Sa trajectoire est météorique. Joueur de Lorient, club qui évolue en Série, jusqu’en 2019, Gaël Dréan, 21 ans, vient d’enchaîner deux titularisations, pour deux essais, avec le RC Toulon, en Top 14 ! « Quand j’ai vu ça, je me suis dit : « Ce n’est pas possible, il n’a pas joué avec l’équipe de Top 14 ! » », rigole André Kervinio, son premier entraîneur en U8 au Rugby Ovalie Lorient, en 2008.
Son passage éclair du niveau amateur au plus haut niveau du rugby français a impressionné bon nombre de ceux qui l’ont côtoyé lors de son parcours en Bretagne, de Lorient à Rennes en passant par Plouzané. Surpris, ils le sont tous, mais seulement à moitié. « Je retrouve les mêmes qualités qu’il avait en U8, il avait déjà une sacrée pointe de vitesse ».
Or, le gamin doit composer avec un petit gabarit qui lui ferme les portes de la sélection de Bretagne en jeunes. « Il était tout petit et maigre, il n’avait pas assez de physique pour jouer en sélection », se souvient Evan Rigoussen, qui a croisé l’ailier du RC Toulon à Lorient, avant de devenir l’un de ses meilleurs potes à la fac à Brest et à Plouzané, en Fédérale 3.
Pour Gaël Dréan, le point de bascule se situe là, dans le Finistère, en 2019, à 18 ans. « Il jouait avec la fac et Plouzané est venu le chercher. Au début, il ne voulait pas venir, il se disait qu’il n’aurait jamais sa place, rembobine Paul Spagnol, l’un de ses coéquipiers au Pac. Techniquement, il n’était pas le meilleur, mais il faisait des différences par sa vitesse ». « Lors du premier match de la saison, à La Baule, on a été ultra-dominé, mais sur son premier ballon, une interception dans nos 22 mètres, il est allé à l’essai, ajoute son entraîneur à Plouzané, Adrien Le Roy. On a tout de suite compris qu’il fallait compter sur lui ».
Celui qui ne pensait pas avoir le niveau Fédérale 3 se dit alors qu’il peut aller voir plus haut. Jusqu’en pro ? Pas vraiment. « Quand on a 19 ans et qu’on joue en Fédérale 3, c’est difficile de se voir en Top 14. Jamais on aurait pensé qu’il jouerait en Top 14, c’est une marche qui paraissait inaccessible », admet Rigoussen.
Pourtant, le gamin de Lorient se donne les moyens. « Il travaillait plus que tout le monde. Gaël, c’est une bête de travail, raconte Ivi Ladein, un autre pote de Plouzané et de la fac. Il se rajoutait des séances de muscu, de sprint, de cardio ». « C’est là aussi qu’il a commencé à manger six fois par jour, et beaucoup de steaks car il se trouvait trop maigre, ajoute Evan Rigoussen. Il a pris dix kilos de muscle (1,84 m, pour 84 kg). À Plouzané, il désossait des troisièmes lignes qui faisaient 30 kilos de plus que lui, c’était impressionnant. Il était largement au-dessus du niveau Fédérale 3 ». Pour preuve, l’ailier supersonique marque 18 essais au cours de sa seule saison plouzanéenne.
Avant de filer deux étages au-dessus, au Rennes EC, en Fédérale 1. Là encore sur la pointe des pieds. « Là aussi, il se disait que c’était impossible de s’imposer. Et il a enchaîné les essais (14 la saison dernière), pointe Paul Spagnol. Gaël n’est pas du genre à douter, mais il n’a pas le boulard et se remet toujours en question. Après le match du RCT contre Perpignan, où il a marqué un essai, il ne nous parlait que des erreurs qu’il avait faites ».
La clé de la réussite de Gaël Dréan se cache sans doute là. Dans sa tête autant que dans ses jambes. « Il a un mental de fou furieux. Dans notre groupe de potes à la fac, on était des fêtards. Lui, c’était le mec qui venait en boîte mais repartait plus tôt et ne buvait pas car le lendemain, il avait muscu à 10 h, observe Ivi Ladein. Beaucoup disent qu’il arrive de nulle part, mais c’est mérité ».
« C’est une éponge, il apprend et assimile très vite, ajoute Vincent Brehonnet, entraîneur adjoint du Rec. On l’a fait travailler sur sa capacité à dézoner et son jeu devant la défense. Or, sur son premier match de préparation avec Toulon, il a franchi deux fois et donné deux balles d’essai. Cela montre qu’il a déjà progressé sur cet aspect du jeu ».
De là à lui voir un destin en Bleu ? « C’est très anticipé, calme Bréhonnet. Il prend conscience de son potentiel. On a vu des trajectoires similaires (en Bleu). Avec sa vitesse, alliée à l’intensité et à son sens de la marque, il peut faire de très très belles choses ». Ses potes sont du même avis. « Je ne lui vois pas de limites, estime Evan Rigoussen. Et comme ça, on pourra peut-être gratter quelques places au Stade de France ! »

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