L'US Carcassonne va retrouver la compétition face à Rouen ce vendredi (à 19 h 30) pour un bloc de six matches. Alors qu’il effectue sa septième saison dans l'Aude, Laurent Delahaye, préparateur physique, livre ses impressions sur le calendrier saucissonné de la Pro D2.
Régulièrement habitués aux blocs de quatre ou cinq rencontres, les supporters de l’hexagone ont vu le calendrier de Pro D2 de la saison actuelle leur réserver quelques petites surprises. En effet, plutôt linéaire depuis une bonne dizaine d’années, le programme 2022-2023 a apporté son lot de nouveautés au premier rang desquels une amorce de phase retour bien particulière. Un premier bloc de deux rencontres avec la réception de Colomiers (défaite 9-21) puis un déplacement à Grenoble (match nul 15-15) pour l’USC, une pause de compétition d’une semaine, avant un second bloc de six matches composé des réceptions de Rouen, Soyaux-Angoulême et d’Oyonnax entrecoupé des voyages à Massy, Aurillac et Nevers. Une curiosité sur laquelle bon nombre d’aficionados du ballon ovale se questionnent, sans forcément trouver d’explications convaincantes.
Exigences des diffuseurs ? Priorité du Top 14 et des compétitions européennes ? Tournoi des Six Nations ? Autres raisons ? Mais sait-on seulement soucier de savoir si ce changement pourrait avoir une répercussion sur le fonctionnement des clubs, la gestion des effectifs, mais aussi des effets indésirables sur les organismes des joueurs.
Pour avoir un avis éclairé, Laurent Delahaye, l’un des trois préparateurs physiques de l’US Carcassonne avec Jérémy Mialhe et Jérémy Granet, s'est penché sur la question. Mais alors, comment le groupe s’est-il préparé à ces deux premiers blocs si particuliers de la phase retour ? "On s’adapte comme on peut. Déjà, jouer le 6 janvier lorsqu’on ne reprend l’entraînement que le 2, c’est assez compliqué. On est obligé de faire des choix entre le temps réservé au rugby et à la préparation physique. C’est une décision qui se prend avec les entraîneurs. De notre côté, nous avons davantage opté pour le rugby". Mais tout en faisant aussi confiance aux joueurs qui bénéficient d’un programme de préparation durant les fêtes n’est-ce pas ? "Tout à fait, même si c’est un peu la roulette russe".
Ce bloc de six journées pourrait paraître monstrueux en termes d’efforts demandés. Est-il donc à aborder avec prudence et sagesse ? "J’ai souvent tendance à dire, n’essayons pas de gérer une fatigue que l’on n’a pas encore créée. On revient de vacances et c’est le moment de bosser. En termes de préparation physique, que ce soit un bloc de cinq ou de six ne change pas grand-chose. C’est plus en termes de management de joueurs, de rotation, sur les temps de jeu que cela va se jouer. Le plus dur à gérer ce sont les joueurs majeurs, les meilleurs joueurs de ton effectif qui doivent enchaîner quand tu n’as pas le choix. Cela demande une certaine gestion pendant la semaine, en termes d’efforts, ne pas faire peut-être tous les entraînements, donner un jour de récupération en plus à un certain moment."
Comment vous organisez-vous ? "On aide les entraîneurs à prendre des décisions sur l’intensité et la durée des entraînements, sur des joueurs que l’on sent un peu fatigués. On a des données de ressentis de questionnaires, des GPS qui nous donnent des indices aussi et ça permet d’aider aux décisions. Maintenant, quand tu es en fond de classement, comme actuellement avec Carcassonne, tu as des objectifs à court terme, c’est-à-dire pour le prochain match". Reste que l’USC ne dispose pas de pléthore de joueurs et que cela représente forcément un frein pour un travail optimal. "Pour développer les qualités physiques des joueurs, il faut les entraîner. Et plus on les entraîne dur, plus on a des chances qu’il y ait des facteurs d’amélioration des qualités physiques. Seulement, on est toujours sur la corde raide. C’est-à-dire qu’il faut être dur, mais il ne faut pas blesser le joueur non plus. Donc il y a toujours des prises de risques. Quand on dispose d’un effectif pléthorique, on peut prendre le risque de blesser quelques joueurs à l’entraînement, il y a du monde derrière. Quand on n’a pas beaucoup de joueurs dans l’effectif, ce n’est pas possible. Du coup, on va un peu moins loin et on est un peu moins dur sur la préparation physique".
Il faut donc jongler et s’adapter à ce calendrier particulier. "Déjà, en Pro D2, et par rapport au Top 14 qui enchaîne avec la coupe d’Europe, le fait d’avoir des blocs et des semaines off, c’est quand même bien. Nous avons cette chance-là de pouvoir travailler d’arrache-pied pendant cinq semaines, puis d’avoir une semaine un peu relâche. Après, mis à part cette bizarrerie d’avoir fait deux matches, une semaine sans rien, puis après d’en faire six, je le trouve le calendrier de cette saison correct. On aurait pu faire quatre et quatre ou trois et cinq, mais bon…. Je pense que ce sont les diffuseurs qui ont décidé par rapport à la coupe d’Europe et au Top 14. La Pro D2 passe après…"
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