PRO D2 – L’Association Biarritz olympique est, depuis de longs mois, au cœur d’un conflit où deux camps s’opposent. À plusieurs reprises, David Couzinet a vu ses opposants essayer de le renverser. La justice doit une nouvelle fois se prononcer, demain, sur ce dossier complexe.
À Biarritz, le rugby amateur traverse une crise sans précédent où, depuis maintenant plusieurs mois, deux camps s’opposent sur le plan judiciaire. Il y a, d’un côté, David Couzinet, qui a été coopté à la présidence du rugby amateur en septembre 2021. Pour diriger l’association rouge et blanc, l’ex-deuxième ligne est accompagné de certains anciens coéquipiers (Dimitri Yachvili, Jérôme Thion, Imanol Harinordoquy), avec qui il portait le maillot du BO au début des années 2000.
De l’autre, on retrouve les opposants aux “Galactiques”. Emmenés par Serge Blanco, ils ont tenté, à trois reprises, de renverser le bureau en place en réunissant un quart des membres de l’association, puis en convoquant des assemblées générales pour “révoquer les membres du conseil d’administration” et “élire de nouveaux administrateurs”. À chaque fois, la justice a été saisie par David Couzinet, pour contester la tenue de ces “AG”.
Le 25 août, le tribunal de Bayonne a rendu son verdict au sujet de la première assemblée tenue par Serge Blanco (4 avril). La convocation lancée par l’ancien arrière international a été jugée conforme, mais le tribunal a constaté l’irrégularité des opérations de vote réalisées ce soir-là. Il a donc prononcé l’annulation de l’ensemble des résolutions adoptées pendant ladite assemblée : la révocation du bureau en place (Couzinet, Harinordoquy, Thion, Yachvili) et la nomination d’un nouveau bureau (avec Nicolas Brusque à sa tête). De fait, David Couzinet conservait sa place à la tête du rugby amateur. La seconde assemblée générale ? Elle avait été initiée par Philippe Palau, un autre membre de l’association, et devait avoir lieu le 16 juin. Néanmoins, sa tenue avait été interdite par la juge des référés du tribunal de Bayonne.
La troisième – puisque c’est celle dont il sera question, demain mardi, au tribunal de Bayonne – a été convoquée par Guillaume Raoulx, le 30 juin. Elle s’est tenue le 19 juillet. Depuis cette date-là, Guillaume Raoulx s’estime président de l’association. David Couzinet, qui a saisi le juge des référés pour faire suspendre les conséquences de ladite “AG”, aussi. À ce jour, il poursuit ses fonctions de patron du rugby amateur. La justice doit rendre sa décision mardi et dire qui des deux peut endosser cette responsabilité.
Mercredi dernier, l’ancien deuxième ligne a été entendu pour une plainte déposée pour “abus de qualité vraie” par Guillaume Raoulx. “Pour me défendre, j’ai imprimé ces documents pour les fournir au commandant de police qui m’a convoqué : ma liste des licenciés FFR dans laquelle ne figure pas M. Raoulx, les décisions de justice qui nous maintenaient en place. Guillaume Raoulx s’autoproclame président de l’association, mais il faut savoir qu’à l’heure où je vous parle, il n’en est même pas membre. Il n’a pas les capacités pour être président”, estime David Couzinet. Le 30 juin dernier, date où Guillaume Raoulx lança sa convocation pour une assemblée générale, ce dernier était bel et bien membre de l’association (son adhésion courait jusqu’au 30/06). Il ne l’a, depuis, pas encore renouvelée.
Dans le camp d’en face, “une histoire de réaffiliation” est évoquée et l’article 8 des statuts de l’association, relatif à la perte de la qualité de membre, est mis en avant. Celui-ci stipule que “la qualité de membre de l’association se perd par la démission, l’exclusion, le décès ou la dissolution de la personne morale membre.” Sur ce point, Raoulx souligne : “Vu le contexte, on ne nous a pas proposé de poste d’éducateur, donc forcément, les licences n’ont pas été renouvelées. Aujourd’hui, ils jouent l’argument que je n’étais pas licencié pour me discréditer. Vous savez, j’ai 18 ans de licence au BO, onze en tant que joueur, sept en tant qu’éducateur.”
Âgé de 42 ans, Raoulx a fait toute son école de rugby à Biarritz, où il a joué jusqu’en Reichel, avant de porter les couleurs d’Anglet et Bidart. Il est ensuite revenu au sein du club basque en tant qu’éducateur. “Il n’y a pas loin de 80 ans d’histoire entre ma famille et le BO, pose-t-il. J’ai un respect et un attachement pour ce club et je suis juste triste de voir la tournure que ça prend. J’ai simplement la volonté d’essayer de faire quelque chose à mon niveau. Mon dada, c’est le terrain et la formation avec les enfants. Aujourd’hui, je me retrouve dans cette position, car il y a eu toutes ces assignations et convocations.”
Dans ce conflit interne, qui déchire les membres de l’association depuis maintenant plusieurs mois, il n’a pas attendu le 19 juillet pour manifester son mécontentement. “Je fais partie des gens qui, depuis le début, ont envie d’un changement, car on a l’impression qu’une identité et une vie associative se perdent. La place de président, je ne l’ai jamais briguée. Aujourd’hui, je sais pourquoi je le fais. J’ai mon histoire avec ce club et j’assume complètement. Il n’y a pas d’animosité, juste une envie de changement. Nous sommes partis dans une bataille juridique qu’on n’a pas choisie. Tout le monde est triste de ça. Je ne crois pas qu’eux (les Galactiques, NDLR) s’amusent à faire tout ça et je ne pense pas que, dans l’histoire, il y ait des méchants ou des gentils. Quand tu vois qu’il y a deux fois 160 personnes, puis 140 la troisième fois, qui signent une demande pour une assemblée générale, parce qu’il y a un certain ras le bol dans l’association, ce n’est pas anodin. Je ne pense pas que ces 160 personnes soient pilotées”, glisse-t-il, en réponse à ceux qui estiment qu’il est “instrumentalisé”.
Quand on lui demande quel est le projet porté par les opposants au bureau actuel, il commence par affirmer que, s’ils obtiennent gain de cause devant la justice, “il va falloir essayer de fédérer et de reconstruire quelque chose de propre”. Avec ceux qui le soutiennent, il souhaiterait remettre en place l’équipe féminine au sein de l’association, tout comme l’entente qui existait, depuis une vingtaine d’années, avec le Bidart Union Club au sein des catégories cadets et juniors.