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Joueur clé de l’ère Laporte, c’est du côté de la Section paloise que Steffon Armitage a poursuivi son aventure après ses années dorées à Toulon. Avant la rencontre entre les deux clubs (ce samedi à 17h à Mayol), le troisième ligne raconte.
Sur la rade, Steffon Armitage a acquis le statut de légende. Titulaire indiscutable du Rugby club toulonnais version rouleau compresseur (où il a évolué de 2011 à 2016), il compte un Brennus et trois Champions Cup. Loin des standards du troisième ligne 2.0, il a su imposer son style. Toujours avec caractère. Son arrivée à Nice, son divorce avec Mourad Boudjellal, sa relation avec la sélection, l’homme se confie. Sans filtre, comme à son habitude.
Comment passe-t-on du capitanat du Biarritz olympique à la troisième division, avec le Stade niçois?
C’est assez facile et naturel. Je voulais boucler la boucle à Nice. C’est là-bas que j’ai vraiment découvert le rugby, que j’ai grandi, alors c’est logique pour moi. J’aime la région.
Vous voyez-vous rester dans le Sud de la France après votre carrière?
ça, je ne sais pas encore. Pendant 15 ans, ma femme a accepté de me suivre partout. Alors le jour où je raccroche, c’est elle qui décide et je serai là pour suivre son rêve.
A Biarritz, quelles étaient vos relations avec le président, Jean-Baptiste Aldigé, personnage plutôt clivant du rugby?
Franchement, nos relations ont toujours été bonnes. Tout ce qui se disait à l’extérieur, je n’en tenais pas compte. Je mettais tout ça au fond de mon cerveau pour me concentrer sur le rugby. C’était ça, mon boulot.
Si on vous dit “Rugby club toulonnais”, vous répondez quoi?
C’est la famille! C’est inoubliable. J’ai passé mes meilleurs moments à Toulon. C’est mon club de cœur. Si on dit Armitage dans le rugby, on pense directement à Toulon. Mon nom est lié à ce club. Ce qu’on a fait, c’est impensable. Un Brennus, trois coupes d’Europe d’affilée, c’est fou…
Vous en parlez avec une telle fraîcheur, presque 10 ans après…
Je garderai toujours cet état d’esprit! On était une bande de potes, de frères. Dans le vestiaire, avec toutes les stars qu’on avait, il n’y avait pas d’ego. C’était notre force. Tout le monde jouait pour le mec d’à côté. Celui qui disait qu’on était des mercenaires ne comprend rien au rugby.
En quoi la présence de Bernard Laporte, comme coach, a-t-elle été essentielle?
Bernard a vraiment beaucoup apporté. Pour entraîner de tels joueurs, il faut être crédible. Il l’était. Il savait comment parler à chaque mec. On avait tous nos caractères, nos jours sans. Mais il a su tirer le meilleur de chacun.
Votre fin d’histoire avec le RCT a été un peu plus compliquée, notamment avec le président, Mourad Boudjellal. Vous avez dit dans une interview qu’il vous a “donné envie de haïr Toulon”. Avez-vous eu, depuis, de ses nouvelles?
Après cet épisode et mon départ, on s’est recroisé pour des matches entre Toulon et Pau sur le terrain ou dans les couloirs. Mais c’est tout, je n’ai pas de ses nouvelles, non.
A Toulon, pendant toutes ces années, vous avez joué au côté de votre frère, Delon. ça aussi, ça doit être une expérience particulière…
C’est un truc dont tout le monde rêve, je pense. Déjà gagner des titres, tous les joueurs en rêvent. Mais alors le faire avec ton frère sous le même maillot, c’est complètement dingue.
Justement, que fait Delon aujourd’hui?
Il est bien! (rires). Il est en Angleterre, dans une académie. Il a passé tous ses diplômes d’entraîneur et je suis sûr qu’un jour, il coachera en France.
Pour revenir à vous, comment après le RCT, vous êtes-vous retrouvé à Pau? On pouvait vous imaginer dans un club du top 6…
On ne va pas se mentir, il y avait pas mal de clubs intéressés, comme Toulouse ou Lyon. Je savais que Delon partait à Lyon et franchement, après 13 ans passés avec lui, je voulais qu’on se sépare un peu pour vivre de nos expériences. Carl Hayman m’a proposé Pau, son projet… et j’ai accepté! J’ai toujours aimé me mettre en danger dans ma carrière et là, c’était le cas.
