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Crédit photo : Sébastien Grasset
Avec l’Union Gascogne Basket, Pierre Pelos a démarré en Régionale 2, à 16 ans. Puis au gré des années qui passent, il a transité par la NM3, la NM2, la NM1, la Pro B et la Betclic ÉLITE, pour finalement arriver en équipe de France à l’âge de 30 ans. En 2021, nous l’avions comparé à un caméléon, pour son incroyable faculté d’adaptation à son environnement. À l’occasion de son arrivée en Bleus, nous vous proposons de relire le parcours exceptionnel de l’intérieur burgien.
Lors du printemps 2021, Pierre Pelos nous avait conté son parcours, lui le surveillant de nuit dans un lycée palois devenu un joueur de première division. « L’équipe de France est évidemment un objectif crédible avec les fenêtres internationales« , nous disait-il à l’époque. « J’espère réussir à revêtir la tunique un jour. Avoir une sélection ou deux, ce serait sympa. Porter les couleurs de mon pays à ce niveau-là, ce serait bien, surtout après l’avoir fait en jeune. Je bosse pour cela en tout cas, le terrain parlera pour moi. »
Seul nouveau de la liste de Vincent Collet pour le déplacement en République tchèque et la réception de la Lituanie en février, l’intérieur de la JL Bourg est parvenu à ses fins. Sûrement l’effet EuroCup pour celui qui fait preuve d’une efficacité assez remarquable sur la scène continentale (11,3 points à 65% et 5,7 rebonds pour 14,3 d’évaluation en 19 minutes). Depuis Kaunas, où la Jeu profite des installations du Zalgiris pour préparer le déplacement à Panevezys, il nous a confié ses impressions quant à son arrivée dans le grand monde bleu, lui qui avait dû passer à côté d’une invitation à être le sparring-partner de la préparation des JO 2021 à cause d’une cheville récalcitrante. « Je le sais depuis vendredi. C’est une satisfaction mais ce n’est qu’une étape de plus de franchie. Ce n’est pas pour autant qu’il faut s’arrêter de travailler. C’est vrai que c’est rare que cela arrive à 30 ans pour la première fois mais comme on dit, je suis un late-bloomer. Tout vient à point à qui sait attendre. Et je suis encore jeune, il ne faut pas croire (il rit). Il m’a fallu plus de temps que beaucoup d’autres, surtout par rapport à la génération qui arrive aujourd’hui. J’ai pris mon temps pour arriver là où je voulais aller et j’ai coché une étape de plus. Les Bleus, c’était carrément un objectif, d’autant plus avec l’instauration des fenêtres internationales qui représentent une opportunité pour les joueurs n’évoluant pas en NBA ou en EuroLeague d’être appelé pour représenter la France. J’ai reçu beaucoup de messages de félicitations dans la journée, ça fait plaisir mais rien ne s’est passé pour l’instant, j’ai juste été appelé. On verra comment se passeront les six jours le mois prochain. »
À cette occasion, maintenant que l’ascension de Pierre Pelos prend une trajectoire encore plus remarquable, nous vous proposons de relire le portrait que nous lui avions consacré le 11 mai 2021.
Il est de ces joueurs qui ne semblent pas avoir de limite. De ceux dont on demande où ils stopperont leur ascension. Une seule fois a-t-on cru que Pierre Pelos (2,05 m, 28 ans) avait atteint son plafond : c’était en 2017, en Pro B. Mal à l’aise à la JL Bourg derrière l’hydre à deux têtes Zack Peacock – Youssou Ndoye, il part chercher plus de responsabilités à Fos-sur-Mer mais enchaîne les mauvaises prestations. Le Top 8 de Pro B, terme de sa progression ? La réponse viendra quelques mois plus tard : élu MVP de la finale des playoffs (19,5 points à 89% et 5,5 rebonds en 19 minutes de moyenne contre Roanne), le Gersois s’immiscera l’année suivante sur le podium des meilleures évaluations françaises de Jeep ÉLITE (15,4, avec 12,7 points à 57%, 5,4 rebonds et 1,2 passe décisive), derrière deux noms infiniment plus prestigieux : Youssoupha Fall et Paul Lacombe. Retourné depuis à Bourg-en-Bresse, ses performances en EuroCup (11,5 points à 52%, 5,7 rebonds et 1 passe décisive pour 13,2 d’évaluation) ont confirmé qu’il possédait un don : celui de s’adapter immédiatement au niveau auquel il évolue. Tel un caméléon. Une précieuse faculté qui l’a ainsi mené du deuxième niveau régional jusqu’aux joutes européennes.
