Alan Brazo est devenu docteur en océanographie, jeudi dernier, dans un amphithéâtre de l'université de Perpignan. Devant ses proches et amis, il a brillamment défendu sa thèse, sur la biologie et l'écologie d'un petit poisson méditerranéen, le corb. L'avenir du troisième ligne de l'USAP se jouera au fil de l'eau.
Une mi-temps pour valider sept ans d'études et de travaux. Quarante minutes pour expliquer le résultat de longues recherches. C'est ce qu'il a fallu à Alan Brazo pour devenir docteur océanologue, jeudi dernier dans l'amphithéâtre 3 de l'UPVD, l'Université de Perpignan Via Domitia. En un peu plus de quarante minutes, le troisième ligne de l'USAP a soutenu sa thèse, sur un sujet qu'il a parfaitement maîtrisé devant son assemblée: "Contribution à la connaissance de la biologie et de l'écologie du corb (Sciaena umbra) en vue de sa conservation, rôle des AMPs dans la dynamique de recolonisation."
Pour connaître l'origine du corb, il a fallu ouvrir les pages du Petit Larousse, qui nous a appris qu'il s'agissait d'un "poisson carnivore à chair estimée, commun en Méditerranée." On était loin d'Aimé-Giral, où parfois certains requins de terre sont bien pires que ceux qui peuvent fendre les flots ! Les joutes endiablées du Top 14 et les mêlées qui s'emmêlent étaient loin. Alan a surtout évité de s'emmêler les pinceaux, de ne pas paniquer lorsque la vidéo, à quelques minutes du coup d'envoi de sa défense de thèse, a refusé de fonctionner ! "C'est sûr que ce n'était pas la meilleure manière de lancer mon sujet, explique-t-il. Mais avant de démarrer la discussion, on n'avait pas trop eu le temps de répéter ni de tester l'informatique…"
C'est là que son expérience de sportif de haut niveau est venue à sa rescousse. "Tout ne se passe pas toujours comme on l'a imaginé, poursuit-il. Le rugby t'apprend à garder la tête froide, à ne pas t'affoler, pour mieux rebondir." Ce qu'il a fait trois quarts d'heure durant, avec un interlocuteur en vidéoconférence, et des projections de schémas explicatifs pour expliquer à son auditoire que "le corb, espèce bio-indicative mesurant entre 30 et 40 centimètres, caractérisé par de grandes nageoires, et qui émet des sons particuliers en période de reproduction, était passé tout près de l'extinction."
D'où lui est venue cette passion pour la biodiversité marine, les poissons en danger, l'océan ? "Je le dois à mon grand-père, Jacques, raconte-t-il. Lorsque j'étais enfant, il m'emmenait à la pêche et m'a appris un tas de choses. Comme nous habitions Castres, il n'y avait pas la mer. Mais j'étais intéressé par la nature et l'eau. C'est lorsque je suis arrivé pour étudier à Perpignan, à l'université, que les choses se sont mises en place peu à peu. Je songeais suivre un cursus universitaire autour de l'environnement, sans trop d'idée précise. Et puis j'ai commencé à plonger un peu, sur Banyuls. Les stages effectués, le travail en laboratoire (la CEFREM de l'Université), la recherche, tout ça m'a ouvert l'esprit et donné envie d'en savoir davantage. Sur la vie sous-marine,la biologie marine, le traitement de l'eau." L'idée d'une thèse est partie de cette réflexion.
Jeudi était le grand jour. Devant sa famille, ses amis et quelques copains de l'USAP, Lucas (Bachelier), Piula (Faasalele), Tristan (Labouteley) sans oublier le coach "Pat" (Arlettaz), Alan Brazo a brillamment défendu la cause du petit "corb" qui deviendra grand grâce aux AMP, les Aires Marines Protégées, qui permettent la reproduction, l'observation et la compréhension de la diversité sous-marine. Il a défendu la première réserve marine française, une zone de 650 hectares, dont 585 sont interdits à la pêche ou à la chasse sous-marine, créée dès 1974 entre Cerbère et Banyuls.
Pendant deux ans et demi, il a suivi une vingtaine de corbs, équipés de télémétrie acoustique qui ont renvoyé un million de signaux de détection entre la surface et 42 mètres de profondeur. Une observation pour mieux comprendre comment ce poisson méditerranéen se déplace, vit et se reproduit. C'était le résultat de ce travail qu'Alan était venu présenter au jury. Son maître de thèse, Philippe Lenfant, docteur en océanographie biologique, écoutait attentivement le cours de son protégé. À la fin de l'intervention, la salve d'applaudissements couronnait un bel exposé qui vaut à Alan Brazo le titre de docteur. Un seul regret. Que son grand-père Jacques, décédé l'an passé, n'ait pu assister à ce couronnement. Mais ce succès lui ouvre les portes d'un prochain terrain de jeu, où l'eau remplacera l'ovale lorsqu'il raccrochera les crampons. Pas pour tout de suite…
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Bravo à lui et sincères félicitations pour avoir mené de front cursus universitaire et sport de haut niveau.
C'est un bien bel exemple pour tout jeune sportif.
Jean-Pierre Carrère
Un grand bravo pour avoir réussi à concilier de hautes études avec une carrière sportive de haut niveau.
Souhaitons que cette belle semaine se termine avec une victoire contre le Stade Français.