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Bien sûr, le Top 14, autoproclamé « meilleur championnat du monde », attire la lumière. Sa petite sœur, la Pro D2, fait pourtant le bonheur des amateurs de rugby. Longtemps synonyme de jeu restrictif et de repaire à vieux grognards, elle est aujourd’hui passionnante et plus ouverte que jamais. Surtout, elle s’affirme comme une pépinière de talents. Zoom sur certains d’entre eux, avec une deuxième étape dans le grand sud.
Étape précédente : Biarritz, Mont-de-Marsan, Agen et Montauban
Il y a quelques saisons, Colomiers révélait Bastien Vergnes-Taillefer, un troisième ligne centre, excellent porteur de balle. Épanoui à Bordeaux-Bègles, il a laissé son n°8 entre de bonnes mains du côté de Michel-Bendichou. Et l’expression a ici toute sa place, si elle désigne Yann Peysson, car le jeune homme n’est pas embêté avec le ballon. Jamais avare à l’heure de se proposer dans la ligne, il n’hésite pas à accompagner les offensives des trois-quarts sur les extérieurs. Le lien entre les avants et les arrières, c’est lui. Pas seulement dans le jeu courant, puisque Peysson n’est pas en reste sur les phases de conquête. Le Columérin (1,92 m, 103 kg) est, avec Anthony Coletta, l’un des capitaines de touche de son pack. Déjà très complet, il dispose d’une marge de progression au plaquage et dans la zone plaqueur-plaqué, des secteurs dans lesquels ses concurrents Lescure et Dastugue ont un peu d’avance.
La Colombe cultive un esprit familial et ce n’est pas un hasard si Yann Peysson (22 ans), dont le père et le grand-père ont marqué l’histoire du club, partage le vestiaire de Mathis Galthié, fils de Fabien, et Victor Moro, fils de Gildas. Le plus jeune des Peysson a grandi dans cet environnement familier, franchissant toutes les étapes depuis sa première licence en 2005. Aujourd’hui, il fait le bonheur de son club formateur, qui, sans faire de bruit, est l’un des plus réguliers du championnat ces dernières années. La qualité de sa formation n’y est pas pour rien : outre Peysson, les frères Pacheco, Robin Bellemand ou encore Waël Ponpon parviennent à faire leur trou chez le 7e de Pro D2. La Colombe, hélas, a l’habitude de voir ses talents quitter le nid…
Quand il a rejoint Carcassonne et la Pro D2 à 32 ans, personne ne l’a envoyé en pré-retraite. De là à imaginer que le moment le plus fort de sa carrière restait à vivre, il y avait un monde. C’est pourtant bien en novembre 2022, à presque 34 balais, que la vie de Samuel Marques a changé. Engagé, avec la sélection du Portugal, dans un tournoi qualificatif à la Coupe du monde 2023, le demi de mêlée de l’USC est devenu un héros national en transformant une pénalité synonyme de match nul contre les États-Unis, et de participation au prochain Mondial, une première depuis 2007 pour Os Lobos (les Loups). Marques ne parle même pas portugais, mais à voir l’effusion de joie provoquée par son tir, certaines émotions se passent volontiers de mots.
🚨 LE PORTUGAL EST DE RETOUR EN COUPE DU MONDE !

Sur une pénalité cruciale de Samuel Marques, le Portugal arrache le nul 16-16 contre lez USA et disputera leur second Mondial de son histoire, après 2007 !