Une progression qui tient tout de l’évidence et du paradoxe. De tout temps, les coachs de Pierre Pelos lui ont rabâché qu’il avait le potentiel pour aller plus haut, tout en regrettant unanimement son manque d’exigence envers lui-même, sa propension à se contenter du minimum et une certaine nonchalance. « J’aimerais qu’il soit plus dur », disait ainsi, par exemple, Frédéric Fauthoux en 2013 tandis que Rémi Giuitta répétait, au cours de son passage sur les bords de la Méditerranée, qu’il avait le niveau EuroLeague dans ses mains, si seulement il parvenait à comprendre qu’il était nécessaire de se faire plus mal. Si l’enfant d’Urdens a longtemps frustré ses entraîneurs, c’est parce qu’il est doté d’un talent largement au dessus de la moyenne : un immense arsenal offensif avec des mains en or combinées à des qualités techniques exceptionnelles, une excellente compréhension du jeu avec cette capacité à souvent se placer au bon endroit, une polyvalence sur les deux postes intérieurs… De quoi faire oublier son manque de qualités athlétiques, et cette explosivité qu’il n’a jamais eu, ce qui le pénalise défensivement. Et pourtant, il a largement progressé physiquement ces derniers temps, notamment au niveau des déplacements. Le résultat, peut-être, de la charge de travail accrue qu’il s’impose désormais entre les saisons, fruit, sûrement, d’une prise de conscience et d’une maturité nouvelle lui ayant fait comprendre qu’il était temps d’en faire plus.
Il y a douze ans, Pierre Pelos complétait l’effectif de l’Union Gascogne Basket en Régionale 2. Il y a huit ans, il était sacré champion de France NM3 avec l’Élan Béarnais. Il y a sept ans, il gagnait sa vie avec un poste de surveillant de nuit dans un internat d’un lycée palois. Cette saison, il a marché sur un club mythique du basket européen (33 d’évaluation en 25 minutes contre le Partizan Belgrade, MVP de la 4e journée de l’EuroCup) et partagé le terrain avec d’autres légendes comme Milos Teodosic. En attendant de savoir quels seront les prochains chapitres de cette admirable ascension, l’intérieur de la JL Bourg a accepté de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur en notre compagnie.
« J’ai grandi dans un petit patelin du Gers, perdu au fond de la campagne. Je suis né avec un ballon de basket dans les mains, j’ai démarré tout petit. C’est presque même ce qui me poussait à aller à l’école parce qu’il y avait un panier de basket dans la cour ! Le basket est une affaire de famille. Mon père évoluait en Nationale 4, mon cousin jouait aussi, lui qui était un exemple pour moi quand j’étais jeune, donc j’ai suivi le mouvement. J’ai commencé à Montaut-les-Créneaux, où je m’entraînais même au début avec les filles, tous les mercredis.
J’y ai joué jusqu’à mes 16 ans, j’ai fait des mini-poussins jusqu’aux cadets France deuxième division là-bas, et même Régionale 2 puisque j’évoluais aussi avec les séniors lors de ma dernière année. En cadets, on avait fusionné avec plusieurs autres clubs du coin pour former l’Union Gascogne Basket. On est allé jusqu’au Final Four du championnat alors qu’on ne s’entraînait que trois fois par semaine. On gagnait quand même alors qu’on affrontait des équipes bien plus préparées, c’est qu’on avait quelque chose ! Quand je vois les cadets de la JL Bourg maintenant, c’est le luxe à côté ! Nous, on n’avait rien (il sourit). »
« Après le Final Four avec l’UGB, on a été promu en cadets France première division mais on a dû déposer le bilan car on n’avait pas assez de joueurs pour ça. Certains clubs professionnels étaient intéressés : j’avais notamment refusé d’aller à Pau car ça m’embêtait trop de redoubler et de repartir en seconde pour être au centre de formation. Il y avait aussi Gravelines, Cholet et Chalon sur le coup. J’avais cartonné lors d’un championnat de France UNSS avec mon lycée, c’est là où je m’étais fait un peu voir. Mais j’ai préféré opter pour Auch.
