Comme toujours ou presque cette saison, l’ailier et arrière Alexandre De Nardi, 23 ans, et le demi de mêlée Léo Coly, 22 ans, seront titulaires lors de la finale de Pro D2, dimanche à Montpellier (17h45). Sébastien Piqueronies, leur ancien entraîneur en équipe de France moins de 20 ans, revient sur leur éclosion et leur progression. Selon l’actuel coach de la Section paloise, leur percée au plus haut niveau ne doit rien au hasard.
Alexandre De Nardi était identifié depuis l’adolescence comme un jeune espoir. À l’inverse, Léo Coly n’est apparu en pros qu’à 19 ans. Comment ont-ils été repérés par la Fédération ?
C’est vrai qu’ils n’ont pas du tout le même parcours…
Alexandre De Nardi était identifié depuis l’adolescence comme un jeune espoir. À l’inverse, Léo Coly n’est apparu en pros qu’à 19 ans. Comment ont-ils été repérés par la Fédération ?
C’est vrai qu’ils n’ont pas du tout le même parcours. La détection de Léo est le fruit de notre suivi de la Fédération avec les clubs. Les cadres de la FFR se déplacent deux à trois fois par an dans les différents centres de formation. Autant pour suivre le parcours de joueurs identifiés, comme ça a été le cas avec De Nardi, que pour demander directement aux clubs : « Avez-vous des joueurs qui seraient passés sous nos radars ? » C’est exactement ce qui s’est passé pour Léo, qui venait à peine de débarquer au Stade Montois en provenance de Biscarrosse, en amateur. On l’a ensuite placé avec les U20 « développement », avec lesquels il a notamment participé à un stage en Géorgie, avant de l’intégrer au groupe de préparation à la Coupe du monde. C’était une intégration sur mesure.
Avant les U20, vous avez entraîné les U17 puis les U19, où De Nardi était régulièrement appelé. Vous avez donc observé sa progression depuis très jeune…
Oui et on le suivait avant ça : Alex était au Pôle Espoirs de Bordeaux et a intégré assez jeune le centre de formation montois. Son parcours était suivi, fléché. Je constate une progression assez logique et constante. Alex a toujours baigné dans les sélections jeunes car il le méritait, son talent était constant. À chaque fois que le niveau s’élevait, il était au rendez-vous, capable de se conformer aux nouvelles exigences. Au point de devenir un élément indispensable d’un effectif de Pro D2. Et peut-être bientôt en Top 14…
Vous les avez eus tous deux à disposition au Mondial U20, en 2019, que vous remportez. De Nardi est titulaire lors de deux matchs de groupe (pays de Galles et Argentine), avant de ne plus apparaître, contrairement à Coly qui semble monter en puissance pendant la compétition. Que retenir de leur tournoi ?
Ils n’étaient pas au même poste et n’avaient pas la même concurrence. Alex était en reprise après un épisode traumatique à l’épaule et subissait la concurrence de Donovan Taofifenua, Matthis Lebel et Vincent Pinto, donc très élevée. En l’absence de Baptiste Germain, Léo avait toute l’opportunité d’éclore : nous n’avions que deux demis de mêlée. Ce qui est certain, c’est qu’ils ont fait partie des 28 champions du monde. Vous savez comme moi que quand on joue une compétition internationale avec des matchs tous les cinq jours, on économise et optimiste les forces. En bout de course, en demie et finale, on a mis des joueurs qui nous paraissaient les plus frais après une saison à rallonge.
Vous continuez à suivre leur progression ?
Évidemment, et je la trouve grandiose ! Ils sont restés dans leur environnement formateur, avec beaucoup de confiance venant de leur encadrement et d’eux-mêmes. Ce sont des schémas qui marchent. Ça prouve que quand on met des garçons dans un environnement de cohérence et de continuité, on arrive à optimiser leurs compétences et les faire accéder bientôt au Top 14. C’est révélateur des ressources de notre rugby français.
Qu’ont-ils amélioré dans leur jeu ?
Coly a toujours interpellé par ses qualités techniques individuelles. J’avais également admiré son abnégation au travail. C’est un garçon qui s’adonnait à un travail technique conséquent, commençait plus tôt le matin, finissait plus tard le soir… Sa technique individuelle l’obsédait. Aujourd’hui c’est un buteur fiable, régulier et performant. Pour moi c’est le plus gros axe de confirmation cette saison. Il est par ailleurs encore plus vif qu’avant, capable d’imprimer de la hauteur au jeu. Il est à la fois capable d’être un accélérateur phénoménal du jeu tout en étant lucide stratégiquement. De Nardi a, lui, toujours été un talent offensif, dans la prise de décision, le timing… Je dirais simplement qu’il a réussi à faire perdurer son gros point fort malgré l’évolution du niveau. Derrière, il a beaucoup travaillé la défense sur l’homme. Je le trouve plus sûr, que ce soit dans les lectures de jeu ou les aptitudes techniques. Il a beaucoup progressé en deux ans.
Comment sont-ils dans la vie ?
Je ne les ai plus sous mon aile depuis longtemps, mais Alex est quelqu’un de très facile, humble, très curieux, intelligent. Émotionnellement très à l’aise avec les autres. Mais il a eu un parcours assez porteur, a été repéré jeune, etc. Ça a nourri une confiance en lui qu’il n’a eu qu’à alimenter. Le parcours de Léo est plus atypique. Ça lui a demandé des ressources différentes, de sauter des étapes… Ce sont deux parcours et maturations différents. Mais c’est bien qu’on ait des parcours différents. C’est une belle illustration de la richesse de notre rugby français. Ils arrivent presque au même endroit avec des parcours qui n’ont rien à voir.
Léo Coly a d’ores et déjà signé en Top 14 avec Montpellier. Alex De Nardi va, lui, poursuivre l’aventure avec le Stade Montois. Qu’en pensez-vous ?
Sur le moyen terme, c’est très positif car, plus il emmagasinera de temps de jeu et garnira son nombre de feuilles de match, plus il sera à maturité et en pleine confiance. Je n’ai aucun doute sur les longueurs de carrière en Pro D2. C’est ce qui permet à un joueur de se bâtir un solide socle de confiance, indispensable pour un passage en Top 14. Il n’est absolument pas pressé.

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