Ils seront dans la poule C (🏴󠁧󠁢󠁷󠁬󠁳󠁿🇦🇺🇫🇯🇬🇪).#USAvPOR #RWC2023 pic.twitter.com/Dki8Kcsvm1
Depuis ses débuts en 2009 à Pau, Samuel Marques a roulé sa bosse, de la Pro D2 au Top 14 en passant par la petite et la grande Coupe d’Europe. Partout où il est passé, on décrit un homme attachant, généreux, avec des qualités techniques indiscutables. Petit gabarit (1,77 m, 76 kg), c’est un neuf qui sait mener les gros au combat comme mettre de la vitesse derrière. À 27 ans, il pensait franchir un cap en débarquant au Stade toulousain mais l’aventure tourna court. Un échec qui ne l’a pas empêché de poursuivre un joli parcours et qui a montré – ce n’est pas lui faire offense – qu’il n’est jamais aussi fort que lorsqu’il endosse le costume de leader d’une équipe modeste. Ce n’est pas à Carcassonne, 15e budget de Pro D2, que l’on dira le contraire. Buteur fiable et animateur inspiré, il est capable de coups d’éclat, comme un soir d’août 2021 où il inscrivit 25 points contre Rouen, avec un doublé et un 100 % au pied.
C’est ce qu’on appelle une éclosion contrariée. Alors qu’il commence à s’imposer, Victor Dreuille est victime, un soir de victoire à Sapiac, en décembre 2018, d’une fracture de la main. Âgé d’à peine 20 ans, il reprend le fil de sa progression, malgré la concurrence d’un Thibauld Suchier dans la forme de sa vie. Ce dernier prend d’ailleurs la direction de Perpignan l’été suivant. À l’aube d’une nouvelle saison, le plan de David Aucagne est alors d’associer Dreuille à la recrue Tristan Tedder. Le jeune biterrois se fait une joie de découvrir ce rôle de 5/8 mais est une fois de plus coupé dans son élan. Rupture des ligaments croisés et saison blanche. Il retrouve la compétition en septembre 2021 et depuis, cherche encore la place qui est la sienne dans l’effectif de l’ASBH.
Victor Dreuille est un pur produit local, comme l’est aussi Maxime Espeut, fer de lance de la ligne de trois-quarts de l’ASBH. Et cette saison, à bientôt 25 ans, il se pourrait qu’il devienne enfin incontournable. Souvent utilisé en sortie de banc – il n’a été titularisé qu’une fois en 11 matchs – il se révèle être un impact player redoutable. Auteur, sur la sirène, de la pénalité de la gagne à Agen le 8 décembre, il changeait le cours de la partie une semaine plus tard, contre Biarritz. Lancé à l’heure de jeu à la place de Romain Uruty, l’ouvreur n’a eu de cesse d’attaquer la ligne et de semer la panique dans la défense biarrote, réveillant une équipe de Béziers dont le succès tardait à se dessiner et reposait sur une conquête maîtrisée que Clément Bitz, meilleur preneur de balle en touche de Pro D2, pouvait illustrer.
Le meilleur droitier de Pro D2 ? Peut-être. Thomas Laclayat est encore plus explosif, l’Aurillacois Kartvelishvili sûrement plus robuste en mêlée, mais Luke Tagi mérite d’être cité dans la conversation. Ce pilier de fort tonnage (1,87 m et 130 kg) met tout le monde d’accord depuis son arrivée en Provence voici deux saisons. Il faut dire que le Fidjien est un joueur comme on en croise peu, il est doté d’une mobilité et de prédispositions techniques qu’un tel gabarit ne laisse pas deviner. Et puisque les passes sautées et les offloads ne sont pas dans la fiche de poste d’un première ligne de Pro D2, Tagi n’oublie pas d’être souverain en mêlée fermée et dans le jeu au sol.
Thread: The Curious Case of Luke Tagi

The 20st prop who has more offloads than anyone bar Zach Mercer this season. In fact, he has more offloads than passes…

1) pic.twitter.com/Tsu33Qt1Mm
À 25 ans, un âge encore jeune pour un pilier, Luke Tagi peut encore progresser sur sa tenue en mêlée mais les bases sont solides. Là où il impressionne, il faut le dire, pour le colosse qu’il est, c’est dans le jeu courant. Très fort au contest, il sait user de sa puissance en attaque autant qu’en défense. Capable d’asséner des charges dévastatrices comme des plaquages offensifs, le Fidjien n’évolue pas dans un registre brutal pour autant. À son arrivée au Stade français en 2019, il disait « aimer faire vivre le ballon ». Une assertion que l’on a pu vérifier. Même si son aventure parisienne n’a pas marqué les esprits, Tagi a su rebondir. Et il fait aujourd’hui partie des forces vives d’une écurie ambitieuse de Pro D2, aux côtés des Jonathan Ruru, Florent Massip et autres Louis Marrou.
« Rien de ce qui est humain ne m’est étranger. »Afficher tous les articles par Ervan Couderc
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