Anthony Biscay, l’entraîneur des avants de l’Anglet Olympique, est de nature prudente. Son équipe réalise un début de championnat somme toute correct, puisqu’elle occupe la quatrième place du classement. Mais le technicien ne veut pas s’enflammer. « Que Saint-Jean-de-Luz soit en haut, ça me paraît normal, car ils ont prouvé, ces dernières années, qu’ils faisaient partie des belles équipes de la Fédérale 1, glisse-t-il. Autant, pour nous, je ne sais pas si cette place reflète la réalité de notre niveau. On fera le point à Noël. Là…
Anthony Biscay, l’entraîneur des avants de l’Anglet Olympique, est de nature prudente. Son équipe réalise un début de championnat somme toute correct, puisqu’elle occupe la quatrième place du classement. Mais le technicien ne veut pas s’enflammer. « Que Saint-Jean-de-Luz soit en haut, ça me paraît normal, car ils ont prouvé, ces dernières années, qu’ils faisaient partie des belles équipes de la Fédérale 1, glisse-t-il. Autant, pour nous, je ne sais pas si cette place reflète la réalité de notre niveau. On fera le point à Noël. Là, c’est beaucoup trop tôt. »
Si l’ancien troisième ligne veut prendre ce classement avec des pincettes, c’est avant tout car son équipe peut faire de très belles choses, comme passer complètement à côté de ses matchs. Au tiers du championnat, les Angloys comptent 24 points (cinq victoires, trois défaites). Saint-Jean-de-Luz affiche un bilan similaire. « Nous n’avons pas changé par rapport à ce que nous savions faire, rappelle Eric Bonachera, un des trois présidents du SJLO. Aujourd’hui, on ne se met pas la pression, on joue au rugby et on compense notre manque de densité physique par un jeu basé sur la vitesse. »
Dans cette nouvelle division, les deux clubs basques, malgré moins de moyens (financiers, structurels), font de la résistance face aux quelques équipes professionnelles de la poule et collent aux trois cadors que sont Auch, Périgueux et Niort. Ainsi, ils prouvent qu’ils sont légitimes dans cette Nationale 2, même si l’AORC n’a pas gagné son ticket sur le terrain, puisqu’il est monté sur tapis vert. À ce sujet, Jean-Louis Lahargou, le coprésident d’Anglet, glisse : « Le fait d’être parti sur un semi-échec, l’an dernier, a peut-être obligé tout le monde à se remobiliser. Vous savez, la peur de ne pas être à la hauteur stimule, motive. »
À Anglet ou Saint-Jean-de-Luz, les joueurs restent amateurs, travaillent la journée, et ne s’entraînent que trois fois par semaine. « Au vu de la pluriactivité des mecs, on ne peut pas les obliger à venir tous les jours au stade », avoue Biscay. Dans les deux camps, des séances de musculation supplémentaires et optionnelles ont été mises en place et le SJLO a intégré une salle de musculation au Pavillon Bleu pour permettre aux joueurs de se développer. Voilà le seul changement.
Si les deux équipes, fidèles à leurs principes, prônent un rugby de mouvement, elles ont cependant rencontré plusieurs problèmes, en première ligne, depuis le début de la saison. Embêté par de la casse, Anthony Biscay n’a pas pu, à plusieurs reprises, changer ses piliers en cours de match, et il arrive, en semaine, que l’AORC ne s’entraîne qu’avec trois ou quatre piliers valides. Pas l’idéal. « C’est un peu pareil pour tous les clubs de la zone, note Lahargou. Nous n’avons pas les ressources qu’ont certaines équipes dans d’autres régions. » Et ce n’est pas le SJLO qui dira le contraire.
Pour cause, Saint-Jean a connu, peu ou prou, les mêmes soucis, lorsque le mois dernier, Lucas Santamaria, Greg Landrodie et Alexandre Lalanne ont rejoint les rangs de l’infirmerie. D’ailleurs, un pilier argentin devrait débarquer sur la Côte basque, prochainement, pour renforcer la première ligne luzienne. « Quand tu rencontres des équipes comme Périgueux ou Niort, tu vois très bien que tu n’y es pas au niveau de la densité physique. Mais ce n’est pas que devant, puisque les mecs rendent tous dix à quinze kilos. Après, c’est sûr que sur des postes spécifiques comme pilier, on n’aura jamais quatre Géorgiens pour jouer dans le championnat », glisse Eric Bonachera.
Une fois le contexte posé, que peut-on attendre de ce derby ? « On espère faire un bon résultat, annonce Lahargou. Mais au-delà de ça, il faut se mettre au-dessus de la mêlée. Il faut que ce soit une belle fête pour le rugby amateur. Nous sommes dans une région où le rugby pro vampirise beaucoup de choses. Il faut profiter de ces moments pour montrer que le rugby amateur existe à un bon niveau, qu’il présente un bon spectacle avec des beaux moments à vivre autour du stade. »
Ce week-end, les femmes et enfants de moins de 18 ans ne paieront pas l’entrée au stade, et malgré le mauvais temps annoncé, le fait d’avoir programmé le match un samedi devrait permettre à un public nombreux de s’asseoir sur les bancs du Pavillon Bleu. « Il y a deux ou trois ans, les Angloys étaient restés avec nous pour faire la fête après le match », se souvient Bonachera. « Le but premier de jouer au rugby est que le match ait un sens, note Biscay. Il y a certains dimanches, à l’extérieur ou à domicile, où il n’y a pas beaucoup de vie autour du terrain. Là, ce samedi, il y en aura. » Et pas qu’un peu.