TEST MATCH – De retour sous le maillot bleu après deux mois sans jouer avec Toulouse, le demi d’ouverture des Bleus Romain Ntamack a quelque peu déçu lors de cette tournée de novembre. Peu décisif, il a surtout vu son principal concurrent pour le numéro 10, Matthieu Jalibert, multiplier les belles entrées en jeu. Et si cette tournée avait relancé le débat de l’ouvreur en équipe de France ?
Genou au sol, le nez en sang, Romain Ntamack sortait un peu groggy de la pelouse du Stadium ce dimanche, à la 58e minute. Face au Japon, le demi d’ouverture de l’équipe de France n’a pas brillé. Mis en difficulté sous la pluie toulousaine, celui qui a débuté les trois matchs de la tournée de novembre avec le numéro 10 sur le dos a laissé échapper de nombreux ballons de ses mains, et ne s’est pas montré à son aise sur les jeux au pied. Mis à part sa superbe inspiration sur le premier essai de Penaud, Ntamack a multiplié les mauvais choix. Sa note de 3/10 infligée dans Midi Olympique était même la plus mauvaise du match côté français.
Surtout, du banc de touche, le joueur du Stade toulousain a vu son remplaçant briller de mille feux. Matthieu Jalibert, tant critiqué (et à raison) lors du tout début de saison avec l’UBB, ne laisse plus passer une seule occasion de réaliser une grosse performance depuis plusieurs semaines. De retour à son niveau avant le début de la tournée, il s’avançait en tant que “supersub” en novembre, derrière Ntamack. Contre le Japon, sa rentrée a métamorphosé l’équipe de France, plongée dans un faux-rythme depuis le début de la seconde période.
Alors que le public exigeant du Stadium sifflait Maxime Lucu, lorsque le demi de mêlée préférait mettre un grand coup de pompe plutôt que de tenter une contre-attaque, il ne manquait pas de se lever et d’applaudir devant l’audace de Jalibert. Ambitieux ballon en main, le Bordelais a débloqué plusieurs situations par ses crochets dévastateurs, sa grosse vitesse et ses petits par-dessus bien sentis. Intenable, il a amené ce dont le public haut-garonnais raffole : du jeu à la toulousaine. “J’essaie en tant que finisseur d’apporter ma touche, mais en restant dans le cadre, sans surjouer, en apportant quelque-chose à l’équipe. Je crois que sur tous les trois matchs, c’est ce que je suis parvenu à faire, avec mon énergie et mon enthousiasme. Mais je n’ai aucune rage, aucune revanche, pas du tout”, expliquait-il a la fin du match. De la sobriété Ntamack à la folie Jalibert, le XV de France a changé de visage, et les supporters débattent.
Car oui, l’éternelle question autour du numéro 10 est peut-être bel et bien de retour ! “Ce n’est pas à moi de prendre la décision, il faut poser la question à Fabien”, esquivait le Bordelais après le match contre le Japon. Ntamack et Jalibert, deux joueurs qui divisent la France du rugby. Si l’année dernière, Fabien Galthié avait tenté de s’éviter ce problème en alignant les deux ensemble (Ntamack au centre), l’expérience non-concluante n’avait pas été renouvelée. Par la suite, Ntamack, auteur d’une grosse prestation face à la Nouvelle-Zélande et ouvreur du grand chelem, a gagné sa place de titulaire. Pour preuve, alors qu’il était blessé au début de la saison à la cheville et qu’il n’avait pas joué depuis septembre en club, il a bien débuté les rencontres face à l’Australie, l’Afrique du Sud et le Japon.
?️ Après la victoire sur le Japon, la treizième de rang pour le XV de France, Fabien Galthié a souligné l’entrée décisive de Matthieu Jalibert, dont il loue la complémentarité avec Romain Ntamack. #FRAJAP https://t.co/txP89VpY2K
Et donc lors de ces trois matchs, Ntamack a déçu et Jalibert donné grande satisfaction. Au point de renverser la hiérarchie ? Peut-être pas. Il faut aussi souligner que le style de jeu du Bordelais correspond plus aux fameux “finisseurs” tant chéris par le staff des Bleus. Contre des défenses fatiguées, son jeu électrique est très efficace et permet de faire des différences, comme sur l’essai de Penaud contre l’Australie. Aussi, le demi de mêlée titulaire de l’équipe de France est Antoine Dupont, et sa doublure est Maxime Lucu. Le premier est le coéquipier d’Ntamack en club, le second de Jalibert. Il semble donc logique que ces charnières évoluent ensemble sur le terrain, puisqu’elles auront plus de vécu commun.
Malgré cela, Jalibert comme Ntamack restent des compétiteur et la chasse au numéro 10 continuera sans doute de faire rage. Si la période de moins bien du Toulousain venait à durer, notamment lors du Tournoi des 6 Nations et que Jalibert réitère de telles performances, le staff pourrait alors (encore) hésiter. Mais avant cela, il reste du temps…