C’est une nouvelle occasion d’enfin remporter un titre. La troisième place lors de la Coupe du monde 2017 en Irlande, notre première victoire contre les Blacks Ferns en 2018 ou la médaille d’argent aux Jeux Olympiques de Tokyo, il y a un an, c’était génial et déjà incroyable. Maintenant, il faut franchir un cap et remporter des titres. La défaite contre l’Angleterre lors de la dernière journée du Tournoi des Six Nations, en mai dernier, nous est restée en travers de la gorge. Plus que tout aujourd’hui, je veux battre les Anglaises dans un tournoi majeur.
On en discute avec le staff. J’ai toujours joué 10, tout en ayant les capacités de basculer en 12. Je pense que mon expérience peut être intéressante aujourd’hui à ce poste, parce que je sais ce qu’on attend d’une 12 quand on joue 10, toujours dans cet axe central de l’équipe. Moins dans la distribution, mais dans une autre forme de jeu offensif qui me correspond bien : on est plus dans le duel, on porte le ballon proche de la défense. Défensivement aussi, j’aime me retrouver dans la ligne et pouvoir mettre la tête partout ! C’est une forme de polyvalence qu’on retrouve dans le rugby à VII, où il est moins question de poste une fois les phases de jeu lancées.
Je ne sais pas si je reprendrai avec le Stade Rennais rugby. On va rebasculer très vite vers les Jeux Olympiques de Paris 2024 avec l’équipe de France à VII. Le fonctionnement du rugby à VII me plaît. On a la chance de pouvoir s’entraîner toute l’année à Marcoussis (le Clairefontaine du rugby français, situé dans l’Essonne) avec un groupe d’une vingtaine de joueuses pros sous contrat fédéral. Ce qui n’est pas le cas quand je m’entraîne avec le Stade Rennais, parce que notre championnat n’est pas encore professionnel. La plupart de mes coéquipières sont encore en études ou travaillent la journée. Forcément, l’exigence n’est pas la même. De ce côté-là, le rugby à VII m’a manqué cette année. Le goût de l’effort, du dépassement de soi, l’aspect mental… J’ai hâte de retrouver ça.
Je suis sous contrat avec la Fédération française de rugby (FFR), qui est mon unique employeur. Comme toutes les internationales, qu’elles jouent à VII, à XV ou les deux, comme moi. Cela représente un peu plus d’une cinquantaine de joueuses aujourd’hui. Ce sont des conditions très intéressantes, qui me permettent de vivre de mon sport. Je suis l’une des premières Françaises à avoir pu profiter de ce statut mis en place pour les Jeux de Rio (2016). Aujourd’hui, il concerne toute l’équipe, mais pas plus loin que la dernière Coupe du monde à XV, en 2017, certaines joueuses avaient dû poser des congés sans solde. Je peux vraiment mesurer les moyens mis en œuvre dans le rugby féminin ces dernières années. Même si rien n’est jamais acquis, surtout si on n’a pas de résultat.
Je n’ai pas vraiment de chez moi. J’ai lâché ma colocation à Rennes. Je suis nourrie et logée à Marcoussis ou quand je pars en stage ou en déplacement avec les équipes de France. Cette année, j’ai enchaîné dès la fin de saison avec la préparation pour la Coupe du monde. On a fait plusieurs stages de 10 à 15 jours cet été, dont le dernier à Nice. Et dès que j’ai quelques jours, je rentre voir ma mère à Crac’h (près d’Auray) ou je pars en vacances avec les copines.
J’ai senti un bel engouement et une certaine reconnaissance chez moi, dans le pays d’Auray, au retour des Jeux de Tokyo. Mais personne ne me reconnaît dans les rues de Paris ou d’ailleurs. Je suis relativement peinarde, si ce n’est parfois aux abords des stades avant ou après un match. Et ça me va très bien. Je préfère qu’on me reconnaisse pour mes performances sur le terrain plutôt que parce qu’on voit ma tête sur des affiches.
J’arrive dans un moment charnière de ma vie de sportive professionnelle. Je garde Paris 2024 en ligne de mire. Il y aura aussi la Coupe du monde à XV en 2025 en Angleterre. On verra où j’en suis physiquement le moment venu.
J’y pense forcément un peu, mais de là à savoir ce que je ferai… C’est encore flou et je me dis que c’est assez positif : ça veut dire que je n’ai pas encore tout vécu sur le terrain et qu’il me reste plein de belles choses à accomplir. Je vis dans l’instant présent.
Oui, plus que jamais. Quand j’ai une idée en tête, en général, je ne la lâche pas ! En pro ou en amateur, je ne sais pas. Ça dépendra de l’âge auquel je reprends le hand et de mes capacités. Je ne me fixerai pas d’objectif impossible, mais je sais que j’essayerai, en fonction des opportunités, parce que j’aurai toujours cette âme de compétitrice. J’ai besoin de me fixer de nouveaux défis.
1996 : naissance le 7 juillet 1996 à Auray.
2002 : débute le rugby à Auray, suivant l’exemple de ses frères.
2010 : se tourne vers le handball
2015 : première licence au Stade Rennais rugby
2016 : championne de France et du monde universitaire de rugby à 10
2017 : première sélection en équipe de France de rugby à 15, le 12 mars, contre l’Italie
2018 : élue meilleure joueuse du championnat de France
2021 : vice-championne olympique de rugby à 7 à Tokyo