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Avant le choc de ce samedi 28 janvier contre Brive, à Jean Dauger, le manager de l’Aviron Bayonnais, Grégory Patat est revenu sur l’opposition qui attend les Ciel et blanc. Mais aussi l’amitié qu’il entretient avec l’entraineur du CAB, ainsi que sur sa casquette de manager de Bayonne.
Un choc capital dans la course au maintien, des retrouvailles aussi pour deux amis. Le Bayonne – Brive de ce samedi 28 janvier à Jean Dauger sera un moment fort de la saison de l’Aviron. Tant pour les joueurs Ciel et blanc, qui ont l’opportunité de faire un grand pas vers leur objectif principal cette saison (rester dans l’élite), que pour Grégory Patat, le manager bayonnais qui va retrouver Patrice Collazo, son homologue briviste. Deux hommes qui avaient vécu une belle aventure à La Rochelle à partir de 2018. Avant le duel de cette 16e journée de Top 14 , Grégory Patat jette aussi un coup d’œil dans le rétro de ses six premiers mois passés à la tête de l’Aviron Bayonnais .
France Bleu Pays Basque : Avec une victoire, un très grand pas vers le maintien serait réalisé ?
Grégory Patat : Oui, on aurait quatorze points d’avance sur le 13ᵉ, parce que Brive est 13ᵉ à l’heure actuelle, c’est la réalité du classement. S’il y victoire ça dégagera un horizon un peu plus bénéfique pour nous. Après, la remise en question, on l’a à chaque rendez-vous parce que le niveau est très homogène. L’erreur serait de croire que comme Brive est 13ᵉ, ça va être facile. Pas du tout. Ils sont sur une dynamique positive. Ils viennent avec des ambitions. Est-ce qu’on va avoir beaucoup plus de pression ? Je ne pense pas. La pression est là depuis le début de saison, ici à Dauger. Maintenant, c’est à nous de faire preuve de maîtrise dans notre jeu et de contrôler cet événement. Patrice (Collazo, ndlr) regarde vers le haut, lui. Il a coché deux victoires, une victoire demain contre nous, et une contre l’Usap pour recoller au peloton du maintien.
Un des matches où vous avez été assez fébrile à la maison, c’était Perpignan. Faire le jeu, joueur contre des concurrents directs, peut perturber le groupe ?
Déjà, ce qui est bien, c’est qu’on a l’expérience de l’Usap . On a vu qu’on avait une pression supplémentaire sur nos épaules, qu’on avait forcé notre jeu et qu’on n’avait pas maîtrisé et qu’il a fallu aller puiser dans certaines ressources pour revenir. Mais ce match, ce n’est pas du bonus. C’est comme contre Toulouse ou contre La Rochelle. Tout va très vite. On a condamné Brive à un moment donné de la saison, ils ont enchaîné trois performances positives, et regardez où ils se trouvent donc, à nous, je le répète, de maîtriser notre match et notre jeu. Quand on regarde les données de Brive, c’est la plus faible attaque à l’extérieur et c’est la cinquième défense à l’extérieur. Si on laisse beaucoup de points à cette équipe, ils ont une défense qui est performante et donc ça sera encore plus dur. À nous de ne pas leur donner trop de points, d’être propres dans la discipline, dans notre camp et de maîtriser de bout en bout ce match.
Quant à Patrice Collazo…
C’est quelqu’un qui est venu me chercher quand ça n’allait pas. Généralement, on voit les vrais visages des gens à ce moment-là. Je ne le remercierai jamais assez. Il m’a donné l’opportunité d’arriver dans un club qui se structurait et qui était en pleine évolution avec un projet novateur, un projet de jeunes et de pros. Il avait une vision. C’est un mec qui est ambitieux, très proche des joueurs, de ses entraîneurs aussi, avec un cadre. Patrice, je lui dois beaucoup parce que c’est lui qui m’a mis le pied à l’étrier, déjà dans le Top 14. Le fait qu’il m’intègre dans ce double projet, jeune et pro, il m’a fait grandir moi aussi en tant qu’entraîneur et manager puisque j’étais manager des espoirs, tout en n’ayant pas la pression du résultat. Ça a été bénéfique pour ma construction. Patrice, je le connais. Avant le match, je ne sais même pas si on se dire bonjour. De manière générale, on ne s’appelle pas souvent… déjà le Gersois a une relation compliquée avec le téléphone (rires) mais voilà, on n’a pas besoin de s’appeler pour s’apprécier. On va se recroiser. Je ne sais pas dans quel état d’esprit je serai demain. Lui non plus. Mais je sais qu’il va vouloir montrer à son groupe qu’il est Briviste et pas fan de Greg’ Patat (sourire).
Vous découvrez cette saison, ce niveau-là, le Top 14 en tant que manager. Comment analysez-vous vos six premiers mois ?
Bon, je me sens bien. J’ai été bien accueilli dans ce rôle de manager. C’est le premier point. J’ai un environnement qui correspond à mon caractère. Donc, il y a un alignement qui est propice à l’épanouissement, ça c’est le premier point. Maintenant, notre métier est fait de remise en question permanente. Là c’est vrai qu’on surfe sur une vague de résultats plutôt positive. Je trouve qu’on a bien bossé, parce que déjà notre recrutement est fait pour la saison prochaine. On met des choses en place et ma situation évolue en même temps que la situation du club. On construit quelque chose. Je suis performant dans certains secteurs, ça, je le sais. Il y en a d’autres que je dois maîtriser encore, mais j’en suis conscient et je n’ai pas honte de lever la main pour le dire, je le reconnais. Dans les projets, sur le plan interne, il faut amener des choses nouvelles. De la progression en termes de structure, en termes de management est un thème d’évolution dans notre parcours. Sinon, si on n’amène pas ça, on stagnera et on fera du surplace. Et si on fait du surplace, il y aura un impact sur le manager.
