Après la première demi-finale face à Toulouse (19-20) en 2021, l’UBB était impatiente de repartir pour essayer de faire mieux la saison dernière. Dans quel état d’esprit êtes-vous après cette deuxième demie face à Montpellier (19-10) ?
On était surtout frustrés de la manière dont ça s’est déroulé sur cette fin de saison, même si on a encore fait quelque chose d’assez exceptionnel pour le club. On a tout mis à plat dès la reprise et je trouve qu’on est revenus avec beaucoup d’enthousiasme, beaucoup d’envie et de fraîcheur.
On était surtout frustrés de la manière dont ça s’est déroulé sur cette fin de saison, même si on a encore fait quelque chose d’assez exceptionnel pour le club. On a tout mis à plat dès la reprise et je trouve qu’on est revenus avec beaucoup d’enthousiasme, beaucoup d’envie et de fraîcheur.
Des changements ont été apportés dans le management, le jeu, la vie de groupe, le fonctionnement… Est-ce la saison du renouveau à l’UBB ?
On n’a pas tout bousculé non plus, on garde tout de même des principes qui sont là depuis trois ans maintenant. On conserve une base solide, on ne repart pas de zéro, on a apporté des évolutions. Il y a eu une prise de conscience collective de la part des joueurs sur ce qu’on a peut-être négligé ou laissé filer au cours des trois ans. On était peut-être habitués à être bien à notre place en haut du classement. On a été frustrés par le résultat de la demie mais aussi de la manière dont ça s’est passé. Il fallait remettre les choses à plat. Les joueurs et le staff devaient faire leur mea culpa.
Vous étiez tombés dans une sorte de routine ?
Oui, peut-être… On ne se rendait pas compte qu’il fallait faire plus d’efforts. Maintenant qu’on est attendus, il y a davantage d’efforts à faire. On a remis les choses à plat, on a fait des ajustements. On est prêts à repartir et on est impatients de voir ce que ça peut donner.
Christophe Urios a insisté sur le fait que les joueurs devaient se responsabiliser. Qu’en pensez-vous ?
Ça me paraît logique. Il est clair qu’on avait un problème à ce niveau, sur la prise de responsabilité, de savoir se dire les choses entre nous… On attendait vraiment énormément du staff. Mais pour passer la marche supérieure, il faut que nous, les joueurs, on arrive à prendre nos responsabilités et passer devant sans que le staff nous le dise.
Cette prise de conscience a-t-elle amené un changement dans votre manière de fonctionner ?
C’est là-dedans qu’on s’est un peu loupé en tant que groupe et qu’on s’est un peu relâché durant ces trois dernières années. Quand Christophe (Urios) est arrivé, on venait de vivre une phase tellement compliquée au niveau du leadership, qu’on était vraiment là-dedans. Au fur et à mesure, on s’est un peu endormis. On a loupé de belles opportunités sur ces deux dernières années. Moi, en tant que joueur et capitaine, je suis d’accord avec ça.
Ce problème de leadership n’est-il pas inhérent au rugby bordelais ?
Le staff a apporté des choses qui nous ont permis de nous qualifier sur toutes les compétitions (Top 14, Champions Cup, Challenge Cup). Derrière, la dernière marche, c’est forcément aux joueurs de la passer. Le staff ne peut plus rien faire pour nous. Ça en revient à la responsabilité des joueurs tout au long de l’année. On a trop attendu du staff. On s’est laissé porter dans un truc installé, parce que ça fonctionnait comme ça. Mais si le staff répète le même message toutes les semaines, ça perd de l’impact au bout d’un moment. C’est au groupe de se révolter et de dire stop pour ne pas aller droit dans le mur.
La fin de saison dernière a été particulière pour vous en raison de votre blessure (déchirure au mollet). Ça vous a empêché de vous mettre en avant ?
Ça m’a complètement freiné à ce niveau. On en a discuté avec Christophe (Urios). Dans ces moments-là, il attend que je sois aussi présent. Mais sur le coup, c’était difficile pour moi car j’étais blessé, j’étais concentré sur le fait d’essayer de revenir. Il faut que j’arrive à passer au-dessus de ça pour être plus présent dans les moments difficiles.
Sur cette nouvelle saison, allez-vous être un capitaine plus dur ?
Quand je parle du leadership, ce n’est pas uniquement Mamad Diaby (vice-capitaine) et moi. J’inclus un groupe entre 9 et 15 joueurs qui doivent prendre plus de place dans le vestiaire. Est-ce que je serai plus dur ? Je ne sais pas. Mais il faudra au moins que je le sois avec les leaders qui m’entourent car ça ne pourra pas se passer comme les saisons précédentes.
Les joueurs ne se cachent-ils pas derrière ce leadership collectif ?
Le capitaine est là pour trancher mais il ne peut pas tout faire tout seul. On est obligés d’avoir des relais. Après, ces relais doivent prendre leurs responsabilités et assument leurs idées, et ne pas toujours dire ce que le capitaine ou le manager a envie d’entendre. C’est en ce sens que l’on doit progresser. Dans notre équipe, il n’y a trop souvent que le manager ou le capitaine qui parlent. D’autres mecs doivent prendre le relais.
Après quatre demi-finales en deux ans (deux en Top 14, une en Champions Cup, une en Challenge Cup), l’UBB bute-t-elle sur un nouveau plafond de verre ?
Déjà, il faut se requalifier. On sait que ce sera encore une terrible bataille. Mais non, je n’ai pas peur que ce soit un nouveau plafond de verre. C’est la construction logique de notre club. On a échoué pendant des années sur la qualif’. Là, on a du mal à passer les demi-finales. Mais ça ne fait que deux ans qu’on se qualifie. Il faut emmagasiner de l’expérience de tout ça pour essayer d’aller plus haut. La soif du titre est présente. Tout le club l’attend. Mais il ne faut pas se concentrer que sur ça, sinon, on oublie tout ce qu’il y a à faire pour y parvenir.
Se concentrer sur les moyens plutôt que sur la fin, c’est ce que l’UBB n’a pas fait la saison dernière, notamment sur le match à Perpignan ?
Peut-être… Et ça n’a pas marché. Cette défaite a déclenché une petite tempête autour de nous. Il y a eu cet épisode entre Christophe (Urios), Cameron (Woki) et Matthieu (Jalibert). Ça a été repris par beaucoup de médias. Mais ce qui est dommage, c’est qu’on est aussi parti là-dedans du côté des joueurs, Cameron et Matthieu ont répondu… Ça a créé un environnement qui n’était pas forcément favorable à la performance. On a un peu l’impression de s’être sabordé.
Avez-vous peur que cet épisode laisse des traces sur ce début de saison ?
Non. Pendant les vacances, je me suis demandé comment on allait repartir après ça. Mais on a tout remis à plat, on est vraiment passé à autre chose.
Bordeaux-Bègles – Toulouse, ce dimanche (21 h 05) à Chaban-Delmas.