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De passage à Nice au Pathé Gare du Sud, pour une avant-première et une rencontre avec le public, le réalisateur s’est ouvert à nous.
Avec La Guerre des Lulus, en salles ce 18 janvier, Yann Samuell signe un conte philosophique au rythme trépidant, un film choral justement dosé entre rires et gravité et qui a, d’ores et déjà, séduit un public de tous âges. Nous l’avons rencontré en compagnie de Mathys Gros (Ducobu) qui incarne Luigi dans La Guerre des Lulus.
Comment ce projet est-il né?
Il est le fruit d’une rencontre avec la bande dessinée de Régis Hautière. Lorsque le producteur des films du Lézard m’avait proposé, trois ans plus tôt, de faire à nouveau un film avec des enfants, j’étais réticent, par crainte d’être catalogué là-dedans. Mais lorsqu’il est revenu avec la série de BD La Guerre des Lulus, je n’ai plus hésité! Parce que c’est plein de valeurs qui me sont chères.
Vous avez pu transposer votre vision des choses?
Tout à fait. Je n’ai pas l’impression d’avoir fait des films sur les enfants, mais sur la transmission, la passation d’un état à l’autre, le regard de l’adulte sur l’enfant et inversement. En l’occurrence, les Lulus sont des orphelins qui débutent dans la vie en étant juste riches d’eux-mêmes. Et on ouvre la cage de l’orphelinat au moment où le monde est en train de se détruire et eux de se construire.
Ils font le chemin inverse? Ils sont à contre-courant du monde qui les entoure?
Exactement, c’était une jolie métaphore sur laquelle je pouvais calquer ce conte cruel. Prétexte à leur quête de référents maternels, de grand-père idéal, de grand frère. Un chemin initiatique durant lequel ils développent des valeurs de résilience, d’abolition des frontières, d’absence d’a priori quant aux différences.
Loin d’être une aimable fable éludant la violence de la guerre, le film fait basculer les Lulus dans sa réalité crue et nue…
C’est assez préjudiciable aux jeunes de les élever dans le coton, d’éluder tout ce qui peut être choquant aux yeux des parents et non pas des enfants. Comme on l’a constaté lors des avant-premières: les enfants adorent!
À l’affiche de ce film, vous avez réuni une jolie “brochette”, entre Didier Bourdon, Alex Lutz, Isabelle Carré, François Damiens…
Ça s’est fait très spontanément! François Damiens m’a répondu ‘‘oui’’ le jour même, et tous les autres ont accepté très vite aussi. Du côté des enfants, ma directrice de casting a reçu six mille candidatures début 2021. Nous avons débuté le tournage en août de la même année, jusqu’à la fin novembre. Avec un budget de 7,2 millions d’euros. Ce qui est très raisonnable, dans la mesure où nous avions un gros département costumes, et décors. Toutes les explosions sont réelles, on a construit entièrement le village. On a beaucoup travaillé aussi sur les textures, les matières, les rendus visuels.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées avec les jeunes acteurs?
Yann Samuell: Il fallait qu’ils se débarrassent de leurs tics de langage 2022, et qu’ils intègrent les valeurs de l’époque.
Mathys Gros: Cette machine formidable pour la recherche qu’est Internet peut être aussi handicapante. Car elle nous fait évoluer beaucoup plus vite qu’avant. On est beaucoup moins innocents.
Yann Samuell: Par rapport à certains points du scénario, vous me disiez ce n’est pas possible qu’à quatorze ans on soit aussi naïf. Je vous répondais: ‘‘Oui aujourd’hui, mais à l’époque non’’. Ils ont acquis durant le tournage deux à trois ans de maturité à force de développer l’écoute de l’autre, le partage, le travail d’équipe.
Grâce à Luce, alias Paloma Lebeau, qui jouait déjà dans La Guerre des boutons, vous avez ajouté une touche féministe au film?
Ce personnage est le seul qui ne soit pas fidèle à la BD. De même que l’on a créé le personnage de Louison. Il y a aussi cette femme qui vient en aide à tous les soldats dans cet hôpital militaire qu’est le familistère. On y découvre l’utopie de Godin, l’école des filles, l’école des garçons et le théâtre au milieu, lieu d’expression pour tous par excellence. Je me suis régalé à y tourner cette scène d’anthologie autour d’une représentation du Petit Poucet, dans laquelle mes jeunes acteurs passent par toutes les émotions en quatre minutes.
à la tolérance
À l’aube de la Première Guerre mondiale, dans un village de Picardie, quatre amis inséparables, Lucas, Luigi, Lucien et Ludwig, forment la bande des Lulus. Ces orphelins sont toujours prêts à unir leurs forces pour affronter la bande rivale d’Octave ou pour échapper à la surveillance de l’abbé Turpin… Lorsque l’orphelinat de l’abbaye de Valencourt est évacué en urgence, les Lulus manquent à l’appel. Oubliés derrière la ligne de front ennemie, les voilà livrés à eux-mêmes en plein conflit. Bientôt rejoints par Luce, une jeune fille séparée de ses parents, ils décident coûte que coûte de rejoindre la Suisse.. Les voilà projetés avec toute l’innocence et la naïveté de leur âge dans une aventure à laquelle rien ni personne ne les a préparés!
Dans la lignée de La Guerre des boutons, voilà une nouvelle belle histoire, adaptée de la BD de Régis Hautière par Yann Samuell, qui ne manquera pas de redonner (un peu) confiance dans l’humanité, à toutes les générations!
Portés par un formidable casting aussi bien côté adultes (Alex Lutz, Isabelle Carré, Didier Bourdon, François Damiens, Ahmed Sylla) que du côté des comédiens en herbe, ces Lulus-là s’avèrent émouvants en diable.
Confrontés dès l’âge des culottes courtes à la violence morale des adultes par le prisme de l’abandon, ils font preuve d’une résilience et d’une adaptabilité à toute épreuve, y compris lorsqu’ils se retrouvent au cœur des combats! Depuis leur rencontre avec celle que l’on considère comme “la sorcière” jusqu’à celle avec un tirailleur sénégalais en passant par celle avec un déserteur allemand, faux démons mais véritables êtres bienveillants, ces tendres galopins vont vivre un parcours initiatique, en forme d’hymne à la tolérance…
À déguster en famille!
De Yann Samuell (France). Avec Alex Lutz, Isabelle Carré, Didier Bourdon… Aventure. 1h35.
 
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