« Il y a une chose qui m’a assez bluffé sur le match de Biarritz (27-29), car j’ai rarement vu un ailier faire ça. Quand un ballon est arrêté au sol, Wame Naituvi est capable de le récupérer tout en maintenant une certaine vitesse. Habituellement, on freine, on se ralentit. Lui est capable de faire des choses que très peu d’ailiers peuvent réaliser. Ça, c’est une force. C’est un phénomène, encore brut. Un diamant à polir. Quand on s’intéresse à ce poste de trois-quarts aile, on est obligé de s’arrêter sur les performances de Wame. »
Le compliment n’est pas anodin et ne vient pas de nulle part car il est signé Laurent Arbo, actuellement préparateur physique des jaune et noir, et détenteur du plus grand d’essais en première division (100 réalisations), de 2006 à 2018. Car l’ailier du Stade Montois Wame Naituvi (26 ans) brille de mille feux, avec quatre essais marqués lors des trois premières journées de championnat. « Son meilleur début de saison depuis son arrivée au club », appuie même le manager Patrick Milhet.
Pourtant, tout n’a pas été simple pour le Fidjien ces derniers mois. Touché au genou en fin de saison dernière, l’ailier (1,82 m, 100 kilos) a manqué les phases finales avec les jaune et noir. Wame Naituvi a ensuite été au centre de l’attention et des discussions entre le Racing 92, qui voulait récupérer le joueur l’été dernier, et le Stade Montois, pas prêt à lâcher son meilleur marqueur d’essais. Il est donc resté dans les Landes mais rejoindra quand même les Hauts-de-Seine à l’été 2023.
Puis, une semaine après la reprise de l’entraînement, mi-juillet, le joueur arrivé dans Landes en 2017, après un passage à Clermont – « une connaissance m’a appelé et m’a dit de s’intéresser à ce joueur qu’il ne conservait pas, car il avait quelque chose », rappelle Patrick Milhet – a de nouveau ressenti une douleur au genou. Il est donc reparti au Centre européen de rééducation du sportif (Cers) de Capbreton pour deux semaines, renforcer son genou, manquant autant de temps de préparation. « Il n’a pas pu travailler sa capacité à enchaîner les efforts et à mettre de l’intensité dans toutes ses courses, explique Laurent Arbo. Il faudra faire attention et s’adapter car il y a un risque de contrecoup et de pépins physiques. »
En attendant un possible contrecoup, Wame Naituvi est revenu pied au plancher. Meilleur marqueur de Pro D2 en 2019-2020 (9 essais), le joueur aux 36 essais en 77 rencontres (0,47/match) avec les jaune et noir en veut encore plus. « Il y avait une possibilité d’aller au Racing cet été mais c’était compliqué et cela ne s’est pas fait, rappelle l’ailier, préservé cette semaine pour une douleur à l’épaule mais qui sera bien titulaire face à Oyonnax, ce vendredi 16 septembre (21 heures). J’ai décidé de rester une saison supplémentaire à Mont-de-Marsan et j’ai envie de donner le meilleur pour mes coéquipiers, pour finir sur une bonne note. Ils attendent beaucoup de moi, que je marque des essais, et je ne veux pas les décevoir. J’espère faire mieux cette saison et enfin passer la barre des 10 essais (2). »
« Un peu comme les vampires sont attirés par le sang, nous, les ailiers, on est attiré par le fait de mettre un ballon derrière la ligne, poursuit Laurent Arbo. On a cette soif de marquer et ça, ça ne changera pas. On est une race à part. On est souvent des solitaires, un peu en marge : j’ai toujours comparé le rôle d’un ailier au rôle d’un buteur au foot. On a beau avoir gagné, si on n’a pas marqué, on n’a pas fait un bon match. Pour l’instant, il marque, donc il n’y a pas besoin de le challenger. Mais quand il marquera un peu moins, ça sera le moment de lui rappeler que son rôle sur un terrain, c’est avant tout de marquer. Et au fond de lui, il le sait. »
Pour réaliser une aussi belle saison que l’an dernier, le Stade Montois sait qu’il aura besoin de son facteur X, notamment face aux gros morceaux du championnat, comme Oyonnax. « Il arrive à maturité et il est prêt pour le haut niveau, estime Patrick Milhet. Quand il est arrivé au club, on avait l’impression qu’il n’avait jamais foulé un terrain de rugby. Puis il s’est construit en tant qu’homme et en tant que joueur. Il a évolué dans tous les secteurs – le jeu aérien, la défense – et aujourd’hui, il a cette qualité de pouvoir prendre le ballon et traverser le terrain. C’est le seul qui a le secret de pouvoir faire ça et il va encore progresser dans un effectif avec des joueurs de très haut niveau. »
D’un tempérament très discret – « mais il est important dans le groupe car il a énormément d’humour et il est extrêmement attachant » –, Wame Naituvi a évidemment encore des axes de progression. « Il lui manque peut-être de plus communiquer sur le terrain, il doit encore passer un cap là-dessus, poursuit le manager montois. C’est l’homme qui est timide hors et sur le terrain. Mais le joueur, lui, il la cache dès qu’il a le ballon dans les mains. » Et les défenses de Pro D2 en font souvent les frais. Bis repetita ce vendredi face à Oyonnax ?
(1) Le joueur avait saisi le conseil de Prud’hommes afin de se libérer de son contrat, qui courait jusqu’en 2023. L’origine du conflit se situe dans la clause libératoire : selon le club, elle n’était active qu’en 2021, et non cette année, ce que contestait l’avocat du joueur.
(2) Neuf essais en 2019-2020 et 2021-2022 et huit essais en 2020-2021.

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