J’étais troisième années cadets mais je jouais en NM2, chez moi. Ce sont deux années qui m’ont énormément servies. J’avais 17 ans, j’étais un peu mou mais je jouais avec des hommes. J’ai pris cher mais j’ai appris vite. Parfois, il faut être dans le dur pour se lancer, je jouais contre des joueurs qui venaient de Pro B. Lors de ma dernière saison, nous sommes malheureusement descendus en Nationale 3 mais ça restait un super apprentissage quand même. C’est à Auch que j’ai commencé à jouer dur, à prendre un peu de vice. Ne pas aller directement dans un centre de formation fut un choix carrément payant, ça m’a plus servi que de jouer en Espoirs ou que de rester en cadets. Pour un jeune, la NM2 est vachement plus enrichissante, surtout pour un intérieur. »
« Après Auch, il n’y a que Pau qui est venu à me chercher à cette époque-là. Laurent Vila était venu jusqu’à Auch pour me voir à l’entraînement, discuter avec moi, me convaincre de venir. L’Élan me désirait vraiment donc c’était intéressant pour moi d’y aller. Lors de ma première année, j’ai surtout évolué en Espoirs (dont deux pointes à 45 et 48 d’évaluation, ndlr) et je dépannais en NM2. Je préférais largement jouer en Nationale 2, avec Pau-Nord-Est, plutôt qu’avec les Espoirs. OK, avec les Espoirs, il y a des grands, ça court mais ce n’est pas physique du tout. Après, je ne l’ai pas vu comme un pas en arrière car je m’entraînais aussi avec les pros. C’était également une année de découverte car je suis passé de trois entraînements par semaine à deux entraînements quotidiens.
Ensuite, j’ai joué en Nationale 3. Nous avons été champions de France, nous avons tout gagné, sauf la finale du Trophée Coupe de France (perdue contre les Espoirs de Gravelines-Dunkerque, ndlr). C’était une très bonne saison, avec une vraie bande de potes. De ce groupe, il y a maintenant Bastien Pinault et moi en Jeep ÉLITE maintenant, Sébastien Cape et Paul Turpin en NM1. Sur le banc, il y avait Frédéric Fauthoux qui nous a coachés pendant deux ans. Il nous a bien cadrés et énormément aidés. Mais lui aussi était dans l’apprentissage, la découverte de son nouveau métier, alors je pense qu’on l’a bien aidé également. Il me faisait jouer 30 minutes, j’étais sa première option, il y avait pas mal de systèmes pour moi. À l’époque, je continuais à m’entraîner tous les jours avec les pros. Parfois, en cumulant avec la NM3, ça me faisait trois entraînements par jour. C’était enrichissant. Claude (Bergeaud) m’a fait rentrer parfois très tôt lors des matchs de Pro B (9 apparitions), j’étais surpris. J’avais des minutes où je n’étais pas trop mal mais je pense que je n’ai pas tout à fait su saisir ma chance cette année-là.
En 2013, Pau remonte en Pro A alors que j’ai fini mon cursus Espoirs. Fred Fauthoux et Dominique Loueilh ont fait le forcing pour que je reste un an de plus afin de continuer à m’aguerrir. J’ai suivi la réserve en NM2 et je m’entraînais tous les jours avec la Pro A, aux côtés des Ahmad Nivins, Hristo Nikolov, Jean-Frédéric Morency et Abdel Sylla. C’était quand même physique et ça jouait au basket. À côté de cela, je travaillais. J’étais surveillant de nuit au lycée Saint-Cricq, à Pau. Je bossais la nuit et je m’entraînais trois fois dans la journée, c’était un rythme complètement fou. Surveillant, ça ne me plaisait pas mais j’en avais besoin pour gagner des sous et vivre à côté du basket. Je faisais cela lors de deux ou trois nuits par semaine donc je ne dormais pas vraiment. C’est dur de récupérer mais j’étais jeune et je me suis adapté. Défendre sur Ahmad Nivins avec 4 heures de sommeil, c’est sûr que ce n’est pas facile (il rit). C’est un rythme à prendre.