Beaucoup de personnes interrogées vous décrivent comme quelqu’un de très simple dans le rapport humain…
Je suis conscient que l’image est importante dans notre sport et dans le milieu professionnel. C’est une certitude. J’y travaille, parce que je suis d’un caractère taiseux, fait de simplicité. Les différentes expériences de mon parcours professionnel m’ont appris que si on s’inventait un rôle et qu’on n’était pas soi-même, ça ne passe pas. Donc j’ai appris de certaines des expériences. Je ne cherche pas la lumière. Et je suis dans le bon environnement parce qu’ici, il y a beaucoup de joueurs qui ne cherchent pas la lumière, qui veulent réussir un projet sportif parce qu’on est tous des compétiteurs et que je le suis aussi, et ça simplifie les rapports.
Mais autour de l’Aviron, c’est aussi un environnement qui peut s’enflammer…
Quand j’ai signé, je savais où je mettais les pieds. Mais bon, quand on accepte un tel rôle, autant savoir où on se situe par rapport à un bon environnement, exigeant et à fort caractère. Voilà, je suis simple, je suis décrit comme gentil, mais beaucoup de personnes disent que ce n’est pas une qualité, alors que je ne vois pas pourquoi. J’ai bon caractère, je sais dire les choses et je sais où que je veux aller. On est au tout début d’un projet et ça passe par des fondations très solides. Donc se projeter déjà tout en haut d’un classement ou avoir des ambitions qui sont trop précoces, ça ne fonctionne pas. Par expérience, à un moment, il y aura un retour de la porte. Donc si on travaille au respectant l’environnement, et bien sûr que si on peut aller chercher des choses, on ira les chercher. Mais dès à présent, ça impactera sur le futur et il y aura des nouvelles problématiques. Et ça, il faut qu’on en soit conscient. Et mon rôle, c’est de présenter et préparer ça pour tout le monde. C’est de rester vraiment terre à terre, de construire étape par étape.
Le milieu peut changer certains. Des chances que cela vous arrive ?
Je pense qu’il y a peu de chances que ça m’arrive. Je connais trop bien le milieu et je sais comment il fonctionne. J’ai une bonne lecture de ce rugby professionnel et je sais que la réalité d’un moment peut ne pas être celle du lendemain. Donc ça, attention, et j’ai vu des managers, des entraîneurs se crasher. Je suis jugé sur les résultats, là il y a une histoire qui commence très bien. Mais on n’est pas à l’abri de… mais ça, il faut l’intégrer, tout simplement. Et ça, je l’ai très bien intégré. Généralement, les histoires d’amour peuvent finir mal, on le sait, mais c’est notre réalité de manager. Et si on n’accepte pas cette réalité, il ne faut pas faire ce métier. Maintenant, il faut profiter des bons moments, se serrer dans les moments les plus difficiles. Mais mon éducation fait que je ne changerai pas. Là, je suis beaucoup plus sollicité par les médias. Ils me relancent souvent par texto, mais je ne cherche pas la lumière. Je fais partie de l’Aviron Bayonnais et la lumière, ça doit être l’Aviron. Je fais partie de l’Aviron Bayonnais, mais c’est l’institution qui est qui doit primer.
Vous vous reconnaissez aussi dans cette ville de Bayonne, très festive, et vous avez un passé très festif…
Vous êtes bien renseignés (rires) C’est vrai que j’ai beaucoup aimé la fête. Je suis Gersois, je suis un épicurien, j’aime la vie. Maintenant, je me suis beaucoup calmé par rapport à ça et j’essaye d’être en adéquation avec mon groupe aussi. C’est pour ça que j’ai une certaine tolérance, à partir du moment où on respecte l’institution et le club, que ça ne mette pas en danger le club. C’est une petite ville je m’y reconnais. C’est fait de cette simplicité. Mais depuis que je suis manager, il n’y a pas trop de dossiers (rires). Aujourd’hui, il y a une évolution dans notre sport. On le voit, ces histoires se répètent de plus en plus. Les joueurs acquièrent plus de notoriété, sont sollicités en soirée, sont éventuellement des cibles et c’est à eux à faire la part des choses. Aujourd’hui, quand il y a des gens qui sont désagréables avec eux, il faut savoir partir. Ça peut être parfois difficile, mais maintenant, on représente un club, on a des droits, mais on a aussi des devoirs vis-à-vis de l’institution. Par contre, le rugby, on a certaines valeurs à nous avec ce côté troisième mi-temps, qui nous est propre. Et qui est facteur aussi quelque part de cohésion et non pas de performance, mais on va quand même chercher quelque chose de supplémentaire dans l’humain. Donc, tout couper, c’est non. Mais bien sûr, aujourd’hui, il y a une grosse évolution. Le rugby commence à basculer à 200% dans le professionnalisme. Et les joueurs savent que le lundi, le niveau d’exigence sera élevé et s’ils ne se respectent pas trop en troisième mi-temps, il y aura des conséquences sur le futur.
Et pour les jeunes du groupe ?
Mais aujourd’hui les jeunes ont déjà une éducation professionnelle. Ce qui me fait le plus peur, c’est la génération Guillaume Rouet et autres (rires) ceux qui sont entre les deux générations. Les trentenaires. Ils ont eu des codes différents. Aujourd’hui, la jeune génération est orientée à 100% sur la performance. Ils sont déjà demandeurs au niveau de la vidéo. Ils ont des attentes individuelles et collectives. Ils sont en attente de retours. Les joueurs qui arrivent, ces nouvelles générations, changent. Mais je me rappelle notre génération… Nous étions plus rebelles qu’autre chose.
Propos recueillis par Stéphane Garcia

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