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À la tête de la formation d’Andrézieux (N2) en 2019, Jean-Noël Cabezas fait partie des entraîneurs qui ont fait chuter l’OM aux commandes d’un club amateur. Il nous livre les clés d’un exploit.
Parler Coupe de France avec Jean-Noël Cabezas, c’est à coup sûr entendre les paroles d’un passionné. Écouter les mots d’un amoureux de celle que l’on surnomme tendrement La Vieille Dame. Une compétition dans laquelle l’ex attaquant du Sporting Toulon s’est d’abord illustré crampons aux pieds en 1996, avec ce fameux but inscrit à Mayol dans les prolongations d’un seizième de finale remporté (3-2) par les Toulonnais face aux Girondins de Bordeaux de Gaëtan Huard, Richard Witschge et, excusez du peu, d’un certain Zinedine Zidane. Puis bien plus tard avec le costume d’entraîneur sur les épaules.
Et pas seulement celui de cette AS Cannes (National 3) qu’il entraîne aujourd’hui et qu’il a emmenée jusqu’en seizièmes de finale la saison dernière après avoir successivement sorti deux clubs de Ligue 2 (Rodez, puis Dijon). Puisque les fans de l’OM s’en souviennent sans doute, le 6 janvier 2019, leur équipe tombait (2-0), encore une fois, contre un club amateur. Une formation d’Andrézieux (National 2) alors entraînée par un certain Cabezas. Un homme qui nous donne donc les clés d’un possible exploit des joueurs de Karim Masmoudi. Cet exploit auquel Jean-Noël Cabezas croit fermement. Comme il continue de croire à la magie de la Coupe de France.
La qualification d’une équipe de National 2 face à une formation de Ligue 1 s’apparente évidemment à un exploit. Et pourtant, sans minimiser la force de ce genre de performances, elles se répètent. Serait-ce ici la preuve qu’il y a sans doute moins d’écart que l’on pourrait le penser? Que la N2 se professionnalise…
Je dirais surtout que la Coupe permet de rivaliser avec des gros. J’ai évolué dans le milieu pro à Clermont (il était entraîneur adjoint de Clermont foot entre 2004 et 2016) et on l’a souvent vu là-bas, sur un match tout est possible. Je l’ai d’ailleurs encore vérifié en 2019 avec Andrézieux.
Justement pour revenir sur cet exploit avec Andrézieux, comment l’aviez-vous préparé?
On avait fait beaucoup de vidéos. Quand on joue des clubs amateurs, on n’a pas beaucoup d’infos sur nos adversaires. Mais quand on affronte une Ligue 1, là on peut aller sur les détails.
Et sur chaque joueur. Après, on attendait une équipe bis de Marseille et quand on a vu la compo (rires) avec Mandanda, Thauvin et Payet… Mais j’avais dit à mes joueurs que je voulais qu’ils y croient. Qu’ils jouent pour gagner.
Quel avaient été vos ressorts? Les leviers sur lesquels vous aviez travaillés avant ce match?
On était resté sur ce qu’on savait faire. On ne pouvait pas tout révolutionner, alors on n’a rien changé. Du coup, ça n’a pas mis de pression aux joueurs qui étaient déjà suffisamment sollicités comme ça par les médias. Ils n’avaient jamais vu autant de journalistes.
Alors on était resté sur notre quotidien.
Pas de mise au vert donc?
Non rien de tout ça. Je ne voulais surtout pas changer les habitudes.
Votre équipe avait rapidement ouvert le score avec un but inscrit dès la 17e minute. Faire durer le match peut être une option pour faire gamberger les Olympiens?
Oui, mais il faut surtout profiter du moindre coup de pieds arrêté. Sur ces matches-là, ils sont très importants. On avait insisté là-dessus et notre premier but était sur coup franc. Ça nous a délivrés. Et après l’OM s’est énervé. Je crois qu’ils ont d’ailleurs pris trois cartons jaunes.
