Le football américain ou l’art du show à l’américaine… Le moment est venu d’aller fouler la pelouse (ou plutôt les gradins) d’un stade et de découvrir ce sport “so American” et un brin compliqué. Et je vous le promets, hot dogs et cheerleaders seront de la partie !
Et si l’on commençait cette nouvelle année avec un peu de sport ? Les bonnes résolutions n’ont qu’à bien se tenir – même si, aujourd’hui, nous resterons dans les gradins (désolé de vous décevoir). Préparez-vous tout de même à avoir quelques palpitations cardiaques car je vous emmène à la découverte d’un vrai show à l’américaine : un match de football américain live.
Jusqu’à présent, le football américain se résumait pour moi à des dimanches après-midi passés dans un dive bar, à regarder nonchalamment l’écran d’un téléviseur bien trop vieux, entre deux bières aussi light qu’un verre d’eau pétillante. Et je dois dire que l’expérience live est quelque peu différente. Alors, aujourd’hui, je vous donne rendez-vous au Superdome, le stade un brin futuriste de La Nouvelle-Orléans, aux faux airs de soucoupe volante égarée – pouvant tout de même contenir 80 000 spectateurs. Et j’espère que vous aurez revêtu votre plus beau maillot des Saints de La Nouvelle-Orléans pour l’occasion (somptueuses couleurs noires et dorées à la clé, le tout estampillé d’une fleur de lys, symbole de la ville). Coup de sifflet : c’est parti !
Avant de vous envoyer affronter une dangereuse mêlée au milieu de joueurs à la carrure de rugbymen (renforcée par le mystérieux port d’épaulettes surdimensionnées), peut-être faudrait-il que je vous donne quelques précisions quant aux règles (un brin compliquées) de ce sport so American.
Le principe de base est plutôt simple : deux équipes de onze joueurs s’affrontent et cherchent à marquer un essai (le fameux touchdown). On en revient une fois de plus au rugby. Et pour cause, le principe de base est plutôt similaire. Vous marquez un essai ? Six points. Et si vous le transformez (de la même manière qu’au rugby), vous obtiendrez un point supplémentaire.
Ok, plutôt simple me direz-vous. Et pourtant, ce sport est bien plus technique qu’il n’y paraît. Le terrain fait 100 yards de long (soit environ 100 mètres – et si vous souhaitez en savoir plus sur les unités de mesure américaines, c’est ici que ça se passe) et l’équipe qui attaque doit remonter l’ensemble du terrain (contrée en cela par l’équipe adverse), disposant de quatre essais pour franchir 10 yards.
Ça avance donc plutôt lentement – d’autant que le match s’interrompt à chaque fois que la balle touche le sol (et on a même droit à une coupure de pub si elle sort du terrain). Un match censé durer quatre quart-temps de quinze minutes chacun (soit une heure pour ceux d’entre vous qui sont experts en calcul mental) finit donc bien souvent par durer trois heures.
Bon, nous ne sommes probablement pas prêts à rester sur le terrain pendant trois heures. Retour dans les gradins ?
Après avoir remonté quatre ou cinq escalators et autant d’escaliers (je vous rappelle que le stade peut contenir jusqu’à 80 000 personnes), nous avons finalement trouvé nos places. Le match ne commence que dans trente minutes et nous sommes donc en pleine phase de pregame. Au programme du jour : les Saints de La Nouvelle-Orléans contre les Panthers de la Caroline (du Nord).
Un point s’impose : la National Football League (NFL) compte 32 équipes réparties en deux conférences : 16 équipes sont membres de la National Football Conference (NFC), les autres faisant partie de l’American Football Conference (AFC). Ces deux conférences s’affrontent (en interne) de septembre à janvier et le vainqueur de la NFC finit par affronter le vainqueur de l’AFC dans le cadre du mythique Superbowl, qui se tient chaque année en février.
Maintenant que nous y voyons un peu plus clair, c’est parti pour un pregame en bonne et due forme ? Je vous donne rendez-vous devant l’un des nombreux stands de restauration rapide présents dans le stade – et pour l’occasion nous commanderons un hot dog (passage obligé) accompagné d’une bière. Montant de la facture : 20 dollars. Alors autant prendre le temps de déguster.
Nous voici revenus à nos sièges et c’est parti pour un show de cheerleaders digne d’une finale de Jeux olympiques. Les cheerleaders achèvent leur performance en une pyramide humaine géante et les lumières s’éteignent pour laisser place à un show son et lumière renforçant l’idée que ce stade est une soucoupe volante géante. Les joueurs font leur entrée sur le terrain, une présentation vidéo défilant au passage sur les nombreux écrans géants du stade (regards de la mort et bras croisés à l’appui). Trois, deux, un : c’est parti.
En fait, ce n’est pas vraiment parti. Il reste encore une séquence essentielle avant de voir les joueurs s’affronter : écouter religieusement le Star-Spangled Banner, l’hymne national américain. Et pour ça, une jeune chanteuse aux faux airs de Britney Spears fait son entrée sur le terrain, vêtue d’un survêtement blanc immaculé. On se lève pour l’occasion et l’on observe les écrans géants diffuser une animation digne des années 1990 : un aigle prenant fièrement son envol sur fond de drapeau américain s’agitant au vent.
Coup de sifflet – le match commence enfin. Les joueurs se lancent… et s’arrêtent. Souvenez-vous, le jeu s’arrête à chaque fois que le ballon touche le sol – et une action dure en moyenne seulement quatre secondes. L’occasion parfaite pour diffuser une petite pub ni vu ni connu (on reste aux États-Unis). Et je dois avouer que ces interruptions constantes rendent le tout très difficile à suivre – et c’est long, très long…
Heureusement, vous pouvez toujours vous consoler avec un second hot dog ou avec les incroyables chorégraphies des cheerleaders, qui font des apparitions fréquentes pour encourager les joueurs. Et la mi-temps vous réservera une tout autre surprise, avec un miniconcert organisé pour l’occasion (et le retour du show son et lumière). Et aujourd’hui, nous aurons droit à un concert de rap semblant (de nouveau) tout droit sorti des années 1990.
Restons tout de même attentifs. Un joueur vient de marquer un essai et le moment est venu de crier “Touchdown ! ” et de sautiller sur son siège tout en observant la chorégraphie millimétrée des cheerleaders. C’est peut-être aussi le moment d’aller chercher votre troisième hot dog ? Vous l’aurez compris, les Américains maîtrisent l’art du spectacle comme personne – alors, autant en profiter pour faire un peu la fête.
Rudy Bazenet
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