Fier d’être un sport à part, le rugby a le chic pour désarçonner son public comme le ballon ovale surprend par ses rebonds capricieux. La dernière trouvaille en date : une Coupe d’Europe… jouée avec des équipes d’Afrique du Sud. Les deux compétitions européennes, la Champions Cup (équivalent de la Ligue des champions en foot) et la Challenge Cup (plus ou moins la Ligue Europa), commencent en effet ce week-end avec cette grande nouveauté : l’arrivée de cinq franchises sud-africaines.
Voici ce qu’il faut savoir sur ces coupes new-look, qui se termineront par les finales à Dublin les 19 et 20 mai 2023, pour désigner les successeurs de La Rochelle (Champions Cup) et Lyon (Challenge Cup).
24 équipes, réparties en deux poules de 12, sont engagées en Champions Cup. Elles viennent des trois principaux championnats, qui ont qualifié 8 équipes chacun : le Top 14 français, la Premiership anglaise et l’United Rugby Championship (URC, regroupant les clubs irlandais, gallois, écossais, italiens et sud-africains). Chaque club n’affrontera que deux équipes, forcément issues d’un autre championnat, en match aller-retour, sur quatre journées (deux en décembre, deux en janvier). Le Racing 92, par exemple, jouera le club irlandais du Leinster et les Anglais des Harlequins. À l’issue de ces quatre matchs, les 8 premiers de chaque poule sont qualifiés pour les 8e de finale (31 mars-2 avril). Le premier de la poule A recevra le 8e de la poule B, le 2e accueillera le 7e, et ainsi de suite. Viendront ensuite les quarts de finale (7-9 avril), les demi-finales (28-30 avril) et donc la finale à Dublin.
Pour la Challenge Cup, le programme est quasi-identique. Il y aura une poule de 10 et une de 8 (les clubs anglais de Worcester et des Wasps, en dépôt de bilan, sont forfaits). Quatre matchs de poules sont aussi prévus. Le Stade Français jouera par exemple les Italiens de Trévise et les Sud-Africains des Lions de Johannesburg. Les six premiers de chaque poule sont qualifiés pour les 8e de finale, que rejoindront aussi les équipes classées 9e et 10e de leur poule de Champions Cup. La phase finale se disputera aux mêmes dates que la Champions Cup
Quatre franchises sud-africaines jouent déjà le championnat URC avec quatre équipes irlandaises, quatre galloises, deux écossaises et deux italiennes. Les championnats locaux de ces pays manquant d’attractivité et de ressources économiques, la création d’une ligue commune a commencé il y a 20 ans, avec la Celtic League, élargie en 2017 à deux premières équipes sud-africaines invitées, puis à quatre. La finale 2022 de l’ancien championnat celte a d’ailleurs opposé deux clubs sud-africains…
L’intégration de ces équipes à la Coupe d’Europe en a découlé. L’EPCR, organisme qui gère les compétitions continentales, a donc validé cette entrée l’an dernier, avec le soutien de l’URC et des Anglais, attirés par la perspective de droits télé supplémentaires. Les Français étaient, eux, plus partagés. Mais ils ont dû se résoudre à l’entrée de ces cinq franchises (Stormers, Bulls, Sharks, Lions, plus les Cheetahs invités en Challenge Cup). L’objectif de l’EPCR est clair : « Augmenter de 10 à 15 % nos audiences télé cette saison ». Reste à savoir comment on nommera le vainqueur s’il n’est plus exactement champion d’Europe…
« Pour les puristes, c’est un peu difficile à appréhender, estime le demi de mêlée toulousain Antoine Dupont. Toute notre génération a connu la mythique Coupe d’Europe. C’est une nouvelle compétition maintenant. Ce n’est plus la Coupe d’Europe. Il faut l’aborder comme ça et essayer de voir le positif en se disant qu’on jouera de nouvelles équipes. Mais on a un peu de mal à comprendre. »
Côté français, Lyon va ouvrir le bal de ces drôles de déplacements qui n’ont plus rien d’européens ce samedi à 18h30 par un match à Pretoria chez les Bulls pour la poule A de la Champions Cup. Le LOU s’est envolé dès lundi avec un groupe de 28 joueurs et 14 membres du staff. « C’est loin et c’est cher, reconnaît le président lyonnais Yann Roubert. Mais c’est excitant médiatiquement et sportivement. On espère que l’intérêt sportif permettra de compenser les contraintes logistiques. » Financièrement, l’EPCR paye aux clubs le surcoût d’un déplacement en Afrique du Sud par rapport à un déplacement normal en Europe.
« On a conscience de l’impact écologique des transports que cela va impliquer mais on travaille étroitement avec les clubs et les franchises pour que ce soit fait le plus intelligemment possible », a assuré Dominic McKay, le patron de l’EPCR, donnant l’exemple des Cheetahs, qui seront basés en Italie pour leurs matchs de Challenge Cup. « On n’affrète pas de vol, l’avion aurait décollé sans nous », tente de relativiser Thomas Lombard, le directeur général du Stade Français, pas franchement enchanté malgré tout d’aller à Johannesburg la semaine prochaine. « Soit on accepte la décision de l’EPCR, soit on s’isole », résume Yann Roubert. Au LOU comme au Stade Français, on a donc prévu de mettre à profit ces longs déplacements pour mener des actions sociales, avec des distributions d’équipements sportifs dans des townships, via des associations locales. Une manière de se racheter un peu de ces voyages anachroniques à l’heure de la sobriété.
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