Je tire un très bon bilan de mon passage à Pau. J’y ai énormément appris, notamment la discipline nécessaire pour y arriver, et j’ai découvert le basket de haut niveau, en allant voir des matchs à la salle ou en regardant la télé. Quand j’étais petit, on n’avait pas les chaînes pour voir les matchs, je suivais comme je pouvais avec les magazines ou en allant voir les matchs de Valence-Condom en NM1. C’était encore le temps où l’Élan Béarnais avait une grosse identité, avec des joueurs du cru. En l’occurrence, beaucoup de Landais, plus un Gersois comme moi. C’est le club qu’on connaissait tous quand on était petit alors avoir autant de résultats avec que des locaux, c’est quelque chose dont on était extrêmement fiers. »
« En 2012, j’ai été sélectionné pour l’EuroBasket U20 en Slovénie. Je me rappelle avoir énormément joué en préparation : cinq matchs en cinq jours lors d’un tournoi en Turquie, dans le cinq de départ aux côtés de Rudy Gobert en Italie ensuite. Mais, lors du premier match de l’Euro, contre l’Allemagne, je passe un peu au travers et ça me coûte ma place pour le reste de la compétition où j’ai assez peu joué. Mais ça reste une très bonne expérience, terminée avec une médaille d’argent autour du cou. On perd la finale d’un point contre la Lituanie, sur un petit score (49-50), alors qu’on était à -12 plus tôt dans la rencontre. Ça reste une frustration mais avec du recul, je peux dire que ce que l’on a fait était bien.
J’ai pu côtoyer les meilleurs joueurs de ma génération, comme Léo Westermann, qui était déjà prêt à faire carrière. Pour l’anecdote, j’ai été l’une des premières personnes à savoir qu’il allait signer au Partizan. Pendant le tournoi en Turquie, on partageait notre chambre à l’hôtel et il avait passé la semaine au téléphone avec son agent à discuter du Partizan. Il y avait aussi Gobert, mais ce n’était pas le Rudy d’aujourd’hui. Il était quand même déjà impressionnant, notamment en défense avec son envergure, mais il était beaucoup plus léger. Ça se voyait qu’il partait de loin et qu’il avait déjà sacrément bossé. C’était le seul qui allait tout le temps à la muscu, qui travaillait en permanence. C’est un gros bosseur et ça a payé, je ne suis pas surpris de son parcours. »
« Je ne vais pas mentir : je n’avais pas envie d’aller en NM1 mais je n’avais que ça. Ça s’est fait car je connaissais extrêmement bien le coach Alex Casimiri, j’avais joué plusieurs contre lui en cadets France plusieurs fois. Au final, ce fut une super saison : j’ai pu découvrir le niveau pro en compagnie d’un groupe exceptionnel. Tous les mercredis, on dînait ensemble ; tous les jeudis, c’était soirée FIFA – EuroLeague. Sportivement, j’ai eu un rôle très important, je terminais les rencontres, j’ai prouvé que j’avais ma place à ce niveau. »
« Avec Tarbes-Lourdes, j’avais réussi deux bons matchs contre eux donc Alain Thinet voulait me signer à tout prix. J’avais des appréhensions au début puis j’ai réussi à me libérer et la saison s’est très bien déroulée, je me suis rapidement adapté à la Pro B. Alain et moi, on fonctionne tous les deux à l’affectif. Ça a matché de suite entre nous, il m’a beaucoup apporté. Saint-Chamond, c’était la première fois que je partais vraiment loin de chez moi, une vraie transition personnelle, et il a été top avec moi, comme le reste de mes coéquipiers. »
