33 ans, 38 sélections) en sera le capitaine. Le groupe de joueurs sélectionnés a été annoncé début novembre (à retrouver à la fin de cet article).
Actuellement 13e nation au classement de World Rugby (la France est deuxième derrière l’Irlande), les Fidji promettent une grosse opposition à des Barbarians qui ne partiront pas forcément favoris. « Les Fidji, c’est compliqué comme dirait Éric Champ…, sourit Denis Charvet. Aujourd’hui, c’est l’une des meilleures nations du monde. Ce sont des joueurs doués, très techniques et très costauds. Ils n’ont pas beaucoup de failles, ils ont beaucoup progressé. S’il fallait encore identifier une faille, je dirais le secteur de la mêlée et encore. Ce sont des funambules, les magiciens de ce jeu. Ils sont capables de tout, sont imprévisibles », appuie le manager, dithyrambique.

Les Fidji sont d’autant plus dangereux qu’ils ont évolué, sont plus structurés et plus pragmatiques sous les ordres du sélectionneur néo-zélandais Vern Cotter, l’ancien entraîneur de Clermont. « Ça va être compliqué pour nous. Il va falloir bâtir une équipe à la hauteur et c’est aussi ma mission, indique Denis Charvet. Septembre va être crucial car je dois imaginer une équipe compétitive à tous les niveaux. C’est un match qui va être passionnant, extraordinaire à préparer et à jouer. Mais un match qui va être périlleux aussi dans le sens où on n’a pas envie de prendre une déculottée. »
À noter que lors de la Coupe du monde, les Fidji figureront dans la poule B avec l’Australie, le Pays de Galles et la Géorgie.
C’est la troisième fois de leur histoire que les Barbarians affronteront les Fidji. Le 22 octobre 1989, les Baa-Baas s’étaient inclinés 16-32 à Bordeaux avec Denis Charvet, qui portait ce jour-là le maillot aux trois bleus pour la troisième fois. « On avait pourtant la grosse équipe avec Vincent Moscato, Pierre Berbizier, Naas Botha, Philippe Sella, etc. Et pourtant on avait pris une raclée… », se souvient le manager. Nouvelle défaite (15-17) le 18 novembre 2001, à Toulon cette fois. Là encore il y avait une belle équipe avec Sylvain Marconnet, David Skrela, Aubin Hueber, Olivier Roumat, Patrice Collazo, Richard Pool-Jones, etc.
Coquetterie typique des Barbarians et de leurs valeurs, les Baa-Baas portent le même maillot mais gardent leurs chaussettes de club.

Les places sont en vente depuis le 5 septembre sur le site de la billetterie du stade Pierre-Mauroy.
– https<UN>://www.stade-pierre-mauroy.com/programmation/sport/barbarians-francais-fidji
Tarifs : 10, 20 et 30 euros.
Aurélien Azar (Castres), Léo Barré (Stade Français), Daniel Bibi Biziwu (Clermont), Louis Bielle-Barrey (Bordeaux-Bègles), Arthur Bonneval (Toulouse), Daniel Brennan (Brive), Arthur Joly (Perpignan), Kévin Kornath (Castres), Mattéo Le Corvec (Toulon), Maxime Machenaud (Bayonne), Jimi Maximin (Pau, prêté à Tarbes), Noa Nakaitaci (Lyon), Alfed Parisien (Lyon), Jonathan Pélissié (Lyon), Pierre Popelin (La Rochelle), Alexandre Roumat (Toulouse), Mathieu Smaïli (Toulon), Mathieu Tanguy (Toulon), Jannick Tarit (Racing 92), Lucas Tauzin (Toulouse), Killian Tixeront (Clermont), Lucas Velarte (Perpignan), Sacha Zegueur (Pau).
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