À propos des nerfs olympiens, pensez-vous que les précédentes éliminations de Marseille face à des amateurs, avec Carquefou en 2008, Quevilly en 2012 ou encore Grenoble en 2015 ont pu peser dans les têtes?
Honnêtement, je ne pense pas, ce sont des générations différentes. Je le sais parce que je le vis au quotidien, les jeunes zappent beaucoup. Ce qui s’est passé, il y a trois ou quatre ans, ils s’en fichent.
Pour rester sur le présent donc, nous sortons de la Coupe du Monde. L’OM n’avait que peu de joueurs au Qatar, mais les effectifs de Ligue 1 n’auront début janvier que deux matches dans les jambes après six semaines de coupure liées à cette Coupe du Monde, alors que les formations de National 2 ont dans le même temps poursuivi leur saison. Ça pourrait peser sur l’issue du match entre Hyères et l’OM?
Oui, il y a eu cette coupure, mais ils sont partis en stage (l’OM était à Malaga, en Espagne) et ils ont fait des matches de préparation. Je ne pense pas que ça les perturbe. La Coupe, c’est surtout un état d’esprit.
C’est donc cette fameuse magie de la Coupe qui peut laisser croire à un exploit des Varois? Exploit auquel vous croyez?
Mais bien sûr! Bien sûr qu’ils peuvent le faire! Il faut y croire. C’est pour ça que je disais (en 2019) à mes joueurs: ‘‘S’il y en a un qui n’y croit pas, ça ne marchera pas’’. Ils me prenaient un peu pour un fou, mais ça a marché. Au handball, au volley, au rugby, c’est impossible, mais au foot oui. Il n’y a que dans le foot qu’il y a cette magie. Les autres entraîneurs qui l’ont fait sont d’ailleurs dans le même état d’esprit que moi. Alors je suivrai ce match.
En Coupe de France ces quinze dernières années, l’OM a été éliminé à cinq reprises par des clubs évoluant en National, N2 ou même N3. L’exemple à suivre pour les Hyérois…
7 mars 2021 Canet-en-Roussillon – OM: 2-1
Un coup franc lunaire de Jérémy Posteraro en pleine lucarne et un but de Yohan Baï après une action collective de haute volée: voilà comment Canet-en-Roussillon a sorti Marseille il y a deux saisons de cela à Perpignan. “C’est la honte. On a fait de la merde et il faudra payer”, ne s’était pas caché le milieu Boubacar Kamara.
6 janvier 2019 Andrézieux-Bouthéon – OM: 2-0
À Geoffroy-Guichard, les hommes de Rudi Garcia ne montrent rien et s’inclinent à la suite de deux buts signés Ngwabije et Milla (lire ci-dessus).
4 janvier 2015 Grenoble – OM: 3-3 (5-4 tab)
Dans la glacière du stade des Alpes, l’OM mène trois fois au score, puis se fait reprendre à la dernière minute de la prolongation par un but de Selim Bengriba (une tête sublime). Les Marseillais de Bielsa s’inclinent aux tirs au but. “On n’a pas fait ce qu’il fallait, Perdre ce match, c’est inadmissible… Grenoble a montré beaucoup d’envie et de détermination”, avait déclaré André Ayew, auteur du troisième but phocéen après le doublé de Gignac.
20 mars 2012 Quevilly – OM: 3-2 (ap)
Marseille, entraîné par Didier Deschamps, craque en prolongation à Caen, face à de valeureux joueurs de Quevilly – qui ne s’appelle pas encore Quevilly-Rouen – futurs finalistes. Et encaisse un doublé de l’entrant John-Christophe Ayina (aujourd’hui à Thonon-Evian), l’OM échoue là au stade des quarts de finale…
19 mars 2008 Carquefou – OM: 1-0
Double finaliste sortant, l’OM d’Erik Gerets se présente sûr de ses forces à Nantes pour affronter le voisin de Carquefou, alors en CFA 2 (N3), en 8e de finale! Mais un but précoce de Papa N’Doye, qui profite d’un mauvais alignement de la défense et grille Carrasso (photo ci-dessus), suffit à créer un exploit resté dans la légende de la Coupe.
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