Prenez quelques tatouages du Pacifique, un châssis en airain, du muscle qui roule, du sourire. C’est la recette de la grande famille Tolofua. On ne sait pas si elle s’est lancée dans la productions industrielle de champions mais en ce moment, l’usine n’est pas fermée. La famille a posé ses quartiers dans le monde du rugby avec Abraham Tolofua, vice-champion de France avec Clermont. Les neveux font le régal des packs de Top 14 et la nièce Julia s’approche des podiums mondiaux avant de monter sur la scène de la Humo Arena, ce mercredi à Tashkent.
Le rugby, c’est l’atavisme familial. Son père, Jean-Luc, a sali son treillis de la Légion étrangère sur beaucoup de terrains. Ceux du 2e Régiment étranger de parachutistes et ceux du ballon ovale. Il a aussi joué au rugby à un bon niveau sur l’île de Beauté. Le paternel a encore les biceps bien saillants. Sheila, la mère, c’est l’Italie dans les veines : “Ma mère est forte de caractère, raconte Julia, mais j’ai pris le caractère de mon père qui est plus tranquille. Il me comprend bien, il sait quand j’ai besoin de souffler. Il y a une espèce d’osmose avec ma famille.” Julia culmine à 1,89m. Sur la balance, environ 130 kilos. Comme Romane Dicko, son amie et coéquipière de l’équipe de France, elle fait partie de ces lourdes où les muscles remplissent le judogi.
Cet été, l’équipe de France féminine de judo a fait escale à Toulouse pour préparer les championnats du monde. L’occasion de disputer un petit toucher avec Peato Mauvaka et Selevasio, le cousin de Julia, troisième-ligne au Stade toulousain. Selevasio, 1,86m, 116 kilos : “Elle est plus large, rigole le cousin. Au-delà de son physique c’est une très bonne personne, elle donne beaucoup d’amour, elle aime danser, rigoler. Plus jeune, elle me tordait dans tous les sens. Si elle n’avait pas fait de judo, ça aurait été une grande joueuse de rugby.”
>>> Les Mondiaux de judo en direct
“On est très fort physiquement, je suis la plus grande, répond la judoka. Les cousins sont trapus et costauds. La génétique fait beaucoup là-dedans, c’est peut être des détails qui font qu’on a ce petit plus.” Le judo n’est pas qu’un sport de force. C’est un jeu d’équilibres subtils, de création de chaos chez l’adversaire avant l’attaque. Tolofua n’est pas un menhir. Elle sait bouger avant de lancer ses grands mouvements de jambe comme harai-goshi ou uchi-mata. L’an passé à Budapest, Julia Tolofua a disputé ses premiers championnats du monde. Une compétition terminée à la 5e place chez les plus de 78 kilos. Un moment charnière dans sa carrière. Un déclic. La confiance s’est allumée dans son esprit : “Je me suis découverte un potentiel et je me suis dit il ne faut pas lâcher ça. Je veux retransmettre cette patate sur les autres compétitions. Aux Mondiaux 2021, j’ai ressenti de la puissance. Depuis ce moment, je me dis que je suis forte. Je me découvre des qualités qui font vraiment la différence.”
Depuis Budapest, elle a disputé sept compétitions. A chaque fois, elle monte sur le podium et entend trois fois la Marseillaise. Les cousins gardent un œil sur les performances de la judoka de l’Etoile sportive de Blanc-Mesnil. Comme elle n’oublie pas de leur écrire à chacune de leur rencontre de club ou du XV de France. Jamais de chambrage. Pas de défi à qui mieux mieux. “Je leur souhaite qu’ils pètent les scores en équipe de France, qu’ils soient les meilleurs. Leurs enfants sont derrière la télé quand je combats. On est tous à se soutenir pour monter le plus haut possible. Je suis fière d’eux qu’ils gagnent ou qu’ils perdent”, raconte Tolofua, numéro 4 mondiale des poids lourds.
Selevasio rêve de Coupe du monde 2023 à domicile. Julia, des JO à Paris un an plus tard. Il faudra devancer Romane Dicko, voire la jeune Léa Fontaine. La marmite Tolofua pourrait bien continuer de produire d’autres bébés bien costauds. Les jeunes Siale et Fetuufolau-Uhila, aussi rugbymen, ont l’air d’être bien nés.
EN DIRECT – PSG-Benfica: Galtier s'agace du psychodrame autour de l'avenir de Mbappé
© Copyright 2006-2020 BFMTV.com. Tous droits réservés. Site édité par NextInteractive