Un grand sentiment de fierté anime Karen Paquin qui va bien au-delà de la performance sur le terrain.
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Au cœur du soulèvement qui a mené au départ de l’entraîneur-chef de l’équipe canadienne à 7, John Tait, quelques mois avant les Jeux de Tokyo à l’été 2021 et permis des changements importants au sein de Rugby Canada après les Olympiques, Paquin constate une amélioration qui est palpable dans la culture du programme.
« J’ai vu les changements après Tokyo et, aujourd’hui, je peux dire que je suis fière de mon organisation, a-t-elle confié. Des changements étaient nécessaires et les dirigeants ont pris la situation de front. »
Si Tait a été le premier à partir, d’autres têtes ont roulé après Tokyo, notamment celle de Jamie Cudmore qui était un proche de l’ancien entraîneur de l’équipe à 7 et qui avait tourné en dérision le résultat décevant aux Jeux. Cudmore occupait un poste d’adjoint avec l’équipe masculine et était responsable du développement de la relève à l’Académie de Rugby Canada.
« La situation a bougé rapidement après les changements survenus après les Jeux, a raconté Paquin. On ne ressentait pas nécessairement les effets, mais ça bougeait dans la bonne direction. C’est une bonne fierté avec tout ce qui se passe dans les autres Fédérations à travers le pays. »
Un autre défi
Si elle a contribué à ce changement de culture, Paquin veut maintenant s’attaquer à un autre défi de taille alors que sa carrière tire à sa fin. « Mon rêve est qu’il y ait une ligue professionnelle en Amérique du Nord, a-t-elle mentionné. Je vais travailler à ce projet au cours des dix prochaines années. »
Les meilleures équipes européennes ainsi que la Nouvelle-Zélande et l’Australie offrent un environnement professionnel à leurs joueuses, ce qui favorise le développement.
Paquin croit que le moment est venu pour le Canada de donner un sérieux coup de barre alors que les meilleures nations de rugby ont investi pour offrir à leurs joueuses des conditions gagnantes. Les succès actuels du Canada ne doivent pas être tenus pour acquis, prévient Paquin.
Financement
« Il y a beaucoup de travail à faire si on veut que le Canada reste dans le Top 4 en rugby à XV. Les filles n’ont pas de brevet de Sports Canada et doivent s’exiler en Europe ou en Nouvelle-Zélande pour évoluer dans les rangs professionnels. J’espère que le gouvernement va embarquer pour soutenir les filles du programme à XV. »
« La qualité de jeu à la maison diminue et nous sommes dépendants des autres pays, de poursuivre Paquin. Il sera plus difficile de retourner dans le Top 4 au monde si ça ne bouge pas que d’y rester. »
En rugby féminin, les brevets de financement sont attribués uniquement aux athlètes qui pratiquent le rugby à 7, qui est une discipline olympique.
Avant que le sport ne fasse son entrée dans le giron olympique, les brevets étaient distribués dans les deux équipes.
À son dernier tour de piste à la Coupe du monde, Karen Paquin ne pouvait pas espérer un meilleur scénario jusqu’à présent.
Membre de l’édition de 2014 qui a remporté l’argent et de celle de 2017 qui a pris le 5e rang, Paquin dispute sa dernière Coupe du monde en carrière.
« Je vis sereinement ces derniers milles, raconte celle qui porte le maillot de l’équipe nationale depuis 2013. La fin arrive tranquillement et j’en profite le plus possible. Mon attitude a changé depuis ma sérieuse blessure à un genou en 2017 alors que j’ai craint d’avoir disputé mon dernier match. J’aborde dorénavant chaque match comme s’il pourrait s’agir de mon dernier. Ce n’est pas différent à la Coupe du monde. »
Belle équipe
Si le Canada n’a pas collectionné les pointages-fleuves depuis le début de la compétition comme l’Angleterre l’a fait à quelques reprises, Paquin n’est pas inquiète.
« Nos victoires ne flashent pas nécessairement, a-t-elle reconnu, mais on réussit les jeux de base. C’est de cette façon qu’on se démarque. Avant la ronde quart de finale, il est difficile d’évaluer la force des groupes. »
À 35 ans, Paquin se plaît énormément au sein d’un groupe qui allie expérience et jeunesse. « Je m’amuse beaucoup, souligne la médaillée de bronze en rugby à 7 des Jeux olympiques de Rio en 2016. Nous avons une belle équipe complète. Même si nous n’avons pas le statut de professionnelles comme les autres puissances, plusieurs filles vivent pour le rugby à cent pour cent et c’est cet engagement qui fait notre force. »
« C’est l’identité de notre équipe, de poursuivre Paquin. Les filles sont engagées corps et âme dans notre objectif. Nous sommes unies, soudées, et on veut réussir pour tout le monde parce qu’on connaît tous les sacrifices qui sont faits. »
Tokyo loin derrière
Après la médaille de bronze à Rio, tous les espoirs étaient permis à Tokyo, mais le Canada n’a pas réussi à se qualifier pour la ronde éliminatoire, terminant en 9e place dans la capitale nipponne.
La performance en Nouvelle-Zélande est-elle un baume pour Paquin ?
« Il n’y a pas de lien entre les deux, a-t-elle assuré. Tokyo c’est loin. J’ai joué en France depuis les Jeux olympiques et nous avons été centralisées. »
Si Paquin a été choisie joueuse par excellence du match quart de finale contre les États-Unis, deux autres Québécoises ont aussi retenu l’attention. Fabiola Forteza et Elissa Alarie ont été élues sur l’équipe d’étoiles de la ronde quart de finale.
En relève à Brianna Miller blessée dès le deuxième match, Justine Pelletier a eu droit à un coup de chapeau de l’entraîneur-chef, Kevin Rouet, au moment de notre entretien.
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