« Quand je suis arrivé, je me suis dit que c’était un pas en avant dans ma carrière. Auparavant, je n’avais pas joué dans des clubs très structurés alors c’était impressionnant de débarquer à Ékinox, c’est là où je me suis dit que j’étais vraiment devenu professionnel. Ce fut une saison riche, mais compliquée sur de nombreux aspects, notamment car j’étais troisième intérieur derrière un duo surdimensionné pour la Pro B : Zachery Peacock – Youssou Ndoye. J’ai connu beaucoup d’incompréhensions avec Savo Vucevic, je n’avais pas le droit à l’erreur. Avec du recul, ça m’a été utile. Quand je revois les matchs, je me dis qu’il avait raison la plupart du temps, même si c’était parfois injuste. Ça m’a servi car j’ai toujours voulu donner plus pour éviter qu’il me tombe dessus. J’avais vraiment un traitement différent des autres joueurs. À l’entraînement, je prenais cher. Normalement, c’est censé être bon signe mais à un moment donné, ça détruit un peu le moral. J’ai eu de la chance d’avoir des bons coéquipiers, qui me parlaient bien. A chaque fois, il fallait continuer d’avancer car malgré ça, j’étais quand même sur le terrain et j’ai mis à profit les minutes que j’ai eues. À côté, j’ai aussi beaucoup progressé physiquement en travaillant avec Fabrice Serrano. Et il y a eu une très bonne récompense au bout puisque l’on termine avec le titre de champion de France. »
« J’avais la possibilité d’accompagner Bourg en Pro A, mais je me suis dit « pour quoi faire ? »… Un autre étranger allait arriver dans la raquette, j’étais promis à un rôle mineur. Or, je voulais continuer à jouer, à progresser et je me disais que le jour où j’arriverai en Jeep ÉLITE, ce serait pour avoir un vrai rôle. D’où le choix de Fos. Mais on ne va pas se mentir : j’ai merdé pendant l’été. Je suis arrivé à Fos en surpoids, hors de forme. J’étais épuisé de la saison avec Bourg et je me suis complètement relâché pendant l’été. En très peu de temps, j’ai mis en l’air tout le travail que j’avais fourni en amont. Je l’ai payé cher, il m’a fallu six mois pour que je revienne à mon poids de forme et à un niveau compétitif.
À un moment donné dans la saison, Jaraun Burrows s’est blessé alors Rémi Giuitta n’a pas eu d’autre choix que de me mettre sur le parquet. Là, j’ai su saisir ma chance. J’ai directement été performant alors que l’équipe enchaînait les victoires. On arrive en finale contre Roanne et je surfe sur ma dynamique. De suite, j’ai une adresse insolente, je termine meilleur marqueur du match aller en 15 minutes. Je dois rater un seul shoot sur la finale (deux en réalité, 8/8 à l’aller et 9/11 au retour, ndlr). Je me disais que c’était notre chance, que c’était ma chance d’arriver en Jeep ÉLITE. Je termine MVP et c’était jouissif dans le sens où c’était une revanche sur beaucoup de choses. Déjà sur le coach qui était déçu de moi en début de saison, qui râlait, qui appelait en permanence mon agent pour demander ce qu’il se passait. Il ne voulait pas me faire jouer mais comme j’étais français, c’était compliqué de me dire au revoir. Alors oui, quelques mois plus tard, c’était une vraie fierté d’avoir ce titre en main.
Pour ma saison rookie en Jeep ÉLITE, j’ai appris des erreurs de l’année précédente donc j’avais énormément travaillé pendant l’été. Je suis arrivé prêt comme jamais. Pourtant, lors de mon premier match contre Chalon, j’ai eu un peu peur, j’étais sur la pointe des pieds, j’ai trouvé ça dur. Mais dès le deuxième, c’était parti, je ne suis plus sorti du cinq majeur ensuite. Mon but était de ne pas laisser au coach d’autres options que moi donc j’ai toujours répondu présent. Si je me suis surpris de ce que j’ai su faire ? Oui et non. J’étais un peu inquiet car je me suis blessé au début de la saison mais la réception de Bourg en novembre a été le déclic. C’était le match que j’attendais depuis le début de saison, il y avait un gros surplus de motivation de mon côté. On gagne chez nous (78-76) alors qu’on n’avait que deux intérieurs valides, Mam’ Dia et moi, avec une bonne performance de ma part (15 points, 9 rebonds et 3 passes décisives). C’est là où je me suis dit qu’il fallait jouer mon coup à fond.
