Il a crevé l’écran en même temps qu’il a écœuré les Vannetais et leurs plus de 10 000 supporteurs, vendredi 2 décembre. D’abord en volant une touche à 5 mètres de la ligne montoise, en fin de première mi-temps (39e). Puis en marquant en force son premier essai de la saison, permettant aux jaune et noir de prendre les commandes de la rencontre (12-17, 70e), avant de voler deux nouveaux ballons sur lancers adverses, dans une fin de rencontre très tendue (73e et 77e).
« C’est un travail d’équipe, sourit timidement Aston Fortuin, dans un français qu’il maîtrise de mieux en mieux. On avait bien bossé dans ce secteur et cela a fonctionné. Et j’étais évidemment heureux de marquer enfin mon premier essai pour ma nouvelle équipe, surtout que ça nous a permis de ramener une très belle victoire. »
Un deuxième succès d’affilée qui confirme le retour en forme du Stade Montois. Un bel enchaînement qui correspond aussi au retour sur les terrains du Sud-Africain. Victime d’une commotion contre Agen, le deuxième ligne (1,98 m, 115 kg) – deuxième avant (après Nicolas Garrault) et cinquième joueur le plus utilisé cette saison (10 matchs, 9 titularisations) – va d’ailleurs enchaîner une quatrième titularisation d’affilée face à Grenoble ce vendredi soir.
« Je ne m’attendais pas à jouer autant en venant ici, chez la meilleure équipe de Pro D2 la saison dernière, raconte l’ancien Narbonnais de 26 ans. C’était une bonne opportunité pour moi pour continuer à progresser et m’améliorer. C’était une bonne décision et tout se passe bien. En 13 matchs cette saison, j’ai déjà remporté plus de rencontres (7) que la saison dernière (5, rires). Je suis content d’être ici, dans un bel environnement professionnel et de vie, car la ville est aussi très sympa. »
Il se plaît tellement, qu’avec sa femme, rencontrée aux Etats-Unis, il prévoit d’ailleurs de profiter des fêtes de fin d’année pour visiter la région, de Bordeaux à Bilbao, en passant par Saint-Sébastien et Bayonne.
Le Sud-Africain, qui connaissait déjà Joris Pialot, son coéquipier à Narbonne, et Michaël Faleafa, dont le frère (Daniel) évoluait également dans l’Aude, s’est parfaitement intégré dans les Landes, bien pris sous son aile par son compatriote Willie Du Plessis, qui l’aide à s’exprimer en français et l’a notamment aidé à trouver une maison. Pour le plus grand bonheur du Stade Montois, car l’une de ses rares recrues de l’été fait déjà (presque) partie des meubles.
« Dès cet été, on a vu qu’il y avait une parfaite compréhension dans ce qu’on lui demandait sur le terrain et sur les repères défensifs », se rappelle Julien Tastet, l’entraîneur des avants montois, qui voulait recruter Aston Fortuin quand il évoluait aux Natal Sharks (2020) et que le Stade Montois cherchait un joker médical à Baptiste Hézard. Mais il s’était déjà engagé avec les Américains des Utah Warriors, où il évoluera plusieurs mois.
« C’est un joueur qui a beaucoup d’activité, qui est intelligent le jeu, qui a une très bonne ligne de course et de très bonnes attitudes dans tous ses duels, poursuit l’ancien troisième ligne. Il correspond à ce qu’on voulait mettre en place, avec un cinq de devant capable d’avancer et d’être actif balle en main. C’était un joueur prioritaire dans notre recrutement, très performant dans le jeu et la conquête. Pour moi, c’est un relais, qui a le leadership sur les touches et qui est très bon dans tout le domaine aérien. Il a aussi cette faculté, dès qu’on veut réguler ou modifier quelque chose avec lui, à le corriger dans la foulée. C’est une très bonne recrue pour nous. »
Encore un peu timide – « mais plus car il ne maîtrise pas totalement la langue » –, Aston Fortuin a rapidement su conquérir sa place sur et en dehors du terrain. « C’est un joueur qui pige les systèmes, capable de lire les situations, de bien les jouer, qui a de la puissance, qui est complet et dont on avait besoin pour amener de la plus-value dans notre effectif, ce qui est le cas, poursuit le manager Patrick Milhet. C’est un très beau joueur de rugby. Et puis il est très facile, c’est quelqu’un d’attachant, qui est important dans la vie de groupe. C’est aussi une belle rencontre pour le club. Il est très discret en tant que personnage, certes, mais il est aussi capable de prendre le micro et de pousser la chansonnette (rires). »
Pourquoi pas dès ce vendredi soir, pour lancer le chant du succès, après une troisième victoire consécutive ?