Comment fait-on quand on est agenais de naissance pour se retrouver un jour Président du Biarritz Olympique ?
Je suis né à Agen, issu d'une famille de purs agenais. J'ai été au Lycée St Caprais. J'ai commencé le rugby au SUA vers quinze ans. Avant, je jouais au basket à Grandfonds. Le rugby a changé ma vie car ça a été par la suite un passeport sur le monde. J'ai fait des études de droit à la faculté d'Agen. Ensuite, après un titre de Champion de France Espoirs en 2004 je suis parti à la Section Paloise durant un an. Le deal avec mon père était très clair à savoir que je devais continuer les études à côté. Du coup, toutes mes destinations ont été choisies en fonction des écoles. Après mon année dans le Béarn je voulais partir en Angleterre. Ça n'a pas pu se faire alors je suis allé au Stade Bordelais où j'ai fait des études de commerce. J'ai eu mon Master à Bordeaux. Durant cette école de commerce j'ai eu l'opportunité d'avoir des expériences à l'étranger. J'ai fait une année aux Harlequins de Londres en 2007. Ce fut une expérience formidable. Je suis arrivé je ne parlais pas un seul mot d'anglais et j'ai côtoyé des joueurs comme Chris Robshaw ou Danny Care. En deuxième année je suis parti aux Etats-Unis où j'ai joué dans une université dans l'Utah. Et enfin la dernière année je suis resté un an à l'Université de Wellington en étant logé chez Murray Mexted qu'on ne présente plus à Agen. Suite à ça je suis rentré en France avec la volonté de travailler dans le marketing sportif. J'ai eu des propositions mais rien de bien enthousiasmant. J'ai donc pris mon baluchon pour partir en Asie.
C'est comme ça que vous vous êtes retrouvés International hongkongais…
C'est ça. Je suis arrivé à Hong-Kong l'année où la Fédération Hongkongaise qui est la deuxième plus riche au monde a choisi de mettre le paquet sur la création d'un championnat professionnel. Je me suis retrouvé là, je pensais en avoir fini avec le rugby de haut niveau et je suis reparti pour un tour. Après trois années passées là-bas je me suis retrouvé sélectionnable. En parallèle j’entraînais l'école de rugby et j'ai rencontré Louis-Vincent Gave avec qui je suis devenu très ami. Il a été mon « business angel » en 2011. Cette rencontre m'a permis de lancer une agence de marketing sportif. Notamment autour du Hong-Kong Sevens. Ensuite la vie a fait que durant l'été 2016 je suis parti en vacances à Vieux-Boucau avec les copains. J'ai rencontré quelqu'un. C'est la raison pour laquelle je suis revenu ensuite en France.
Vient alors l'opportunité du Biarritz Olympique…
Oui, en 2018 le BO est relégué par la DNACG en Fédérale. Serge Blanco, Nicolas Brusque et d'autres locaux ont su qu'on était dans la région et nous ont demandé d'essayer de sauver le club. On s'est collés à cette tâche. Je dis « on » car si c'est bien moi sur le plan opérationnel qui est sur place c'est bien Louis-Vincent Gave qui soutient ça financièrement.
Quel est le meilleur souvenir que vous gardez à ce jour ? La montée en Top 14 ?
Forcément. Mais c'est la finalité. J'avais annoncé en 2018 qu'en trois ans on remonterait en Top 14. Le plus important pour moi a été de réaliser ce qu'on avait dit. Et pourtant, rien n'a été facile. Quand je suis arrivé, il y a eu beaucoup de défiance. On ne m'a pas considéré comme un Agenais mais pour le gars qui arrivait de Hong-Kong. Il a fallu pas mal de travail et ça s'est réalisé. La recette des trois ans a été une bonne formation associée à un bon choix de recrutement à l'international sur le marché des non-jiff. Mais pas sur le marché connu, car on n'y a pas accès. Tout ça s'est finalisé par cette victoire en finale d'accession contre Bayonne. Ça a été un très bon moment, avec beaucoup d'émotion car j'avais perdu mon papa deux mois auparavant. Tous les jours de ma vie il m'a parlé de cette fameuse finale Agen / Béziers en 1984 perdue aux tirs au but. Je n'étais pas né, mais c'est comme si je l'avais vécue. Et on gagne justement ce match contre Bayonne aux tirs au but.