Au final, c’est une saison mitigée car je individuellement satisfait, content de découvrir ça et de montrer que je peux jouer en Jeep ÉLITE, mais je reste déçu de la relégation. Ça se joue à rien. La saison dure dix mois et se joue sur un seul match, sur une défaite d’un point au Portel. L’avantage qu’on avait, c’est qu’on était Fos-sur-Mer et que tout le monde nous prenait de haut. Mais malgré cela, on a laissé filer plusieurs rencontres dans le money-time. En toute fin de saison, on a un match décisif pour le maintien à la maison contre Le Portel et je me suis préparé comme si je jouais une finale, je suis arrivé déterminé. Personnellement, j’ai fait mon match (31 d’évaluation) mais j’étais trop tout seul. C’est frustrant de voir les mecs à côté qui ne se battent pas, comme si on était déjà promis à la descente, parce que ce match était vraiment à notre portée (67-79). »
« Pendant l’été après Fos, j’avais plusieurs possibilités. Limoges m’a fait une offre qui m’intéressait particulièrement car il y avait l’EuroCup mais toutes les têtes au club sont tombées. Nanterre, Levallois et Le Mans étaient aussi intéressés mais il n’y a pas eu de vraie proposition. Puis la JL s’est positionnée. Je n’ai pas pensé que c’était un retour en arrière car le club était ambitieux. Jouer une Coupe d’Europe, c’était vraiment mon but mais je me suis dit que j’irai la chercher moi-même avec la JL. Avant de signer, j’ai aussi eu Savo au téléphone, on a énormément parlé. Il m’a expliqué que je ne revenais pas avec le même rôle et que ça lui plaisait d’avoir un Français qu’il connaisse, capable de performer en sortie de banc. L’an dernier, je comprends que les gens attendaient plus après la saison que j’ai fait à Fos mais il faut surtout comprendre que le rôle était différent. Entre démarrer ou sortir du banc, ça change vraiment, il faut se réadapter. Quand 50% des attaques passent entre tes mains, c’est facile : tu vas toujours avoir un tir ouvert ou quelque chose pour toi. En revanche, ce n’est pas simple de passer derrière Zack Peacock qui prend une place énorme et montre énormément qu’il veut la balle. Moi aussi, je la veux mais je ne le montre pas ! J’ai mis du temps à apprivoiser le rôle, j’ai manqué de régularité avec des bons et des mauvais matchs. Dommage que la saison se soit arrêtée car c’est au moment où je commençais vraiment à me sentir bien.
2020/21, c’était une saison charnière pour moi. C’est un virage important et je crois que je suis en train de bien le négocier. J’ai travaillé d’arrache-pied pendant six mois, à partir du premier confinement, avec mon préparateur physique personnel, le Covid fut un mal pour un bien personnellement. J’ai annoncé au club que je voulais bien revenir mais que ça n’allait pas se passer de la même façon et c’est exactement ce qui s’est déroulé. L’EuroCup, je l’ai voulu, je l’ai eu alors j’y suis allé sans me poser de question. Pendant toute la phase aller, tant individuellement que collectivement, on a été performants. On sent vraiment que c’est le niveau au-dessus. C’est moins athlétique, ça va moins vite mais l’impact dans le jeu est différent. Les équipes sont plus intelligentes, ça joue différemment, les détails sont beaucoup plus soignés. Personnellement, j’ai pu avoir de l’impact car c’est un jeu qui me correspond encore plus. C’est moins basé sur les qualités athlétiques et c’est pour ça que j’ai été de suite performant. C’était une excellente sensation que de jouer contre ces grands clubs européens. Je me souviens de l’après-match contre Bologne en janvier : j’étais avec Hugo (Benitez) et on se disait que c’était énorme d’avoir joué contre Teodosic et Belinelli, qu’on avait touché du doigt le très haut niveau. On avait perdu, OK, mais putain, on était contents. On se disait que c’était trop bien d’être sur le terrain, c’était exigeant, c’était dur, il fallait tout le temps être concentré, tout le temps être dans le truc. Maintenant, j’ai vraiment envie de connaître ça à chaque semaine. Quand on a goûté à ça une fois, on veut y rester.
