Ange, vous avez un avantage sur Vincent : celui d’avoir connu la sélection avant même d’arriver dans l’élite. Vous marquez deux essais lors de votre première sélection et réalisez une relance pour une victoire historique à Cardiff lors de la deuxième. Cela a-t-il lancé votre carrière ?
Oui. Il y a un avant pays de Galles et un après. L’aspect sportif et reconnaissance, je n’ai pas besoin de l’expliquer, c’est sûr qu’un match de VI Nations a une portée monstrueuse dans le monde par rapport à un match de compétition nationale. Mais même en tant que personnes, ce que nous avons vécu collectivement avec les mecs au pays de Galles, ce que j’ai vécu moi après le match avec ma famille quand nous sommes restés à Cardiff, honnêtement, ce sont des moments inoubliables. J’ai des images où je revois des personnes de ma famille pleurer alors qu’elles n’ont jamais lâché une goutte de leur vie. Ce moment-là est ultra fort.
Vincent, quel regard portez-vous sur l’année 2022 d’Ange, élu révélation internationale ?
Il y a tout. Des performances à Grenoble où il a traversé le terrain, il fait la même chose en sélection et quand il arrive au Stade. C’est une année parfaite et c’est compliqué de faire mieux. Il y a aussi beaucoup d’altruisme car il a fait marquer beaucoup d’essais. Il a cette qualité que je n’avais pas quand je suis arrivé. J’étais très focalisé sur ma performance alors que lui a la tête haute, fait jouer les autres. Il a tout validé, il est allé au-delà des attentes de tout le monde, peut-être au-delà des siennes également. C’est incroyable de passer du niveau Pro D2 au niveau international. Il aurait pu faire des matchs internationaux, il avait le niveau. Mais performer comme il l’a fait à chaque fois… Ce qui m’a le plus bluffé, c’est son premier match avec le Stade. Sa dimension offensive, on la connaissait mais dans sa performance défensive, il a d’entrée montré que ce n’était pas un souci d’être un petit gabarit. Je l’ai vécu en 2007, il a changé de statut. Il a aussi des choses à confirmer avec le Stade Toulousain mais la dimension qu’il a prise avec l’Italie…
"C’est la nouvelle star du rugby italien. Il marque des essais, il est beau gosse, il joue au Stade Toulousain… Il emmène avec lui toute une génération à qui il va donner confiance".
Peut-il incarner le renouveau de cette sélection ?
Ce n’est pas qu’il peut, c’est qu’il va ! Je le vois avec beaucoup de recul et lui ne pourra pas le dire mais c’est la nouvelle star du rugby italien. Il marque des essais, il est beau gosse, il joue au Stade Toulousain… Il emmène avec lui toute une génération à qui il va donner confiance. Ils ont fait le pays de Galles, l’Australie. Alors bien sûr, l’Italie ne va pas gagner le Tournoi des VI Nations demain sauf qu’on va se dire que cette génération va recommencer à faire des exploits et puis elle va retrouver de la légitimité au niveau international. C’est lui qui incarne ça. Il y avait d’autres joueurs avant lui mais il a redonné une impulsion. Cette victoire au pays de Galles avec ce crochet : OK c’est une dimension collective sauf que c’est son action quand il fait marquer Padovani qui fait qu’ils ont gagné. Cela a été une libération après tant d’années de souffrance, de défaites et derrière, ils se disent qu’ils en sont capables, enchaînent avec des bons matchs, d’autres victoires. Il a changé de statut et cela ne reviendra pas en arrière.
Ange, savez-vous depuis quand l’Italie n’a pas battu la France dans le Tournoi ?
V. C. : P… (rires)
A. C. : 2011 ?
Non, 2013 (23-18)…
V. C. : Je n’y étais pas.
A. C. : Moi j’ai souvenir de 2011 (22-21, NDLR).
V. C. : On fait un match de merde, cela coûte la place à 5 ou 6 joueurs pour la Coupe du monde quelques mois après.
Vous ne vous souvenez pas de celle de 2013 ?
V. C. : Si, il y a Orquera à l’ouverture, ils jouent en blanc et font le match parfait. Je suivais le match à la radio, j’étais blessé et je n’étais pas mécontent quand même (rires).
"C’est un peu notre derby à nous et s’il y a un exploit à faire, c’est encore mieux si c’est contre les Français".
Ange, dimanche à Rome, ce sera votre premier match contre votre autre pays…
Cela va être une situation ultra-particulière. J’ai chanté quand la France gagnait, j’ai chanté quand l’Italie gagnait, j’ai toujours chanté la Marseillaise et c’est vrai que me retrouver sur un terrain où nous allons avoir ces deux hymnes, pour moi, c’est loin d’être un cauchemar, c’est un rêve. Je vais être dans un truc qui était impossible à imaginer il y a quelques mois. Oui, j’y pense tout le temps. Je n’ai pas envie que cela prenne plus d’énergie mentale que ça parce qu’il y a des échéances à court terme qui sont importantes, mais ce premier match du VI Nations, ce match de Coupe du monde à Lyon à 60 bornes de Grenoble (6 octobre, NDLR), ce sont des signes extraordinaires. Cela n’aurait pas pu exister.