Comment expliquez-vous qu’à Toulon, vous avez réussi à vous imposer, à chaque match, comme titulaire indiscutable au milieu des Lobbe, Smith, Van Niekerk, Rossouw, Masoe?
Depuis que je suis enfant, on m’a toujours dit que j’étais trop petit, trop gros, pas assez rapide. Mais moi, j’ai une tête de bois, je ne t’écoute pas. Je ne peux pas? Tu vas voir que si. Avec Mourad comme président, on savait qu’à tout moment, il pouvait te remplacer par un McCaw ou un international. Sur le terrain, à chaque fois, je rentrais en me disant que c’était mon dernier match. Je donnais tout. Je peux vous dire que la première fois que j’ai récupéré mon maillot dans le vestiaire avec le 7 dans le dos, je me suis dit que j’allais faire le match de ma vie. C’est ce qui m’a motivé à travailler dur.
Jusqu’à devenir l’un des meilleurs gratteurs de la planète…
J’en ai fait ma spécialité, c’est vrai. Je savais que j’étais plutôt bon dans ce domaine, mais à l’entraînement je bossais comme un chien pour encore m’améliorer. Je pense que ça a payé (rires).
Comment décrire l’ambiance du vestiaire toulonnais de la grande époque, avec cette constellation de stars?
Sérieux mais décontracté. C’était marrant, nos réunions duraient une éternité parce qu’on alternait entre le français et l’anglais. Mais on était vraiment des gars normaux. On écoutait de la musique, on était à l’aise et on savait surtout que le mec à côté de nous ne nous laisserait jamais tomber. Je me pinçais tous les jours pour me dire que j’étais dans le même vestiaire que Botha, Wilkinson, Giteau, Van Niekerk… C’était fou.
Vous comptez “seulement” cinq sélections avec le XV de la rose, est-ce un regret?
Non. Quand je suis parti pour la France, le sélectionneur m’avait clairement dit “tu n’es pas au niveau”. Dans ma tête, c’était “OK, je vais aller le prouver ailleurs”. J’avais l’occasion, en Angleterre, de jouer pour d’autres clubs. Mais j’ai grandi aux London Irish et je ne me voyais pas jouer pour un autre club. Question de fidélité. Avec le recul, je pense que ma décision a été bonne (rires). J’ai eu plusieurs contacts avec le sélectionneur, pour négocier un prêt à Bath et me faire jouer la Coupe du monde… Mais ça ne s’est jamais fait.
Depuis votre départ, avez-vous remis les pieds à Toulon? Vous rendez-vous compte à quel point les supporters vous érigent au rang de légende ici?
Je suis revenu il y a quelques mois visiter la nouvelle structure, avec Pierre [Mignoni] et le staff. Le campus est incroyable. Quand je pense que nous, on était 30 mecs dans un vestiaire trop petit, que notre salle de kiné était un cabinet… Je trouve ça drôle. Mais ça nous allait tellement bien! C’est notre histoire. Pour ce qui est des supporters et de mon statut, tout ça c’est grâce à eux. Je le répète. Ils étaient essentiels dans notre succès. Le jour du match, les mecs fermaient leurs commerces pour venir au stade. Tout le monde poussait. C’était fou.
Avez-vous gardé des contacts avec les joueurs de l’époque?
Bien sûr! On a toujours notre groupe de discussions sur le téléphone, on continue d’échanger. On s’est vu pour le jubilé de Guirado, on va se revoir cet été, on organise un voyage en Guadeloupe pour Bastareaud. Partout où je suis passé, j’ai gardé des contacts avec les mecs.
Dernière question pour rassurer les supporters, en Nationale, grattez-vous toujours autant de ballons? Les joueurs en face se font-il un plaisir à mettre un caramel à Steffon Armitage?
J’adore ça! Je veux que les mecs en face se disent ça. Mais je suis toujours là, les gars! Tapez-moi dedans. En plus à ce niveau, il n’y a pas de caméras… Alors ce n’est pas toujours une partie de plaisir (rires).
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