Dimanche 15 janvier, une heure après le coup de sifflet final de TFC – Brest en Ligue 1, c’est un Damien Comolli excédé qui se présentait devant la presse. Excédé, le président du club toulousain l’était autant par ce qu’il considérait comme une erreur d’arbitrage ayant coûté un but à son équipe, que par l’attitude globale des hommes en noir, avec qui il serait tout simplement impossible de discuter. « C’est le symbole de 15 ans d’arrogance et de médiocrité » assénait-il, lapidaire.
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Ce coup de gueule n’était que le dernier d’une longue série dans le paysage d’un foot français réclamant à cor et à cri plus de transparence et de dialogue. On se souvient par exemple de la sortie de Jean-Pierre Caillot, le président du Stade de Reims qui, en 2021, avait fustigé un manque de cohérence dans l’arbitrage français et pointé du doigt un « total manque de psychologie » ainsi que « des relations avec les arbitres de plus en plus robotisées ». Suspendu plus de trois mois pour avoir signifié à Jérémy Stinat qu’il était « nul », le Champenois avait regretté la forme de sa réaction autant que le fait que personne ne s’attaque « au fond du problème ». Jusqu’ici, les présidents de club se heurtaient à un mur. Mais tout pourrait bien être sur le point de changer.
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Hasard du calendrier, quatre jours après la diatribe de Damien Comolli, le Comité exécutif de la Fédération française de football annonçait sa volonté de sonoriser les arbitres « du début à la fin du match ». Une initiative approuvée de façon quasiment unanime. Le Syndicat des arbitres français d’élite (Safe), s’est dit « convaincu que, si elles (ces propositions) sont bien encadrées et mises en œuvre dans le cadre d’un protocole défini en associant les arbitres, elles peuvent être bénéfiques au football, à ses spectateurs et téléspectateurs, participer à une meilleure compréhension des décisions des arbitres et donc à leur plus grand respect par tous ».
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À la manière de ce qui se fait au rugby depuis plusieurs années, l’intégralité des échanges entre arbitres et joueurs seraient ainsi rendues public et diffusés en direct. Il faut encore que la demande soit acceptée par l’Ifab (International Football Association Board, l’instance qui valide et détermine les lois du jeu, NDLR), mais la première pierre pour traverser la rivière a été posée. La deuxième aussi, puisque la FFF a souhaité également que les discussions entre l’arbitre central et le VAR soient sonorisées.
Longtemps campé sur ses positions, l’arbitrage français semble enfin prêt à faire sa révolution, notamment en interne. Suite au départ de Pascal Garibian, le très critiqué Directeur technique de l’arbitrage (depuis 2013), Antony Gautier devient le nouveau boss et Directeur de l’arbitrage, supervisant Stéphane Lannoy à la Direction technique de l’arbitrage délégué au secteur professionnel, Alain Sars, DTA du secteur amateur et Stéphanie Frappart, DTA du secteur féminin.
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Au bout du compte, l’idée est simple. Ouvrir les micros des arbitres et les autoriser à s’exprimer, comme les joueurs et les entraîneurs, à la fin des matchs, amènerait à plus de respect à leur égard. Dans un monde où les insultes, dans les stades et sur les réseaux sociaux sont légion, où les agressions sur les terrains amateurs se banalisent, il est urgent de rappeler que derrière le sifflet, il y a une femme ou un homme. L’initiative incitera probablement à la fois les joueurs et les arbitres à moduler leurs attitudes. « Il faut moins d’arrogance, même si tout le monde n’est pas arrogant. Mais de manière générale, il faut qu’on soit plus fluide, faire passer son message aux acteurs sans faire preuve de suffisance non plus. On peut être calme, souriant mais ferme » estimait l’ancien arbitre international Bruno Derrien dans nos colonnes.
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Il ne faut probablement pas s’attendre à des miracles. Le VAR, en vigueur en Ligue 1 depuis la saison 2018-2019, a prouvé qu’il ne résolvait pas tout, et que le foot n’était pas le rugby. Mais à l’heure de la vidéo, des ralentis à outrance et de la goal-line technology, réintroduire un peu d’humain dans le foot n’est pas un luxe.
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