Léo Coly va bien. Merci pour lui… C’est vrai côté terrain. Parce qu’en l’absence de l’international sud-africain Cobus Reinach, retenu avec les Boks pour disputer le Rugby Championship, l’ancien numéro 9 (23 ans) a débuté deux des trois journées à Montpellier. Mais c’est également valable dans la vie de tous les jours. L’ancien Montois, qui se revendique comme un « pur produit du Sud-Ouest », a pris ses marques dans l’Hérault depuis la mi-juillet : il s’est installé dans une petite maison « à la campagne », a déjà repéré quelques restos en ville et, bien sûr, la direction de la plage…
Pour parfaire son acclimatation, Léo Coly n’a finalement plus qu’une ultime étape à franchir : se frotter à l’apéro avec…
Pour parfaire son acclimatation, Léo Coly n’a finalement plus qu’une ultime étape à franchir : se frotter à l’apéro avec Enzo Forletta, le pilier international qui avait amusé les réseaux sociaux par ses messages postés durant les célébrations du Brennus… « Je ne l’ai pas encore fait », a-t-il temporisé en rigolant dans une petite salle du GGL Stadium de Montpellier la semaine dernière avant le déplacement à Brive : « C’est quelqu’un que je vais éviter : il est plus costaud que moi. »
Vous aviez justifié votre choix de rejoindre Montpellier par l’envie de découvrir autre chose, de vous mettre en danger. Vos premières impressions ?
Il y a un peu plus de vigilance au quotidien. Un peu plus de pression sur mes épaules. Mais c’est un super challenge à relever. Je suis content de me lever tous les jours pour aller travailler.
Vous parlez de pression…
Forcément, il y a plus d’attentes de résultats, plus d’attentes de performance. Ça demande d’élever son niveau d’exigence. Mais je m’y étais préparé et je pense m’adapter plutôt bien.
Vous sentez-vous guetté dans la réussite de ce choix de carrière ?
Non, pas du tout. C’est moi qui ai décidé de me mettre en danger : je me fiche de ce que pensent les autres (sourire). Je sais que la saison dernière a fait parler du Stade Montois, et donc de moi aussi. J’ai forcément des choses à confirmer : je me sais attendu.
Philippe Saint-André a dit, en vous recrutant avec Louis Carbonel, vouloir reconstituer l’axe 9-10-12 des champions du monde des moins de 20 ans en 2019. Comment se sont passées vos retrouvailles avec Arthur Vincent ?
C’est toujours la même « déconnade », toujours la même ambiance. Comme si on s’était quitté il y a seulement six mois alors que le titre, c’était il y a 3 ans et demi ! On a vécu durant un mois H24 ensemble, ça crée forcément des liens. Les souvenirs ne périssent pas.
Le fait de jouer dans le même club, c’était prémédité ?
Non. On s’en est parlé quand ça a commencé à s’officialiser pour Louis et moi. Arthur nous envoyait des messages, « allez les gars, vous avez plus qu’un pas à faire et on se retrouve tous ensemble ». C’est mieux de rentrer dans un club où tu as des liens.
Le changement de philosophie de jeu est-il important entre Montpellier et le Stade Montois ?
Pas tant que ça ! Il y a beaucoup d’occupation – pression, beaucoup de « chasses », beaucoup de jeu sans ballon. Je m’y retrouve.
Vous décrivez là les bases du rugby moderne. N’existe-t-il tout de même pas des variations ?
Tous les clubs jouent comme ça. Que ce soit en Top 14 ou en Pro D2, il n’y en a pas où on dit de relancer depuis l’en-but ou de jouer dans les 22 mètres. Il n’y a que les annonces qui changent, ainsi que les courses et les habitudes des partenaires. C’est sûr que Montpellier a une grosse conquête et une grosse défense. Comme c’est ce qui permet de pousser l’adversaire à la faute, on bosse les ballons de récupération pour être encore plus performants.
La présence dans le staff de Jean-Baptiste Elissalde, ancien numéro 9 international, a-t-elle pesé dans votre choix ?
Il y avait des anciens joueurs dans tous les clubs que j’ai visité. Mais l’important, c’était de travailler avec quelqu’un qui connaisse le poste. Jean-Baptiste a une énorme carrière, je me suis dit que c’était un plus pour m’aider à franchir encore des paliers.
Des joueurs vous influencent-ils plus que d’autres ?
Ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle, évidemment. Aaron Smith ou les autres joueurs de l’hémisphère Sud, Antoine Dupont dont il faut s’inspirer mais sans essayer de copier… Chacun d’entre eux a un super-pouvoir ! Il y a la passe d’Aaron Smith, la vision de jeu d’un Ruan Pienaar, le leadership d’un Morgan Parra… Il y a tellement de joueurs dont on peut s’inspirer.
Depuis vos débuts en Top 14, vous avez notamment affronté Maxime Lucu (UBB) et Tawera Kerr-Barlow (La Rochelle). Que retenez-vous de ces face-à-face ?
C’est top ! On ne s’en rend pas forcément compte sur le coup, mais ça fait progresser de jouer contre ces internationaux. Même si la différence n’est pas non plus incroyable, ils sont peut-être un peu plus rapides et plus athlétiques que les demis de mêlée qu’on affronte en Pro D2. Kerr-Barlow, qui a remporté une Coupe du monde, a d’ailleurs eu la gentillesse de m’écrire après le match pour m’encourager à continuer sur cette voie et à garder cette confiance. Quand ça vient d’un joueur comme ça, ça donne envie de continuer à bosser.
Vous avez été champion du monde avec les moins de 20 ans, vous avez déjà été appelé dans les groupes élargis avec le XV de France. Vous êtes-vous fixé des objectifs individuels ?
Non, non (sourire). J’ai d’abord des objectifs à court terme. C’est en enchaînant, et même en faisant des erreurs, qu’on progresse : j’ai moins appris l’an dernier (Ndlr, avec le Stade Montois) qu’il y a deux ans quand j’étais dans la merde, parce que je faisais des mauvais matchs et que le club était en difficulté. Il va y avoir des moments durs, c’est là que je devrai être fort.
Avez-vous mis du temps à digérer les deux défaites ayant conclu la saison du Stade Montois (1) ?
J’ai mis pas mal de temps à switcher… Ça va rester quelque part en moi tout au long de ma carrière. Malgré la saison magnifique, lors de laquelle on a montré qu’il n’y a pas que le budget qui compte dans le rugby, c’est une fin catastrophique… J’ai eu la chance de repartir sur un nouveau projet : je plains ceux qui ont dû replonger. Une saison de Pro D2, c’est très long.
(1) Après avoir fini en tête de la Pro D2, les Montois ont perdu la finale face à Bayonne puis le barrage pour le Top 14 face à Perpignan.