C’est comment de jouer contre ses anciens coéquipiers ? La question est souvent posée aux joueurs lorsque le calendrier annonce la rencontre entre leur nouvelle équipe et celle qu’ils ont quittée à l’intersaison. Ce vendredi soir (19 heures), pour le dernier match de ce premier bloc, c’est le cas de Thomas Sauveterre. En rouge et blanc avec le maillot du Biarritz Olympique, le talonneur (29 ans) sera face aux jaunes et noir de Carcassonne, avec lesquels il a joué six ans. « Je prends ce match très à cœur et je le sens très particulier parce que je n’ai connu que ce club dans le monde professionnel. J’ai fait toutes mes classes à Montpellier mais c’était différent. J’ai tout découvert avec Carcassonne, c’est le club qui m’a lancé et pour lequel j’ai une grosse attache », lance le principal intéressé.
L’animal, souvent appelé le sanglier d’après ses dires, n’est pourtant pas du genre à se laisser déborder par les émotions. La simplicité, la décontraction et la sérénité semblent le caractériser même s’il a prévenu ses coéquipiers, notamment les avants, que ce soir, il allait falloir être prêts au combat. « Il n’y aura pas de retenue car je sais qu’eux n’en auront pas envers moi ! C’est surtout de l’excitation qui domine. J’ai hâte de voir ce que ça fait de jouer contre eux. Ça va être costaud », sait à l’avance le titulaire au talon pour la quatrième fois d’affilée.
Quand on sait que beaucoup de rencontres de ce championnat, notamment celles du BO depuis le début de la saison, se jouent sur des détails, avoir un joueur qui connaît quasiment par cœur l’équipe adverse peut servir au moment de l’accueillir : « J’ai eu un échange avec Roger (Ripoll) sur la mêlée. Il avait son analyse mais il voulait voir si j’étais d’accord avec lui et surtout si j’avais d’autres points à apporter, plutôt techniques. J’en ai aussi parlé avec Shaun, juste avant la mise en place pour avoir quelques détails de plus, pour vraiment ne rien laisser au hasard. Ce n’est pas de longues discussions mais ils aiment bien, je pense, avoir ces quelques aspects supplémentaires », confie Thomas Sauveterre.
À 29 ans, c’est justement un nouvel environnement, une nouvelle structure et un nouvel encadrement dont il avait besoin. « La saison dernière, au fur et à mesure j’ai su que le noyau dur de l’équipe allait être dispersé et moi j’avais l’envie et l’ambition de voir autre chose », glisse le talon qui s’est donné « un coup de pied aux fesses » en acceptant la proposition de contrat de deux ans du BO.
Avec Matthew Clarkin, Shaun Sowerby, Barry Maddocks et Roger Ripoll, il a effectivement senti la différence. Un management et une gestion plus à l’anglo-saxonne : « À Carca, il y avait une façon de faire qu’on ne trouve pas ailleurs. Christian (Labit) a une manière incroyable de manager les joueurs, c’est peut-être moins dans le pointu et plus dans l’humain. Ici, je sens que c’est très dans le détail de la technique, le côté émotionnel est moins présent », confie-t-il.
Comme le reste du groupe le dit et le répète à longueur de conférence de presse, Thomas Sauveterre n’est pas inquiet sur le potentiel de son équipe et sur ses capacités à monter en puissance. « Il suffit d’un déclic, d’un match plein pour que ça bascule. On a les bases, en conquête on est bien en place, il ne manque que des rouages », assure-t-il.
Lorsqu’un groupe est neuf, est-ce plus dur de mettre ces rouages en place derrière que devant ? « Non », répond Shaun Sowerby en écho (lire par ailleurs). Le talonneur abonde : « Dans le jeu c’est vrai que c’est compliqué devant parce que même si nous sommes dominateurs, il y a des placements à trouver, des repères à installer et si nous, on ne met pas l’équipe dans l’avancée grâce à ces éléments, c’est compliqué pour ceux de derrière de s’exprimer. »
Pendant que chacun trouve ses marques dans le groupe, Thomas Sauveterre compris, ce dernier découvre aussi avec plaisir ce nouveau coin de vie dans lequel il a embarqué sa compagne, originaire de Béziers. « Ce n’est pas désagréable comme coin (sourire). Il y a tout à proximité et pas forcément besoin de prendre la voiture, ça change. Je commence aussi un peu à penser à l’avenir donc j’ai des projets entre Montpellier et Béziers mais maintenant que je suis arrivé à Biarritz, tout le monde me dit que je ne voudrai jamais repartir », sourit celui qui est aussi membre du comité directeur de Provale. « Ça permet de voir le rugby d’une autre façon, d’être mieux informé et de rencontrer des gens que je n’aurais pas croisés autrement », confie-t-il. Pour le coup ce soir, il connaît tout le monde.

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