Esprit d’équipe, sens de l’orientation, le raid aventure nécessite bien plus que de simples qualités physiques pour franchir la ligne d’arrivée en premier. La distance et la durée peuvent varier selon la zone géographique des lieux où se déroulent les manches. Pour chaque raid, les équipes alignées au départ doivent parcourir entre 350 et 700 kilomètres. « Ce sont des courses qui durent entre trois et sept jours pour les derniers. Il y a une émotion collective dingue pendant la course », reconnaît Sébastien Raichon, membre de 400Team Naturex France, une des meilleures équipes du circuit mondial avec cinq coupes du monde à son palmarès.
La discipline se déroule par équipe mixte de quatre coureurs. La course à pied (trail), le VTT et le kayak sont les trois disciplines qui constituent le tronc commun de chacune des épreuves. Mais le spectre est large. « Parfois, il y a de la spéléologie ou du canyoning, précise Sandrine Béranger, membre de 400Team Naturex France et coéquipière de Sébastien Raichon. Cela nous demande de la polyvalence et c’est ce qui rend notre sport sympathique. » Avec des épreuves aux quatre coins de la planète et sur chaque continent, les athlètes doivent avoir une capacité d’adaptation rapide.
Le raid aventure est une « une chasse au trésor ». Cartes à l’appui, GPS interdit, les membres de chaque équipe doivent s’entraider. Le trail, le VTT et le kayak demandent une condition physique optimale. Cependant, tous les sportifs n’ont pas les mêmes compétences dans chaque discipline. « Je suis à l’aise en course à pied et à vélo. Tout l’inverse du kayak qui se déroule en eau vive », confie Sandrine Béranger.
Compter dans son crew un ou deux bons orienteurs est la condition sine qua non pour performer. C’est même un des secrets de la réussite. « C’est essentiel d’en avoir dans une équipe, assure Sébastien Raichon. C’est le cas avec Sandrine (Béranger) qui est une des meilleurs mondiales. On ne peut se fier qu’à notre sens de l’orientation dans les épreuves. C’est ce qui rend les courses folles avec des retournements de situations au dernier moment ».
Rattaché à la Fédération française de triathlon depuis 2017, le raid aventure veut sortir de l’ombre. Sans le statut de professionnel, les athlètes qui pratiquent le raid aventure au plus haut niveau ont dû mal à organiser une saison. Néanmoins, la discipline peut compter sur le soutien de la Fédération. « Elle nous donne des moyens pour nous développer et fait passer des formations aux entraîneurs. Au niveau national c’est génial. Maintenant, on est une discipline reconnue », se réjouit Sébastien Raichon.
Les meilleurs jeunes de la discipline sont suivis de près par la fédération. Des stages leur sont proposés pour avoir une perspective d’évolution dans les années à venir. À l’échelle internationale, pour l’heure, aucune fédération ne représente la discipline. Un « frein » selon Sébastien Raichon, puisque cette situation ne permet pas aux athlètes « d’attirer les sponsors et de financer une saison dans son intégralité ».
Comme l’équipe 400Team Naturex France ne peut compter que sur un seul sponsor pour prendre en charge les frais d’inscriptions, chacun doit faire des sacrifices. « Les courses sont longues et empiètent sur notre vie familiale, précise Sébastien Raichon. Une Coupe du monde, c’est un budget de 4 000 euros. En termes de logistique c’est difficile de transporter son matériel pour aller aux épreuves et cela à un coût ». Un avis que partage Sandrine Béranger : « Mon mari est là pour m’aider car il pratique le raid aventure également. Avec mes trois enfants ce n’est pas simple mais c’est un choix de ma part. »
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Il y a quelques jours, Sébastien Raichon a été contraint de faire l’impasse sur les Championnats du monde au Paraguay (15-25 septembre), ce qui n’est pas anodin. « Une finale c’est un budget énorme, confirme-t-il. Les membres de l’équipe l’ont bien compris. On est déjà allé au Lesotho l’an dernier. Chaque année on fait 2-3 étapes en fonction de l’endroit où se situent les épreuves. On économise pour l’année prochaine ».
Pour l’année 2023, Sébastien Raichon et Sandrine Béranger ont des projets communs et ambitieux. Les deux sportifs souhaitent prendre le départ des Championnats du monde en Afrique du Sud (18-30 octobre) avec leur équipe. Troisième féminine du dernier Tor des Géants le 15 septembre, Béranger se dit « à l’aise » sur les longues distances et prendra « peut-être » le départ du Tor des Glaciers l’an prochain.
De son côté, Raichon vient de sortir vainqueur du Tor des Glaciers le 14 septembre dernier. Du haut de ses 50 ans, il veut continuer de repousser ses limites. « Je voudrais aller défier la Barkley au printemps, confie l’aventurier. Je pense également au record de la traversée des Pyrénées par le GR 10 (record détenu par Erik Clavery en 9 jours, 9 heures et 12 minutes). »

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