L'année qui s'ensuivit fut difficile en Top 14…
Oui, mais c'est normal. Je savais très bien qu'on ne pourrait pas rivaliser. On avait certes une équipe de titulaires qui tenait la route, mais avec nos moyens financiers on manquait de profondeur. Le Top 14 est une machine qui vous broie. On a fait un bon démarrage, mais au moment où on a commencé à avoir des blessés, on a explosé en vol. Cependant, cette année en Top 14 ne devait pas servir à performer, mais plutôt à nous structurer. Un peu à l'image de ce qu'a fait La Rochelle durant des années. Ils ont longtemps fait l’ascenseur jusqu'au jour où ils ont décollé. Le plan était là, mais ça ne s'est pas passé comme on voulait puisqu'on a été lâché par notre mairie.
À ce titre, je voudrais mettre en avant la clairvoyance de Jean Dionis qui a construit un stade en comprenant que c'était un élément central pour espérer plus tard avoir des résultats. Il a fait ça pendant qu'Agen descendait de Top 14 et ne gagnait pas un match. Il n'a pas dit : "vous n'avez pas de résultats, je ne fais pas un stade". Il a doté au contraire Agen des capacités de performer sur le long terme. Ce qui ne s'est pas passé à Biarritz.
Quel bilan faites-vous de ce retour en Pro D2 d'un point de vue sportif ?
On fait avec nos moyens, mais je suis plutôt satisfait. On fait confiance à nos jeunes joueurs qui par ailleurs se révèlent car on a dû vendre pas mal de mecs à l'intersaison. On est dans les six premiers, j'espère qu'on y restera. Il y a maintenant un moment très important pour moi qui se profile, c'est le match de ce vendredi. C'est la première fois depuis que je suis rentré en France et que je suis dans le rugby que je vais venir à Armandie avec mon équipe. C'est beaucoup d'émotion, je suis très fier et heureux de venir jouer à Agen.
Le match aller perdu à Aguilera vous laisse des regrets ?
Je vous avoue que je ne m'y attendais pas. Ce n'est pas un manque d'humilité, mais je ne pensais pas perdre contre Agen ce jour-là. Je pense avoir réalisé qu'on allait s'incliner à trois minutes de la fin. Agen a fait ce jour-là le match parfait à l'extérieur. Ce qu'il ne faisait pas les années précédentes. C'est la patte Bernard Goutta.
Y aura-t-il du coup un sentiment de revanche ce vendredi ?
Aucun. C'est Agen ! Déjà, il n'y a pas de rivalité, puis s’il y avait un match à perdre à la maison tant mieux que ce soit face à eux. Vous savez, quand j'étais à Hong-Kong je me levais à quatre heures du matin pour regarder les matchs du SUA. Je me rappelle un fameux Perpignan / Agen en demi-finale de Pro D2 avec cet essai de cent mètres de Taylor Paris. Je regarde toujours les résultats d'Agen. Il n'y a donc pas de revanche, on va essayer de faire un bon match. Pour les joueurs, il n'y aura pas ce côté sentimental. Mais on s'apprête à affronter une très grosse équipe. Tout le monde nous voit comme le gros Biarritz Olympique, mais on n'a que le huitième budget de Pro D2. On sait que ça va être très compliqué.
Étant donné votre attachement à Agen et au SUA. Serait-il possible de vous voir un jour jouer un rôle dans ce club ?
Il ne faut jamais dire jamais. Mais à ce jour personne ne m'a appelé pour ça.
Et si on vous appelle ?
Vous m'auriez posé la question avant que mon père s'en aille, je vous aurais dit non. Maintenant, ça m'arrive de penser que peut-être un jour je reviendrai vivre à Agen. Si on m'appelle ce serait le choix du cœur. J'y réfléchirais. Vous savez, la bande de copains de mon papa c'était l'équipe dirigeante des années 2000. Et je crois qu'Agen a raté quelque chose à cette époque-là en écartant la famille Marty. C'était l'entrée dans le rugby professionnel. Je pense que le SUA peut avec des moyens largement prétendre à gagner le Top 14. Les gens vont me dire que je suis fou. Il n'y a pas de raison que Castres le fasse et pas Agen. Si quelqu'un a les moyens, Agen peut le faire. Il y a un bel outil, il y a un territoire qui aime le rugby et qui aime le SUA. Agen a un potentiel surtout depuis que la Ligue s'est prononcée pour un Salary Cap. S’il n'y avait pas ça, je vous dirai que c'est fini pour Agen. Mais là ce n'est pas le cas.
650 €
Centre ville agenais, au premier étage d'un immeuble de 5 appartements, agr[…]780 €
Centre ville agenais, au deuxième étage d'une résidence avec ascenceur, lum[…]291 €
Centre AGEN dans quartier calme proche toutes commodités , charmant studio […]J’ai déjà un compte
Je n’ai pas de compte
Vous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?
on leur donne déjà trop beaucoup trop