On peut avoir de vraies ambitions pour la fin de saison et jouer les yeux dans les yeux avec tout le monde. On voit qu’on est allé gagner à l’ASVEL. On peut vraiment faire quelque chose de grand, surtout s’il y a un Final 8 en terrain neutre. Il peut arriver n’importe quoi. C’est une saison où on peut peut-être aller toucher le titre, pourquoi pas. Maintenant, il faut surtout continuer à gagner les matchs, pour que le club reste à son nouveau standing. »
« Je suis en fin de contrat à Bourg. Mon avenir ? Je ne sais, la saison n’est pas terminée (il avait prolongé de trois ans dans la foulée, ndlr). J’ai toujours du mal à me projeter avant. À terme, bien sûr que l’EuroLeague me fait envie. Avoir un vrai rôle à l’étranger, montrer que je peux exister ailleurs, ça peut être intéressant aussi. Quant à l’équipe de France, c’est évidemment un objectif crédible avec les fenêtres internationales. J’espère réussir à revêtir la tunique un jour. Avoir une sélection ou deux, ce serait sympa. Porter les couleurs de mon pays à ce niveau-là, ce serait bien, surtout après l’avoir fait en jeune. Je bosse pour cela en tout cas, le terrain parlera pour moi.
Peu devaient croire en moi mais à l’arrivée, j’y suis et quand je vois le chemin parcouru, de la Régionale 2 à l’EuroCup, c’est fou ! Bien sûr que je pensais pouvoir y arriver, c’était ce que je voulais. Il faut toujours croire en soi, les rêves peuvent se réaliser. Quand j’entends mes copains me dire « mais putain, tu joues de la même façon en EuroCup qu’en N3 ». Eh bien voilà, il n’y a pas besoin de se réinventer pour jouer au basket. Quand je me regarde, je suis moins pataud, je vais plus vite, plus haut, j’ai de meilleures attitudes mais je fais la même chose qu’avant, j’ai exactement le même style de jeu, atypique, à l’ancienne. La différence, c’est que je le fais plus vite, plus haut et plus fort. J’ai quand même énormément gagné sur les points faibles que l’on me reprochait plus tôt : le mental, le physique, la défense… J’ai vraiment travaillé dessus et je le ressens sur le terrain aujourd’hui, je vois que je peux avoir un impact sur mon équipe là-dessus, en terme d’exigence et d’intensité que je peux mettre en sortie de banc.
Peut-être que cela aurait pu aller plus vite car j’ai mis du temps à réaliser beaucoup de choses, mais mieux vaut tard que jamais. Déjà en Pro B, j’avais eu ma chance avec Pau et je ne l’ai pas saisi, je n’ai pas été très bon sur les machs importants où Claude Bergeaud m’avait fait jouer. J’avais un petit manque de maturité, oui. Quand je vois Hugo (Benitez), il est beaucoup plus avancé que moi au même âge. Je n’ai pas su saisir les opportunités, j’ai dû emprunter un autre chemin où j’ai été obligé de prouver chaque saison et au final, je suis fier de ce que j’ai fait. J’ai constamment réussi à performer à l’échelon inférieur pour aller voir plus haut. Je ne sais pas si c’est une faculté mais j’arrive toujours à m’adapter au niveau où je suis. J’ai construit ma carrière tout seul, pierre par pierre, je suis allé me chercher moi-même les choses et tout ce que j’ai fait, j’en suis très fier. »
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