Vincent, les matchs contre les Italiens ont souvent été poussifs, comment l’expliquez-vous ?
Parce qu’il y a un devoir de gagner en fait. La pression, elle est presque plus négative. Tu te dis : "Normalement on est supérieurs, on n’a pas le droit de perdre." Donc quand ça capote un peu au début, tu as tendance à jouer un peu contre nature face à des Italiens qui ont quand même une envie débordante, qui te mettent la pression, qui savent te faire déjouer aussi. Et tu te dis : "Putain, le chrono tourne", tu sens que tu n’es pas dans les clous. Cela rajoute un stress différent des autres matchs parce qu’à une époque, tu savais que tu ne pouvais pas perdre contre l’Italie car tu te mettais en difficulté si tu voulais gagner le Tournoi. Cela va être moindre maintenant j’espère mais c’est longtemps resté l’équipe la plus faible du Tournoi et tu devais gagner. Mais ce n’était jamais évident car il y avait des joueurs talentueux. Beaucoup étaient titulaires en Top 14, en Angleterre. C’était costaud même si cette équipe avait du mal collectivement.
A.C. : Du côté italien, ce que je ressens, c’est que ce match est très important et c’est peut-être moins le cas pour les Français. Il y a une espèce de rivalité alpine et nous accordons forcément plus d’importance à ce match en tant qu’Italiens parce que nous nous disons que c’est le voisin d’à-côté. C’est un peu notre derby à nous et s’il y a un exploit à faire, c’est encore mieux si c’est contre les Français.
Vincent, une défaite face aux Italiens, c’est quelque chose qui marque ?
Oui mais pas plus qu’une autre défaite. Elle a été dure dans le contexte parce que cela a engendré beaucoup de choses derrière, avec des mecs qui ne sont pas allés à la Coupe du monde. Certains étaient même remplaçants et n’avaient rien demandé. Nous nous en sommes un peu voulu collectivement. Et en même temps, cela arrive. Tu fais un mauvais match, tu perds contre meilleur, qu’est-ce que tu veux dire ? Cela ne m’a pas plus marqué de perdre contre l’Italie que contre la Nouvelle-Zélande. Une défaite, c’est une défaite. Nous nous étions mal préparés, n’avions pas été bons et puis voilà. Derrière, il faut assumer car cela te remet à ta place et à ton niveau.
La Coupe du monde sera-t-elle celle du premier titre pour la France et de la première qualification en phases finales pour l’Italie ?
A. C. : Si la France est championne et que nous nous qualifions, c’est qu’on fait tomber les Blacks quand même (rires) ! Moi ça me va mais qui s’y colle ? Eux ? Nous ? Moi vous me dites où il faut que je signe, c’est avec plaisir ! J’espère que cela va être l’année des premières. J’ai un peu d’espérance quand même car même si ce sont les Blacks, qu’il faut respecter l’institution qu’est la Nouvelle-Zélande, nous sommes sur deux exploits et cela peut arriver à n’importe quel moment. Nous nous disons que nous avons quand même des qualités et que sur un malentendu… On sait comment un match peut tourner. Une interception, le buteur qui se blesse, un plaquage haut et le mec qui prend rouge : tout peut arriver et il faut garder dans sa tête que c’est possible. Il ne faut pas non plus se prendre pour n’importe qui mais c’est possible. C’est une compétition à part je pense. Je ne l’ai pas encore vécue mais les hiérarchies sont complètement remises en question. Il y a des équipes qui ont peut-être raté leurs test-matchs d’avant Coupe du monde et qui ont fait des parcours exceptionnels donc pourquoi pas.
Il y a aussi des équipes qui n’ont pas trop carburé en poule et…
V. C. : Qui se retrouvent en finale, cela arrive (rires) !
Vincent, un conseil à donner à Ange ?
Je n’en ai pas. Qu’il continue comme ça. Il a tout et surtout le bon état d’esprit. Au-delà du talent, de sa faculté à travailler, il a tout compris au haut niveau, il est fait pour être ici et il n’a qu’à continuer. Il a conscience que le plus dur commence car quand on est moins connu, on crée la surprise. Après, on doit confirmer parce que les gens nous attendent.
A. C. : Les gens et les adversaires (sourire) !
Et vous Ange, si vous aviez une question à poser à Vincent ?
Ce sera naturel le moment venu et j’ai envie aussi de peut-être me tromper et de vivre mon aventure VI Nations et Coupe du monde, si j’ai cette chance, comme je l’entends dans le sens où je pourrai en profiter au maximum. Les petites erreurs font partie du tracé, ce sont des moments exceptionnels donc le plus important pour moi va être d’être le plus léger, dans la tête (sourire). Des fois je me pose un peu trop de questions et c’est bien de faire le vide.
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